Faites connaissance avec Nicolas et son potager

Derrière le site internet Potager Durable, il y a une "vraie" personne. Je m’appelle Nicolas et mon potager fait une cinquantaine de mètres carrés, dans la région toulousaine.

J’ai appris à faire pousser les légumes par moi-même et je vais souvent à contre-courant… car je ne suis pas diplômé en horticulture ni maraîcher professionnel. Mais depuis plus de 20 ans que j'ai créé ce potager, j'ai à peu près tout essayé : les buttes, la lasagne, le bois enterré dans le sol, les bacs surélevés... pour en revenir finalement à plus de simplicité : un potager au niveau du sol.

Le but de notre potager familial, c'est de concilier les 3 aspects suivants :

  1. Je vise à obtenir des récoltes tout au long de l'année (même en hiver), non pas pour avoir une autonomie complète en légumes (la surface dont je dispose n'y suffirait pas), mais pour avoir quelques légumes extra-frais à mettre dans l'assiette à chaque repas.
  2. Dans mon jardin, je n'ai pas envie de m'entourer de produits chimiques potentiellement toxiques pour la faune ou pour l'être humain. C'est pourquoi je jardine 100% au naturel.
  3. Comme beaucoup de monde, j'ai une vie bien remplie à côté du potager, alors j'essaie de m'organiser pour être efficace quand je jardine (tout en prenant du plaisir à le faire et avec le moins possible de corvées). Ce penchant pour l'organisation me vient sûrement de mon passé où je travaillais dans l'informatique.

Ces 3 choses ne sont pas toujours simples à faire cohabiter : avoir une production qui fournit des récoltes régulières, sans y passer tout son temps et en cultivant les légumes au naturel, cela m'a demandé pas mal d'années d'essais et d'échecs avant de trouver une méthode qui marche.

Hélas, la plupart des méthodes de jardinage encore enseignées aujourd'hui datent du siècle dernier (voire plus, comme celle des fameux maraîchers de Paris en 1900). Or cela ne vous a pas échappé : le climat est en train de changer. Il est donc temps d'adapter nos méthodes, et la permaculture est une solution que j'applique depuis plusieurs années avec succès. Elle permet d'avoir un jardin qui produit avec abondance avec un minimum d'entretien, tout en respectant la nature.

Le potager principal fait 40 m2. En bas à gauche, la consoude, et à droite les pommes de terre.

Présentation des lieux

La maison occupant la plus grande partie du terrain (situé dans un lotissement), il ne reste pas beaucoup de zones recevant le plein soleil pour y mettre le potager. Celui-ci n'est donc pas constitué d'un seul bloc mais de plusieurs parcelles éclatées :

  • Le potager principal a une surface de 40 m², divisé en 6 plates-bandes d'1m20 sur 2m50 plus une partie de 20 m² pour la culture des pommes de terre et des courges.
    Il est entouré d'une haie de petits fruitiers (groseilliers, framboisiers) et d'une ligne de consoudes (cette plante est un excellent engrais naturel, on dit que son purin serait supérieur à un bon compost).
  • 10 mètres linéaires de plates-bandes que j'ai converties en potager le long d'une clôture mitoyenne (très pratique pour faire grimper certains légumes),
  • Un carré potager (ou plutôt un rectangle) de 2m² qui me sert à faire des expérimentations comme enterrer du bois à la manière des buttes de permaculture.
  • Un second petit rectangle sous lequel j'ai installé une bâche étanche pour faire une réserve d'eau en été.
  • Sans oublier au fond du jardin une partie que nous laissons volontairement sauvage pour accueillir les auxiliaires comme les insectes pollinisateurs, les hérissons et autres petits animaux utiles qui contribuent à l'équilibre du jardin.
La réserve d'eau au fond de ce carré potager permet d'avoir de belles laitues, même au plus chaud de l'été.

Comment je conduis mon potager

La fertilité

J'utilise les techniques actuelles d'auto-fertilisation des potagers : la terre s'enrichit en continu grâce à la décomposition lente d'un mulch nutritif (du foin, du broyat, les fanes des cultures et autres "déchets" du jardin), avec un apport supplémentaire de compost pour les légumes gourmands. Pas besoin d'engrais bio ni de fumier mais un peu d'urine vient compléter l'apport en minéraux.

Juste avant l'hiver, les parcelles vides sont ensemencées avec des plantes "engrais verts" de la famille des légumineuses, qui vont apporter de l'azote pour les cultures suivantes.

La souplesse de la terre

Je suis parti de loin : une terre argilo-limoneuse pauvre et compacte (et pleine de cailloux). Mais grâce aux effets des plantes engrais verts, la structure de la terre s'est nettement améliorée et je continue d'appliquer ces bonnes pratiques en mettant un paillis permanent pour maintenir un sol vivant.

Le sol est travaillé au minimum. Un passage à la grelinette (fourche à bêcher) par an suffit pour défaire les galeries des mulots et décompacter la terre. Pour le reste, ce sont les êtres vivants du sol (vers de terre, bactéries, champignons) qui vont travailler à ma place pour aérer la terre et l'enrichir de leurs "déjections".

La litière permanente permet de nourrir le sol pour entretenir sa fertilité.

Le climat

À Toulouse la période de l'année la plus difficile se situe entre mai et octobre, où il ne pleut quasiment pas et pendant laquelle s'enchainent des épisodes caniculaires ou très venteux.

Il faut donc chercher à conserver l'eau au maximum dans la terre grâce à la capacité de rétention de l'humus et au paillis épais. Pour remédier au manque de précipitations, j'ai installé un réseau de tuyaux goutte-à-goutte, relié malheureusement à l'eau de ville car il n'y a pas d'autre ressource sur le terrain, ce qui incite d'autant plus à économiser l'eau.

Récupérer l'eau de pluie tombant sur le toit de la maison demanderait, pour arriver à tenir pendant la moitié la plus sèche de l'année, d'avoir un volume de stockage très volumineux (cuve enterrée), ce qui n'est pas à l'ordre du jour.

Depuis 2020, j'ai rajouté un grand filet d'ombrage sur tout le potager, ce qui diminue le rayonnement solaire et évite les brûlures sur les légumes.

Les cultures

Nous cultivons une trentaine de légumes différents, tant des légumes-feuilles (salades, choux, ...) que des légumes-racines (carottes, betteraves, ...) et des légumes-fruits (tomates, haricots, ...).

Fini le casse-tête des rotations car elles se font naturellement avec l'enchaînement des cultures. Les récoltes sont continuelles car nous arrivons à faire jusqu'à 3 cultures par an au même endroit.

Ceci est possible grâce à une planification précise et l'utilisation de plants préparés en parallèle sous abri. Sur les plates-bandes, les différents légumes, herbes aromatiques et fleurs mellifères sont agencés avec soin pour s'entraider mutuellement.

Je fais très peu de semis en pleine terre : seulement les carottes et les radis.

Pour gagner de la place au sol, certains légumes sont cultivés en hauteur en les faisant grimper sur des supports : pois, concombres, courges, haricots.

La production de légumes s'échelonne sur toute l'année, y compris en hiver où des protections permettent de prolonger leur croissance.

Les récoltes

Nous ne faisons pas de conserves car nous préférons manger des légumes de saison ayant gardé toutes leurs vitamines. Comme la façon dont ils sont cultivés va bien au-delà de ce qui se fait en "bio classique" (où le sol a le droit d'être labouré et où un certain nombre de produits chimiques sont autorisés comme la bouillie bordelaise), nos légumes peuvent être qualifiés de "plus-que bio".

Pour libérer la place au potager, certaines récoltes sont stockées au frais (au garage et dans un petit silo enterré) comme les pommes de terre, betteraves, carottes, chayotes, choux-raves...

Au 15 juin, une plate-bande de cultures associées : tomates, haricots, concombre, avec des aromatiques (basilic, mélisse) et des fleurs (soucis, amarantes). À-côté, les choux sont protégés par un voile anti-insectes.

Les ravageurs et les maladies

À force d'encourager la biodiversité (grâce au sol vivant et aux plantes compagnes), l'écosystème du potager a fini par atteindre un certain équilibre.

Même si l'intervention humaine reste nécessaire, elle se limite à des actions très ponctuelles et très ciblées comme l'emploi une ou deux fois par an de granulés anti-limaces au phosphate ferrique (qui sont non-toxiques pour les autres animaux) ou de la macération huileuse d'ail en cas d'invasion trop importante de pucerons ou d'altises sur de jeunes plants. Les produits chimiques du commerce ont été bannis du jardin depuis belle lurette.

Je pose aussi un voile anti-insectes pour faire barrière aux piérides (papillon et chenille) sur les plates-bandes où sont cultivés les choux.
Mais avec l'expérience, on s'aperçoit que ce qui compte le plus, c'est de fournir à chaque légume les conditions dont il a besoin (température, eau, fertilité, lumière). À ce moment-là, les plantes deviennent beaucoup plus robustes et arrivent d'elles-mêmes à résister aux maladies et aux ravageurs.

Les "mauvaises herbes"

On devrait plutôt les appeler "herbes mal placées". Elles apparaissent surtout à la faveur des pluies d'automne et de printemps (l'été, le paillis épais les empêche de germer).

Quelques touffes de pissenlits au milieu des légumes ne me gênent pas, mais j'arrache sans attendre les herbes qui pourraient devenir envahissantes comme le liseron, le chiendent et quelques autres qui repartent facilement d'un éclat de racine.

La lune

Je ne suis pas le calendrier lunaire car je ne suis pas persuadé de son bien-fondé, et je trouve que cela rajoute des contraintes supplémentaires au jardinier, qui doit déjà composer avec les aléas de la météo et ses obligations familiales ou personnelles.

Par contre, j'établis à l'avance mon propre calendrier de semis pour toute l'année. Il contient la liste des légumes que j'ai prévu de semer le 1er et le 15 du mois.

Les semences

Je ne fais pas mes graines (à part les tomates anciennes) faute de place au potager pour laisser le temps aux portes-graines de s'épanouir.

Mais quand j'achète des graines dans le commerce, j'essaie dans la mesure du possible de privilégier les petits semenciers dont les graines ont été produites sous un climat proche du mien (et non pas en Chine comme celles des grands groupes).

Pour tâcher d'avoir une production correcte (en cas d'aléa climatique), je choisis toujours au moins deux variétés d'un même légume, dont parfois un hybride quand ses qualités ont été prouvées.

Je laisse pousser les herbes spontanées au milieu des tomates, haricots et groseilliers que l'on voit sur cette photo
Je laisse pousser certaines herbes spontanées au milieu des tomates, haricots et groseilliers, ce qui n'empêche pas de faire une belle récolte, au contraire car cela stimule la vie du sol !

Vous voyez, je suis comme vous,

... un jardinier passionné qui prend du plaisir à récolter des légumes sains tout au long de l’année.

Je m'efforce à rendre les techniques de la permaculture plus simples et plus pratiques à appliquer. J'essaie de m'organiser pour que mon travail porte ses fruits. Mais par-dessus tout j’aime donner de l’inspiration aux autres en partageant mon expérience.

Et je suis convaincu d’une chose, c’est qu’avec un peu d'assiduité, tout le monde peut arriver à produire de beaux légumes, de manière complètement naturelle. Et ceci pas seulement pendant la belle saison mais toute l'année et dans toutes les régions.

En ayant la satisfaction de s’en être occupé du semis jusqu'à la cueillette… sans oublier le bonheur ressenti quand on partage ses récoltes avec ses proches ou quand on les savoure en famille !

Mon but est de vous apprendre à faire la même chose. En tenant compte de vos envies, de vos possibilités, je suis là pour vous accompagner vers un potager qui vous corresponde.

Précisions importantes

Tout ce que vous allez trouver sur ce site est issu de ma propre expérience du potager, mais mon inspiration provient aussi de nombreux jardiniers, chercheurs, apprentis-permaculteurs de différents pays.

Je ne prétends absolument pas posséder le savoir universel ou la vérité absolue sur la culture des légumes. Les articles que j’écris, même s’ils sont basés sur une solide expérience, ne reflètent que mon propre avis et ma propre vision du jardinage, et parfois celle des auteurs que je prends comme exemple.

Il ne faut surtout pas prendre tout ce que je dis au pied de la lettre, mais réfléchir par vous-même et ne pas hésiter à tester dans votre jardin les différentes techniques que je vous présente.

Je vous raconterai aussi mes erreurs et mes échecs, car j'ai le goût de l'expérimentation.

D’ailleurs, vous êtes encouragé(e) à participer à la discussion en écrivant un commentaire à chaque fois que vous lisez un articles de ce site…

J'ai hâte de vous faire partager mes découvertes pour que vous puissiez les appliquer à votre tour dans votre potager !

Je vous souhaite une nouvelle fois la bienvenue ici, et je serais très heureux de faire un bout de chemin avec vous au pays du potager durable.

- Nicolas Larzillière

P.S. Si les débuts de mes aventures "potagères" vous intéressent, découvrez l'histoire de mon potager (qui est un peu la mienne)...

Réponses

Les commentaires :
(les plus récents sont en premier)

  1. DOM (Drôme/ Nord Vaucluse)

    Merci beaucoup pour toutes ces informations intéressantes.
    Concernant les engrais verts que j'ai planté à l'automne 2022, il s'agit de trèfle rouge, la pousse est de 5 cm environ à l'heure d'aujourd'hui. Il a fait très froid. Et comme j'en ai mis un peu partout, je ne disposerai pas de place pour la plantation des p de terre par exemple. Que puis-je faire ? En mars le terrain ne sera pas prêt.
    Je pense que je vais enfouir cet engrais dans le sol !

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Dom,
      Tout à fait ! La priorité c'est quand même la culture des légumes ! Tant pis si l'EV n'a pas eu le temps de terminer son cycle. Il aura quand même produit des racines sous la terre et un peu de biomasse au-dessus.
      Par contre (je le fais chaque année) tu peux encore le laisser pousser jusqu'au dernier jour avant la plantation des PDT. Des fois qu'il grandisse encore un petit peu. Ce sera toujours ça de gagné !

      Avatar de nicolas
  2. Anonyme

    Trop top, toujours plaisir de vous/te suivre....

  3. bernard (38170)

    bonjour Nicolas ,
    beaucoup de plaisir et d'intérêt à vos précieuses informations .
    Vous parlez de voile d'ombrage et l'été 2022 a énormément fait souffrir mes tomates .
    quelle hauteur de piquet pour le voile d'ombrage ?
    Voile type camouflage ? pour diminuer la prise au vent .
    bien à vous bbe

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Bernard,
      Les piquets que vous voyez sur la photo font 2m40. Je trouve que c'est une bonne hauteur qui laisse bien la place pour que les tomates et les haricots à rames puissent grimper.
      Mon filet est une maille très solide en nylon qui laisse passer les rafales de vent sans bouger.
      Voici la référence : https://www.jardincouvert.com/filets-ombrage-brise-vue-brise-vent/785-filet-brise-vent-45-.html

      Avatar de nicolas
      1. bernard (38170)

        la couleur foncée et la protection50 °/o sont elles conseillées ? les attaches pinces 100 gr pour la fixation ?
        merci encore cordialement bbe

        1. nicolas (Toulouse)

          La couleur verte n'est pas si foncée que ça et ne chauffe pas du tout par rapport à du blanc. Les pinces ne sont pas nécessaires car les 2 bordures du filet ont une maille plus grosse chaque 10 cm. J'utilise du fil de fer cahoutchouté que je passe au travers.

          Avatar de nicolas
          1. bernard (38170)

            merci et bonne semaine cordialement bbe

  4. Jacques BONTE (Fleurbaix près de Lille)

    J'ai lu avec énormément de plaisir ce petit article dans lequel je me reconnais sur pas mal de points.
    Quelle chance nous avons d'avoir un jardin potager !!!!
    Un grand merci Nicolas pour tout ces conseils.