Ah… ces mauvaises herbes du potager… ! On a beau pailler, il y en a toujours qui trouvent le moyen de s’installer entre nos rangs de carottes, au pied des tomates et au milieu du basilic.
Mais s’il s’agissait de plantes comestibles ? Si au lieu de les regarder d’un mauvais œil et de les arracher les dents serrées, on se réjouissait de la salade sauvage qu’elles nous offrent gratuitement ?
Dans cet article, je vous présente 5 plantes sauvages comestibles communes du potager. J’espère, de ce fait, vous aider à les reconnaître dans votre jardin et de vous donner envie de les y accueillir avec joie afin qu’elles puissent atterrir dans votre assiette et non au compost.
Le chénopode blanc
Le chénopode blanc (chenopodium album) est une plante très courante des potagers qui peut même devenir envahissante. C’est une annuelle aux feuilles vertes, légèrement bleutées au dessus et blanchâtres en dessous.
La face inférieure des feuilles, surtout au sommet de la plante, est recouverte d’une curieuse couche farineuse qui se détache facilement au toucher. Les feuilles sont ovales, dentées, avec une forme plus ou moins de patte d’oie.
La plante atteint une hauteur de 20 cm à 1,20 m. Si on regarde attentivement la tige, on se rend compte qu’elle est striée de haut en bas de bandes vertes (parfois légèrement violettes) et blanchâtres.
Les fleurs du chénopode sont verdâtres – grisâtres, toutes petites et regroupées en longes grappes terminales.
Comme les épinards
Alors pourquoi se réjouir quand le chénopode blanc s’installe dans votre jardin ? En fait il appartient à la même famille que les épinards et ses feuilles font d’excellents légumes.
On peut les manger crues en salade à laquelle elles apportent un agréable goût de petits pois crus. Cuites, les feuilles peuvent entrer dans la composition de soupes, quiches, farces, gratins… comme les épinards, mais sans le goût acide de ces derniers.
Le meilleur moment pour cueillir les feuilles de chénopode est avant l’apparition des fleurs. On peut alors cueillir la plante entière et on a juste à enlever la partie basse de la tige, trop fibreuse. La partie haute de la tige étant encore tendre, on peut la faire cuire avec les feuilles.
Le chénopode est très riche en protéines complètes, c’est-à-dire qu’il contient l’ensemble des acides aminés essentiels. Il apporte aussi des quantités très intéressantes en Vitamine A, vitamine C et en calcium.
Par contre il renferme, pareil que l’épinard, pas mal d’oxalates qui peuvent avoir un effet irritant. Pour cela il faut éviter d’en manger de trop grandes quantités, surtout si on a des problèmes rénaux, hépatiques ou arthritiques.
Le pourpier
Le pourpier (portulaca oleacera) est une « mauvaise herbe » classique des jardins potagers. Il ressemble à une plante grasse et il rampe au sol où il s’étend en étoile.
Les feuilles du pourpier sont épaisses, charnues et luisantes. Elles sont directement posées sur les tiges rougeâtres qui, couchées au sol, s’étendent dans toutes les directions. Les petites fleurs jaunes à 5 pétales se trouvent à l’aisselle des feuilles et ne s’ouvrent que par temps ensoleillé.
Cru ou cuit – un régal
Une fois que l’on a goûté au pourpier on l’adopte. Ses feuilles et jeunes tiges sont acidulées, juteuses et croquantes et font d’excellent ajouts aux salades. Je les trouve délicieuses.
On peut aussi les faire cuire à la vapeur et les servir avec un filet d’huile d’olive. Ou les incorporer aux soupes et aux poêlées de légumes… Les jeunes tiges, feuilles et fleurs, conservées dans du vinaigre, remplacent les cornichons.
Et même les graines se mangent ! Elles ont été mangées bouillies comme « céréales » mais on peut aussi les moudre pour les ajouter à la farine. Par contre, il faut une bonne dose de patience pour obtenir une récolte digne de ce nom.
Le pourpier est riche en vitamines (notamment la vitamine C) et en minéraux ainsi qu’en acide gras oméga 3.
Alors ce serait dommage de ne pas en profiter s’il s’invite dans votre jardin, vous ne trouvez pas ? D’ailleurs il fait partie du régime crétois, ce mode alimentaire (et même de vie) basé sur une consommation importante de légumes et de fruits, accompagnés d’huile d’olive, de céréales et de poisson… et de plantes sauvages !
L’amarante réfléchie
Encore une plante envahissante de certains jardins. L’amarante réfléchie (amaranthus retroflexu) est un excellent légume et ce serait dommage de le traiter de mauvaise herbe.
L’amarante est une plante entièrement verte, aux feuilles ovales et allongées qui fait un long et épais épis floral vert au sommet de la tige. A l’aisselle des feuilles, les épis floraux sont plus petits et plus courts. En fait les minuscules fleurs dans ces épis n’ont pas de pétales, d’où la couleur verte.
Bon au goût et pour la santé
Les jeunes feuilles d’amarante sont tendres et très bonnes crues en salade. Leur saveur est douce et ne présente pas d’amertume. Les feuilles et jeunes tiges et même les jeunes inflorescences peuvent être cuites comme des épinards.
Ma recette favorite consiste à faire revenir des oignons dans de l’huile d’olive, à ajouter des feuilles d’amarante et de cuire doucement à l’étouffée. Avec un peu de fleur de sel, c’est un excellent « épinard » en accompagnement d’un plat principal.
Les graines d’amarante peuvent être mangées tel que des céréales. Pour les récolter, en septembre, il suffit de secouer les inflorescences au-dessus d’un linge.
Les feuilles d’amarante sont riches en protéines, vitamines et en minéraux, notamment en fer.
Il y a plusieurs espèces d’amarante, dont l’amarante couchée (amaranthus hybridus), qui s’utilisent de la même façon.
La lampsane
Au printemps, même avant que je puisse manger les laitues du potager, je me régale de salades entières récoltées au jardin. La lampsane s’y est installée par elle-même et me rend de bons services.
Dès la fin de l’hiver, elle présente de jolies rosettes de feuilles que je cueille comme de la laitue à couper.
La lampsane est une astéracée annuelle qui a des feuilles d’une forme caractéristique : La feuille est profondément divisée en lobes inégaux. Le lobe terminal est beaucoup plus grand que les autres. Une fois le printemps avancé, se forment, au centre de la rosette, des tiges qui montent jusqu’à 1 mètre de hauteur. On voit alors apparaître de nombreuses « mini fleurs de pissenlit ».
De la salade gratuite
A ce stade, les feuilles deviennent trop amères pour être appréciées. Le meilleur moment pour les cueillir est quand la plante est encore en simple rosette ou que la tige monte tout juste. Après, je laisse 2 ou 3 individus monter en fleurs et en graines pour leur laisser la possibilité de se reproduire. Et aussi parce que je les trouve jolies avec leur multitude de fleurs jaunes. J’arrache les autres pour laisser la place à mes légumes qui commencent à se déployer.
La salade de lampsane ressemble au goût à la salade de pissenlit, avec cette même amertume. La texture de la feuille est par contre plus tendre que celle du pissenlit. Pour couvrir l’amertume, le meilleur moyen est d’ajouter de l’œuf dur à la salade. Un peu de noix, des oignons rouges et des lardons pour ceux qui aiment… une vraie salade qui a du goût !
Vous trouverez plus de détails dans mon article sur le pissenlit.
Il est d’ailleurs recommandé de revenir vers des aliments contenant des substances amères. Ils stimulent l’activité du système digestif et diminuent nos envies de sucre.
Le galinsoga
Originaire d’Amérique du Sud, le galinsoga (galinsoga parviflora et galinsoga ciliata) se sent bien chez nous et aime s’installer dans les terrains cultivés où on a parfois du mal à s’en débarrasser.
Au lieu de cela, je vous recommande de récolter ce légume gratuit et de l’intégrer à votre cuisine.
Le galinsoga a les feuilles opposées, ovales et terminant en pointe. Chaque feuille est dentée tout autour. La hauteur de la plante atteint 20 à 50 cm.
Les fleurs sont composées d’un centre jaune à minuscules fleurs en forme de tube et de 5 fleurs blanches en forme de courte languette sur le pourtour. La plante produit continuellement des fleurs entre juillet et octobre.
Pesto, smoothie ou quiche au galinsoga
Toutes les parties tendres de la plante se consomment, c’est-à-dire les feuilles, jeunes tiges et les fleurs. On peut les manger crues en salade, en pesto ou en smoothie ou alors les incorporer, cuites, à de nombreux plats comme des soupes, des quiches et des mélanges de légumes.
Le goût du galinsoga est aromatique tout en restant doux. La plante contient des quantités intéressantes de protéines et de fer.
Quels avantages à manger les plantes sauvages comestibles du potager ?
Il y a plein d’avantages à manger les « mauvaises herbes » du potager :
- Souvent, avant même d’avoir planté ou semé au printemps, on a déjà des récoltes à faire dans son jardin. Je trouve ça absolument magique !
- Les plantes sauvages sont généralement plus riches en nutriments (minéraux, oligoéléments, vitamines, antioxydants..) que nos légumes cultivés. Si on les intègre régulièrement à notre alimentation on en ressent un regain en vitalité.
- Notre potager est un endroit protégé. Quand on commence à s’intéresser aux plantes sauvages comestibles, on se pose souvent la question sur les pollutions éventuelles ou la présence de parasites… dans notre jardin on sait ce que l’on fait et on peut cueillir les plantes sauvages tranquillement.
- Les plantes sont à porté de main, le guide d’identification (ou l’ordinateur) aussi… un bon moyen pour démarrer son apprentissage du monde merveilleux des plantes sauvages comestibles !
Cet article a été écrit par Nathalie Deshayes du blog Plantes Sauvages Comestibles.
Si vous voulez en savoir plus, vous êtes les bienvenus sur son blog où vous trouvez des recettes, des astuces et de nombreux articles sur les plantes sauvages et leurs utilisations.
Petite conclusion de Nicolas
Ce n’est pas toujours facile d’être sûr que l’on a bien la bonne plante en face de soi, sans oublier que certaines d’entre elles peuvent être toxiques.
Pour identifier facilement une plante, il existe des applications pour smartphone comme Seek by Inaturalist (c’est ma préférée) ou Plantnet. Il suffit de pointer l’objectif sur la plante et elle est reconnue automatiquement en quelques secondes.
Et vous, est-ce que vous consommez d’autres herbes sauvages de votre jardin ? N’hésitez pas à nous les faire découvrir dans les commentaires !
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