Comment faire pousser des tomates dans une terre pauvre, argileuse et caillouteuse

72 comments on Comment faire pousser des tomates dans une terre pauvre, argileuse et caillouteuse

Il y a quelques années, j’avais absolument besoin de trouver un nouvel endroit ensoleillé pour faire pousser d’autres plants de tomates. La seule bordure qui restait libre, c’était une plate-bande dont la terre n’a jamais été travaillée : impossible d’y enfoncer une fourche-bêche tant le sol y est caillouteux. En plus, la terre est argileuse, très sèche et durcit vite en été.

Cette plate-bande n’a jamais été cultivée avec des légumes
Cette plate-bande n’a jamais été cultivée avec des légumes


Comme vous le voyez, on est bien loin de la terre idéale dont peut rêver tout jardinier ! Une terre meuble dans laquelle les outils s’enfonceraient facilement ! Une terre noire qui serait riche en humus fertile ! Une terre profonde et toujours un peu humide en été dans laquelle les racines des plants de tomates se développeraient à merveille !

Non, ma plate-bande était vraiment le contraire de tout cela !!!

Mais comme j’avais entendu parler de quelques pionniers (Pierre Rabhi, Jean Pain, Pascal Poot entre autres) qui ont réussi avec succès à faire pousser des légumes sur des terrains arides, j’ai décidé de me lancer…

D’abord arracher les herbes indésirables
D’abord arracher les herbes indésirables


Première étape : arracher la végétation en place. C’est plus facile à faire après une bonne pluie : la terre sera moins dure et les racines viendront plus facilement. Surtout ne rien jeter : ces herbes vont encore nous être très utiles : elles serviront à pailler les pieds de tomates pour protéger le sol du dessèchement.

Le meilleur outil en terrain caillouteux : la pioche !
Le meilleur outil en terrain caillouteux : la pioche !


Je vous disais que la fourche-bêche ne pouvait pas pénétrer cette terre compacte et caillouteuse, alors j’ai dû passer au niveau supérieur : la pioche. C’est fou comme tout devient plus facile avec cet outil ! Après avoir calculé un espacement généreux de 80 cm entre chaque pied de tomate, j’ai creusé en tout 8 trous de plantation.

Le trou ne fait même pas la hauteur de la bêche
La profondeur du trou ne fait même pas la hauteur de la bêche !


La terre devenant de plus en plus dure au fur et à mesure que la pioche s’enfonçait, je n’ai pas pu aller au-delà de 20-25 cm de profondeur. La bêche m’a servi pour évacuer la terre ameublie par la pioche. J’ai déposé cette terre à côté de chaque trou, en triant les plus gros cailloux au passage (certains faisaient la grosseur de mon poing).

Le moment délicat du démoulage des bouteilles
Le moment délicat du démoulage des bouteilles


Depuis des années, je sème mes tomates dans des bouteilles, ce qui a pour avantage de les fortifier car elles peuvent développer beaucoup plus de racines. Cliquez ici pour regarder une vidéo dans laquelle je montre la méthode du semis en bouteilles.

Pour démouler facilement les bouteilles, il suffit de les plonger pendant un quart d’heure dans un seau rempli d’eau.

On coupe les feuilles qui se retrouveraient sous le niveau du sol
On coupe les feuilles qui se retrouveraient sous le niveau du sol


Nous sommes ici dans un cas extrême où la profondeur de terre meuble est faible. C’est là que la plantation inclinée prend toute son importance.

Le but, c’est d’avoir des plants de tomates robustes pour pouvoir résister aux maladies. Pour cela, il faut favoriser le développement des racines. Et comme les tiges de tomates ont la propriété intéressante d’émettre de nouvelles racines à partir de toute portion de tige qui se trouverait enterrée sous le niveau de la terre, nous allons mettre cela à profit et incliner fortement le plant qui se retrouve presque couché à plat.

Pas d’inquiétude, les tiges vont se redresser après quelques jours car elles sont attirées par le soleil.

Rebouchage avec un mélange de compost + terre
Rebouchage avec un mélange de compost + terre


La terre de cette plate-bande se compose pour partie de remblai, c’est-à-dire qu’elle est très pauvre. Je lui ai donc rajouté une bonne pelleté de compost pour chaque trou. Le compost étant plus efficace dans les couches supérieures qu’au fond du trou, j’ai d’abord rebouché celui-ci à moitié avec la terre mise de côté, puis j’ai complété avec un mélange de compost et de terre.

Arrosage immédiat au purin d’orties
Arrosage immédiat pour chasser les bulles d’air


Pour que la motte se mette bien en contact avec la terre, pour accélérer l’incorporation du compost à la terre et pour fortifier le feuillage des plants de tomates, j’ai fait sans attendre un arrosage copieux de plusieurs litres.

Installation du tuteur et paillage
Installation du tuteur et paillage


Le maillet m’a été nécessaire pour enfoncer le tuteur en fer à béton (dans ce genre de terrain, les tuteurs en spirale sont ne valent rien car ils ne sont pas assez rigides).

Le paillage, dont je vous ai expliqué les vertus dans cet article, est mis tout de suite en place grâce aux herbes arrachées sur la parcelle durant la première étape. Je rajouterai des tontes de pelouses séchées, pour arriver à une épaisseur d’une quinzaine de centimètres.


Nous sommes quelques mois plus tard et je peux vous montrer les tomates que j’ai obtenues. Chacun des huit plants a poussé vigoureusement sur plusieurs tiges et a produit de nombreuses tomates de belle taille, sans maladies particulières.

Des tomates savoureuses en perspective
Des tomates savoureuses en perspective


Si vous me suivez depuis quelques années sur ce blog, vous savez que ma variété préférée, c’est la ‘Valencia’. Je n’ai pas été déçu par la production des deux plants de Valencia qui ont poussé sur cette plate-bande.

Un régal : la variété orange ‘Valencia’
Un régal : la variété orange ‘Valencia’


Les dernières à produire dans la saison ont été les tomates cerise (conduites ici sans tuteur mais dans une « cage »).

Des tomates cerises jusqu’en octobre
Des tomates cerises jusqu’en octobre


Les années qui ont suivi, j’ai profité du travail fait la première année pour replanter des tomates dans les mêmes trous. La terre était forcément beaucoup plus facile à travailler. J’ai juste eu besoin de rajouter du compost et voilà, mes plants sont en place pour la saison !

Par la suite, j’ai eu envie de cultiver d’autres légumes à cet endroit et j’ai transformé cette platebande en une vraie planche de culture.

Pour cela, j’ai dû décompacter toute la surface à la pioche, puis passer la terre dans un tamis pour enlever tous les cailloux – et ils étaient nombreux.

Maintenant au fil des apports de matière organique et du paillage permanent, la terre de cette parcelle est devenue souple et grumeleuse. Au point que je peux me servir de mes mains pour creuser le trou de plantation des tomates.

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  • un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
  • ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
lm Général

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Réponses

Les commentaires :
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  1. Lucienne

    Merci de vos conseils j’ai enfin réussi la plantation de poireaux. Cette année je n’ai pas eu de tomates 🍅il faisait beaucoup trop chaud. Ici il a plu et mes choux sont superbes.

  2. Anne

    Question aux chevronnés:
    Quels gourmands faut-il garder sur un plant de tomates?
    Ceux qui sortent de terre ou ceux qui poussent à l’aisselle des grosses tiges?
    Lesquels porteront plus de fleurs, puis de fruits?

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Anne,
      Je pense que cela n’a pas d’importance. Tous les gourmands sortent d’un oeil se trouvant sur la tige. Que cet oeil soit au-dessus ou un peu en-dessous de la surface de la terre ne change rien.

      Avatar de nicolas
  3. Daniel

    Bonjour mes tomates sont en fleurs mais aucun fruit se forme pourquoi ?

    1. Mana 56

      Bonjour Daniel, une des causes peut être un manque de vent, tomates dans un abri, une serre. Si c’est le cas, il vous faudra secouer le tuteur ou le pied de tomate matin et soir pour provoquer la pollinisation.

  4. Alain

    Bonjour Nicolas et d’abord merci pour pour toutes vos explications dans ce dossier. Je me suis amusé à mettre un plant de tomate ( acheté sur un marché ) dans une bouteille où j’avais au préalable installé du compost et de la terre végétale. Les racines se sont considérablement développés avant que je procède à la mise en terre. Qu’en pensez vous ?? Je crains trop la mise en oeuvre des semis de tomates même en ayant lu votre livre.!!!!

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Alain,
      J’en pense que c’est une bonne chose si les plants que l’on a acheté doivent attendre une ou 2 semaines avant d’être plantés, cela permet de les fortifier.
      Par contre si la météo permet de les planter peu après l’achat, cela n’a aucun intérêt, il vaut mieux que les racines fassent le même chemin dans la terre du potager.
      Si vous appréhendez le semis, pourquoi pas vous faire la main avec un simple sachet de graines à 1€50 dans un supermarché ?
      Si jamais ça devait rater (mais je ne vois pas pourquoi, la nature est vaillante vous savez), vous n’auriez qu’une perte minime ainsi qu’un peu de votre temps.

      Avatar de nicolas
  5. Janine

    bonjour,
    Merci pour ces infos qui donnent de l’espoir aux personnes, comme moi, qui possède une terre argileuse.
    Mais vous ne parlez pas des orties coupées au fond du trou de plantation des tomates ni du 1er arrosage avec le purin d’ortie.
    N’est ce plus d’actualité ?

    1. Mana 56

      Bonjour Janine, certains jardiniers se sont plaints que les feuilles d’orties avaient fait pourrir les racines des tomates et je pense personnellement que cela n’apporte rien. Le purin d’orties est bien meilleur !

    2. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Janine,
      Pour compléter la réponse de Mana56, les dernières recherches des experts (en l’occurence Éric Petiot) ont montré que c’est en pluvérisation que le purin d’ortie serait le plus efficace. Et cela dès que les plants font quelques cm !
      Pour ma part, certaines années j’ai la patience d’en préparer, certaines non. Et dans ma région et avec ma terre, je n’ai pas vraiment observé de différence. En 2022, ce sera sans.

      Avatar de nicolas
  6. Daniel

    J’ai un stock de branches broyées (marronnier et tilleul), puis-je l’utiliser en paillage sur mes tomates?

    1. Mana 56

      Bonjour Daniel, pour moi je n’hésiterai pas à utiliser ce genre de paillage, qui est riche en carbone et demande juste à être rééquilibré en azote pour avoir un bon rapport C/N….Ajoutez des tontes de gazon, des feuilles de consoude, des fougères, du VERT en somme !

  7. Cornelia

    Très intéressant! Merci pour ces infos!

  8. sandrine

    Bonjour, cette année je suis comme la météo en avance pour mes tomates. Certains plants portent déjà de petits fruits mais bizarrement certains disparaissent pendant la nuit… comme si ils avaient été cueillis.. la corolle des petites feuilles est toujours présente mais la tomate a disparu. Auriez-vous une explication à ceci ? Pas de fruits retrouvés au sol, pas de lésion sur la tige. Pas de signe de maladie. Les plants sont paillés et l’arrosage se fait par la technique des oyas. Merci

    1. christiane

      Pour moi ce sont des oiseaux, surtout les merles, je suis obligée de mettre des filets

  9. Brigitte

    Jamais deux questions sans trois …
    “Un paillage vaut 10 arrosages” … J’ai beaucoup de mal avec la fréquence de l’arrosage.
    Bien paillées sur sol humide, pouvez-vous m’indiquer le temps approximatif qu’il faut à un pied pour avoir à nouveau besoin d’eau ?
    La terre restant fraîche, c’est difficile de savoir.
    A nouveau merci.

    1. nicolas (Toulouse)

      Cela dépend de tellement de paramètres qu’il n’y a pas de réponse toute faite ! 😉
      Le mieux est le test du doigt dans la terre.
      Il existe aussi ce genre de gadget (mais qui marche bien, j’en ai un) : https://amzn.to/3wua6hS

      Avatar de nicolas
      1. Brigitte

        Tout de suite commandé !! Je me sens beaucoup plus rassurée.
        Je ne serai pas la seule sûrement.
        Un grand merci !

    2. Mana 56

      ….Je valide ! j’ai aussi un testeur acheté sur: https://fr.jardins-animes.com/testeur-humidite-pour-plante-p-497.html. Il faut l’essuyer après chaque test et surtout ne pas le laisser piquer dans la terre comme certains de mes voisins qui s’étonnent qu’il ne marche plus !

      1. Brigitte

        Mrrci pour cette précision Mana. Que je retrouve avec plaisir…. ! 😊

  10. Brigitte

    Bonjour du dimanche, et merci Nicolas, c’est toujours un régal de tirer partie de vos propres expériences… et encourageant.
    Mes bouteilles sont prêtes, les pieds magnifiques, prêts à être mis en place demain, mais voilà qu’après ne plus avoir eu de pluie depuis trop longtemps, le ciel va nous tomber sur la tête jusqu’au 24 …..
    Me conseillez-vous d’attendre la fin de toutes ces pluies ?
    Par ailleurs, faute de compost, j’utilise l’Or Brun. Hors plantation, faut-il en remettre au cours de l’été ?
    Merci Nicolas.

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Brigitte,
      Vous dites qu’il y aura de la pluie jusqu’au 24, mais peut-être que ça va recommencer la semaine d’après, qui sait !!!
      Il faut bien se lancer… et si vous êtes dans une région vraiment très pluvieuse en été, vous gagnerez beaucoup à bricoler des abris anti-pluie pour vos tomates.

      Avatar de nicolas
    2. nicolas (Toulouse)

      J’avais oublié votre 2ème question : oui les pieds de tomates apprécient d’avoir un petit complément de fertillisation (Or brun ou autre) épandu à la surface, dans le courant du mois de juillet, quand les premiers fruits sont formés.

      Avatar de nicolas
      1. Brigitte

        Merci pour tout Nicolas !

  11. Jean Pierre

    Bonjour Nicolas. J’ai appliqué votre sauf pour la valancia … que je programme pour l’année prochaine. Un grand merci pour l’article

  12. Christine

    Bonjour, merci pour cette expérience partagée. Je vous souhaite une belle saison de jardinage.

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