L’histoire de mon potager (qui est un peu la mienne)

Cela fait plus de vingt ans que j’ai un potager, mais je suis parti de loin…

Un lieu qui est loin d’être idéal

Voilà le genre de cailloux que l'on trouve partout dans ma terre
Voilà le genre de cailloux que l’on trouve partout dans ma terre
  • Un sol pauvre et ne retenant pas l’eau car situé sur une ancienne terre à vignes pleine de cailloux, je ne peux pas y enfoncer une fourche sans buter sur un galet ! J’en ai tamisé une partie avec beaucoup de peine, mais cela valait le coup.
  • Une terre argilo-limoneuse très lourde qui se tasse rapidement quand il pleut et qui devient dure comme du béton en été (difficile d’y faire pousser des carottes !).
    Mais j’ai réussi à améliorer ma terre grâce aux engrais verts, composts et paillis et je suis passé d’un sol pauvre et compact à un sol aéré et riche en humus.
  • Un climat toulousain difficile où le printemps reste interminablement froid et humide et où l’été arrive d’un coup, sans aucunes pluies et avec un vent chaud qui dessèche les cultures (en revanche nous avons toujours de beaux automnes).
    Le climat étant la seule chose que l’on ne peut pas changer au potager, j’ai remédié à cela en mettant en place un paillis permanent, un arrosage goutte-à-goutte et un filet d’ombrage. Et j’ai construit un petit carré potager à réserve d’eau (pour récolter des salades même en période de canicule).
  • Une surface cultivée d’environ 50 m² et qui est à l’ombre de la maison une partie de la journée. C’est en ayant ce genre d’inconvénients que je me suis mis à chercher des solutions et j’ai trouvé des techniques pour faire pousser certains légumes verticalement (comme les concombres ou les potirons) et gagner de la place au soleil.
    Après avoir tâtonné de nombreuses années, j’ai finalement réussi à m’organiser pour bien gérer les enchaînements entre les légumes qui tolèrent la mi-ombre (pommes-de-terre, betteraves, salades…) et ceux qui ont besoin du plein soleil.
À midi, on voit qu’un bon quart du potager est encore à l’ombre (la photo a été prise en août). Et pendant la matinée, la maison masque les rayons du soleil sur l’ensemble du potager. C’est seulement l’après-midi qu’il reçoit le plein soleil.

Bref un potager qui n’était pas idéal au départ et qui m’a donc posé un certain nombre de challenges. C’est en cherchant à les relever les uns après les autres que j’ai été amené à essayer toutes sortes de solutions.

J’ai pu améliorer beaucoup de choses au fil des ans, et j’ai dû m’adapter pour ce qui ne pouvait pas être changé. En tous cas, je ne regrette pas d’en être passé par là car tous ces problèmes à régler ont été extrêmement formateurs.

Les limites du jardinage biologique

Le paillage avec du foin permet d'améliorer la structure du sol
Le choix du foin comme paillis apporte de la fertilité en se décomposant et améliore la structure du sol

Dès le début, j’ai jardiné bio grâce à l’exemple de ma mère qui s’est intéressée au mouvement biologique dès les années 80.

Sauf qu’en bio, certains produits chimiques (d’origine non synthétique) sont tout de même autorisés : la bouillie bordelaise contre les maladies fongiques, le pyrèthre comme insecticide à large spectre, et bien d’autres encore qui ne sont pas connus du grand public.

Malheureusement ces produits ont une action beaucoup plus violente qu’on ne le pense : ils détruisent nombre d’insectes utiles et de micro-organismes qui vivent dans le sol et qui permettent d’entretenir sa biodiversité.

Pour moi c’est clair, je ne veux pas polluer la terre de mon potager, ni détruire la vie qu’il abrite. En plus, je suis persuadé que les produits chimiques ont un effet néfaste sur la santé, et je ne veux pas mettre en danger la mienne ni celle de mes enfants.

Le virage vers le sol vivant

Petit à petit j’ai été sensibilisé à l’importance d’avoir un sol vivant, en suivant des formations, notamment avec Gilles Domenech, créateur du site Jardinons Sol Vivant et chez Bernard Bertrand, fondateur des Éditions du Terran.

Mais c’est surtout Dominique Soltner, un pionnier (et grand pédagogue) de l’agroécologie qui m’a beaucoup inspiré, car il a démontré avec beaucoup de clarté que l’on pouvait parfaitement allier production de légumes et respect de la nature.

Qu’est-ce qu’un potager naturel ET productif ?

Comme le dit Dominique Soltner, c’est un potager qui est :

  • durable car basé sur le recyclage des éléments, la vie du sol et la biodiversité du jardin,
  • sain pour la terre qui ne reçoit ni engrais, ni produits chimiques mais du compost, du broyat et du paillis,
  • sain pour les légumes qui développent leurs propres défenses contre les maladies et les ravageurs,
  • sain pour l’humain qui jardine et qui consomme les légumes produits en abondance.

La naissance du site Potagerdurable.com

Saviez-vous qu’avant de m’occuper à plein temps de Potager Durable, j’ai travaillé dans l’informatique pendant de nombreuses années ? Bon je l’admet, j’ai encore un petit penchant pour la programmation mais je me soigne ! 😉

Pendant de longues années, j’ai eu droit matin et soir à des trajets dans les embouteillages, à des réunions sans queue ni tête. J’avais de plus en plus de mal à trouver du sens aux tâches qui m’étaient demandées.

En parallèle, j’avais commencé à créer le site Potager Durable comme un hobby, et le fait de partager ma passion du potager dans le but d’aider les autres fut probablement salutaire pour garder le moral.

À ma grande surprise, le site a décollé assez rapidement (c’était en 2011), et à la demande générale de mes lecteurs, j’ai écris et mis en vente mon premier guide pratique (sur la culture des tomates au naturel) l’année suivante, ce qui a fait naître en moi l’espoir d’arriver à en vivre un jour.

J’ai franchi le pas en 2015 en prenant la décision (pas facile) d’abandonner un poste bien payé pour faire une reconversion et me mettre à gagner ma vie grâce à mon site internet. Enfin pas exactement le site, qui donne et qui donnera toujours des conseils entièrement gratuits. C’est plutôt par la vente des guides pratiques que j’ai écrits.

Nous voici quelques années plus tard, et après avoir sorti une douzaine de livres (dont deux édités chez Larousse) ainsi que des cours en vidéo, le pari est tenu et la création de mon propre emploi permet maintenant de subvenir aux besoins de ma famille (qui comprenait deux ados à la maison à l’époque).

Désormais, je ne dirais pas que je me sens investi d’une mission, ce serait un peu prétentieux. Mais mon but c’est de faire partager ma passion du potager naturel au plus grand nombre de personnes. En leur faisant bénéficier du savoir et de l’expérience que j’ai acquise (et je continue d’apprendre tous les jours).

En particulier il y a une chose qui me tient à cœur : montrer qu’il est possible de faire un potager qui soit respectueux de la nature, tout en produisant une bonne quantité de légumes, et en s’organisant pour ne pas y passer trop de temps. C’est ma petite contribution pour avancer vers un monde plus harmonieux ! 😉

Le saviez-vous ?

Après une longue séance de jardinage, il m’arrive d’avoir mal au dos. Pour le faire passer, j’exécute une suite de mouvements de qi gong (gymnastique chinoise).

Quand je ne suis pas au potager, je joue du piano. Même si je n’ai pas encore déplacé mon instrument au milieu des cultures, saviez-vous que la musique améliorerait la croissance des légumes ?

J’apprécie tellement le goût des légumes que quand je prépare un plat, les légumes ont la part belle et la viande est reléguée en accompagnement !