Ça nous est tous arrivé : nos tomates, nos pommes de terre ou nos salades étaient resplendissantes, on se réjouissait d’avance en imaginant les toutes prochaines récoltes, et en quelques semaines, elles ont été ravagées par le mildiou, les doryphores ou les pucerons.
Certains ont été tentés de recourir aux molécules chimiques les plus extrêmes, d’autres ont bien juré de ne plus cultiver ce légume, d’autres encore ont abandonné leur potager et se sont mis aux mots-croisés ou au saut à l’élastique…
Et pourtant, en mettant en place ces 4 stratégies, on a toutes les chances de se prémunir contre la plupart des attaques de ravageurs ou de maladies.
Stratégie n°1 : Créer de la biodiversité
L’une des clefs d’un potager vivant, équilibré et résiliant est l’environnement immédiat de ce potager. Plus vous mettrez en place des petits emplacements variés et diversifiés, plus vous aurez de chances d’accueillir des parasites ! Oui, vous avez bien lu, c’est une chance car l’essentiel de ces parasites ne seront pas intéressés par nos légumes. Ils ont pour la plupart un régime monodiète, ils ne mangent qu’une seule plante ou qu’une seule famille de plantes, la plante sauvage que vous avez laissé pousser en bordure de votre potager. En revanche, ils vont attirer toute une foule de prédateurs qui eux seront plus tard ravis de dévorer les parasites de vos légumes le jour venu. Par exemple, une coccinelle mange n’importe quels pucerons. En revanche il existe des centaines d’espèces de pucerons, la plupart ne vivant que sur une plante ou une famille de plantes… Si vous avez des pucerons sur des sureaux en mai/juin, ils vont attirer les coccinelles qui seront prêtes pour l’arrivée des pucerons sur vos courgettes en juillet.
Et les idées de mini-écosystèmes ne manquent pas :
- un roncier va accueillir entre autres des hérissons qui sont friands de limaces,
- un muret ou un simple tas de pierres sèches pour des lézards amateurs de nombreux insectes parasites,
- une pièce d’eau attirera des grenouilles et crapauds qui se régaleront d’insectes et de limaces,
- une haie sauvage pour les carabes, les oiseaux, les belettes, les hermines…
N’hésitez pas à vous lâcher, les idées ne manquent pas : un tas de vieux bois, une bande enherbée et/ou fleurie, une zone en friche mais aussi des petites installations comme des perchoirs pour les oiseaux de proie, des nichoirs à oiseaux et à chauve-souris, ou encore de simples planches (d’un bois sans tanins) posées au sol.
Plus vous créerez de diversité, plus vous attirerez d’alliés… et cerise sur le gâteau, plus votre potager sera un lieu où il fait bon vivre, agréable au regard…
Stratégie n°2 : Favoriser la résistance des plantes plutôt que leur croissance
Comme Eric Petiot, l’auteur du best-seller « Purins d’ortie et Cie », nous l’explique en détail dans cette interview, les plantes savent se défendre toutes seules contre la plupart des agressions. Elles ont évolué lentement au fil des millénaires, et ont appris à les reconnaître. Elles ont mis au point des stratégies de défense, et n’ont que très rarement besoin qu’on se batte à leur place. Tout ce qu’on a à faire, c’est favoriser leur résistance plutôt que leur croissance :
Préférez des variétés rustiques plutôt que des variétés récentes optimisées pour produire rapidement et dans des conditions de culture standardisées.
Respectez le rythme des saisons. On a toujours envie de repiquer des tomates très précocement, mais on les expose à des climats pour lesquels elles ne sont pas programmées. Même si elles survivent, elles seront fortement fragilisées, ce qui risque de se payer en fin d’été.
Pas d’engrais de synthèse qui, comme pour une perfusion, vont nourrir directement la plante plutôt que le sol. Ils vont trop booster nos légumes, qui vont pousser trop vite et en manquant d’oligo-éléments apportés par le sol.
Utilisez avec parcimonie les engrais trop riches en azote (comme les fumiers de volaille, les fumiers de vaches ou de cheval peu pailleux…). L’azote est certes indispensable pour les plantes, mais s’il est apporté en excès, il va entraîner une croissance trop rapide. Les cellules des plantes seront gorgées d’eau et donc plus fragiles. Et elles seront plus tendres, plus appétantes, et attireront davantage les parasites.
Donnez éventuellement un coup de pouce à vos légumes en les arrosant de temps en temps d’un purin de prêle, votre allié idéal pour favoriser leur résistance.
Stratégie n°3 : Observer
Prenez le temps d’observer votre potager. Prenez vraiment le temps, aussi souvent que vous le pouvez. Déjà, c’est très agréable. Rien que pour ce plaisir, ça vaut le coup de prendre le temps. Et ensuite, ça va vous permettre de mieux connaître vos légumes quand ils vont bien, et donc de repérer précocement les attaques de prédateurs ou de maladies, pour ensuite prendre la bonne décision :
– Si l’attaque est reconnue, la plante est capable de se débrouiller seule. On pourra ensuite l’aider à reprendre des forces avec par exemple un purin d’ortie. Voici quelques astuces pour réussir vos purins dans cette 2ème partie de l’interview d’Eric Petiot.
– L’attaque n’est pas reconnue, il va falloir agir le plus tôt possible. C’est le cas du mildiou ou de l’oïdium qui sont apparus trop récemment (vers 1845 en Europe). Il faudra utiliser des préparations à base de plantes pour les contrer.
– Le parasite est relativement peu préoccupant (par exemple moins d’une vingtaine de pucerons par feuille de courgette). Surveillons l’arrivée des coccinelles ou des syrphes et laissons-les régler le problème. Si l’on tuait les pucerons, on priverait nos alliées de précieuses sources de nourriture… il y a fort à parier qu’elles n’auraient pas trop envie de rester chez nous !
Il est vraiment fondamental de bien comprendre le mécanisme naturel de défense des plantes, de savoir si une plante a reconnu ou non une attaque pour n’intervenir qu’à bon escient. Pour que vous y arriviez à coup sûr, je vous offre un guide PDF gratuit que vous pouvez télécharger en cliquant sur ce lien : “Je ne traiterai plus une plante déjà guérie”.
Stratégie n°4 : Faire « rien »
Comme Hervé Coves le dit si bien, il est vraiment important de faire rien. Attention, ça ne veut pas dire ne rien faire ! Faire rien, c’est vraiment une action, c’est délibérément choisir de ne pas intervenir. D’une part pour ne pas être esclave de son potager, d’autre part pour vraiment prendre conscience que nos légumes se débrouillent la plupart du temps très bien tout seuls.
Et avec un peu de chance, on perdra une récolte. Quoi ?!! Au secours, Didier est devenu fou ! Non, laissez-moi vous expliquer mon point de vue. Il faut voir à long terme. Ça peut permettre d’attirer en grand nombre des auxiliaires qui nous aideront contre les prochaines attaques. Ils seront déjà sur place, prêts à intervenir, et sauveront peut-être 3 productions pour 1 production « sacrifiée ». Et si tout se passe normalement, ils seront encore là l’année prochaine, et on aura contribué à diversifier et enrichir notre petit écosystème, le rendant chaque jour un peu plus résiliant, rendant chaque jour un peu plus inutile toute intervention en mode « pompier ».
Et maintenant, à vous de jouer ! Dépêchez-vous d’aller au potager, mais comprenons-nous bien : dépêchez-vous… de prendre votre temps, d’observer, de ralentir, de comprendre, de ressentir, de faire « rien »…
Cet article a été écrit par Didier, du site Mon Potager Plaisir. Retrouvez chaque vendredi ses conseils en vidéo sur sa chaîne YouTube « Mon Potager Plaisir », ainsi que ses articles sur www.monPotagerPlaisir.com.
Alors, que pensez-vous de ces 4 méthodes de lutte contre les nuisibles ? Allez-vous les appliquer dans votre jardin ? Nous attendons vos commentaires avec impatience !
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