En fin d’hiver, les laitues font partie des premiers légumes à inaugurer la nouvelle saison potagère. Leur culture semble simple, mais entre un semis qui ne lève pas ou des limaces qui ratiboisent les plants, il y a un certain nombre de choses à savoir pour assurer une bonne réussite.
Nous verrons aussi comment les démarrer très tôt dans la maison, quelles sont les variétés de saison à choisir, et comment les protéger des intempéries.
Alors même si l’hiver n’est pas complètement parti, à vos premières salades de l’année !
Les secrets d’un semis réussi
À partir de quand semer ?
En janvier, les jours sont encore trop courts pour que les plantes poussent, le soleil est trop bas et ne fournit pas assez de lumière, la végétation est encore en repos hivernal. C’est à partir de la mi-février (la Saint Valentin est un bon repère) que la durée du jour commence à dépasser les 10 heures et marque la fin de la “période sombre”, ce qui permet aux végétaux de reprendre leur développement.
Pour nos semis de salades, il ne servirait donc à rien de les semer trop tôt dehors à l’extérieur, car les semis d’après vont rattraper ceux d’avant : par exemple une laitue semée 10 janvier ne sera pas prête à être récoltée plus tôt qu’une laitue semée le 1er février. Toutes deux seront à pleine maturité fin avril seulement car elles vont se développer très lentement au début.
Pour avoir les premières récoltes plus tôt, autour de fin mars, et sachant qu’une salade prend 2 à 3 mois du semis à la récolte (selon les variétés), il faudra que les jeunes plants passent une partie de leur vie au chaud à la maison. Dans ce cas, on pourra procéder aux premiers semis dès la mi-janvier, mais on ne pourra pas se passer de les éclairer avec une lampe adaptée. Il existe maintenant des rampes à LEDs spéciales qui consomment très peu et qui vont fournir aux plants toute la lumière dont ils ont besoin.
Les jeunes plantules de salade sont-elles sensibles aux gelées ?
C’est une idée reçue qui est encore très répandue : plus une plante est petite, plus elle serait sensible au froid ! Ce qui est complètement faux.
Il suffit d’observer comment un semis de salades qui vient juste de lever supporte parfaitement des températures négatives, sans aucun dommages pour les plantules. De même, un jeune plant d’un mois et de 5 cm de haut supportera beaucoup mieux une gelée qu’une salade adulte gorgée d’eau.
Si l’on ne souhaite pas utiliser d’éclairage artificiel, la première date à partir de laquelle il est intéressant de démarrer les semis de laitues, c’est autour du 10 février, toujours dans des godets à l’intérieur de la maison.
Certains jardiniers préfèrent faire leur premier semis de laitue dans des terrines qu’ils placent dehors, mais franchement, vu le temps que ça va prendre pour germer (plusieurs semaines), je ne vois pas l’intérêt. Pour les mêmes raisons, un semis en pleine terre à cette époque de l’année n’apporterait rien de plus.
Alors que dans une pièce de la maison qui se trouve à une température de 18-20°C, les graines vont germer rapidement en 3 ou 4 jours seulement, avec une levée très homogène, car on est dans un environnement où l’on contrôle tous les paramètres comme l’humidité, la température et la lumière.
Quelles sont les meilleures variétés pour le début du printemps ?
On trouve différentes sortes de laitues pour chaque saison, et les variétés qui sont le mieux adaptées pour la fin de l’hiver et le début du printemps sont celles forment une pomme petite et compacte, ainsi que les laitues à couper (qui ne pomment pas).
Dans les variétés pommées, je vous recommande : Gotte jaune d’or, Reine de Mai, Appia. Elles seront bonnes à récolter en 2 à 3 mois.
Et si on veut récolter plus vite, un bon mois avant les précédentes, on se tournera vers les laitues à couper comme Feuille de chêne, Red Salad bowl (il y en a d’autres…).
Pour ceux comme moi qui préfèrent les feuilles bien croquantes (personnellement j’ai toujours trouvé que les “Feuilles de chêne” étaient un peu mollassonnes 😉), il y a aussi quelques laitues batavias qui vont bien pour le début de la saison : la laitue de Saint Antoine (qui peut même se semer en automne et passer l’hiver au potager car elle résiste au gel même au stade adulte), la Dorée de printemps, et ma préférée avec ses liserés rouges, la Rouge Grenobloise.
Un autre avantage que je trouve aux batavias, c’est que l’on peut les récolter comme des variétés à couper, en prélevant les feuilles extérieures lorsque les salades sont à moitié développées, en laissant le centre qui va continuer à pousser. On arrive ainsi à faire 3 ou 4 récoltes sur une même plante.
Quelques astuces pour vos semis de laitue
- Si on a des doutes sur la viabilité des graines de vieux sachets entamés : je vous renvoie à mon article sur les test de germination.
- Ne pas recouvrir les graines (ou alors à peine saupoudrer de terreau) car les graines de certaines variétés ont besoin de voir la lumière pour germer.
- Toujours prévoir de faire plus de plants que nécessaire et ne pas tous les planter d’un coup. Si un accident de parcours arrive (limaces…), on sera content d’avoir quelques plants en surnombre.
Que faire une fois que les graines ont levé ?
Il leurs faut impérativement de la lumière, sinon les plantules vont s’étioler. Dans le cas d’un semis très précoce (avant le 15 février), il vaut mieux les garder à la maison, devant une fenêtre exposée plein sud, ou mieux, éclairées par une lampe horticole. Ces plants passeront toute leur vie à l’intérieur de la maison avant d’être mis en terre
Pour un semis un peu plus tardif, sachant que la laitue est une plante qui résiste parfaitement au froid, je trouve plus simple de les sortir dehors, à condition de les protéger du vent et de la pluie.
Mais ils sont encore fragiles et ont besoin d’être protégés des intempéries. Plusieurs options s’offrent à nous, comme une petite serre de balcon, un châssis, des caisses en plastique transparent, voire même une “vraie” serre pour ceux qui ont la chance d’en posséder une.
Pour tous ces types d’abris, le jardinier va devoir faire attention à une même chose : c’est le problème de la surchauffe quand le soleil éclaire de tous ses rayons. En effet, dans ces endroits fermés et de volume relativement réduit, la température va s’élever très rapidement et il n’est pas rare de retrouver ses plants ayant souffert après une journée de beau temps.
Il va donc falloir gérer la température en ouvrant quand ce sera nécessaire la porte ou le couvercle de ces abris. C’est pour cela qu’il faut surveiller quotidiennement la météo (ce que font déjà tous les jardiniers passionnés j’en suis sûr 😉).
Pour se faciliter la vie et éviter cette corvée d’ouverture/fermeture, on peut opter pour des systèmes qui laissent traverser l’air, comme une bâche “mille-trous” (voir photo plus bas) ou une caisse avec un voile de forçage en guise de couvercle.
Bien débuter leur culture sous abri
Au niveau fertilisation, la salade est une plante qui n’a pas de grands besoins et elle se contentera des restes du compost apporté à l’automne précédent.
Les laitues de printemps deviennent rarement très volumineuses, c’est pourquoi un espacement de 20 cm entre les plants suffit. Et on n’enterre jamais le collet (le cœur où naissent les feuilles), pensez-y sous peine de voir la plante pourrir !
C’est à partir de mi-février que les jours commencent à rallonger significativement, et ce gain de luminosité provoque une accélération soudaine de la pousse des plantes, à condition que les températures suivent, et c’est en attendant ce moment que le jardinier va pouvoir donner un coup de main à la nature en utilisant un voile de forçage ou une bâche transparente.
Comment choisir entre un voile de forçage ou une bâche transparente ?
Éliminons déjà la bâche transparente normale, c’est-à-dire sans trous (également appelée “tunnel nantais”), car elle a les mêmes inconvénients que les châssis mentionnés précédemment, à savoir que le jardinier doit impérativement gérer les coups de chaud en ouvrant et en refermant la bâche à chaque fois qu’il le faut.
Heureusement il a été inventé la bâche dite “mille trous” qui est percée d’une multitude de trous d’1 cm de diamètre. Elle est très intéressante en région pluvieuse car elle permet de protéger les plantes des intempéries tout en laissant une certaine aération par les trous. En effet, les gouttes de pluies vont plutôt ruisseler sur la bâche et non pénétrer par les trous (phénomène physique de la tension superficielle). Cela évite d’avoir des plants détrempés, source de pourriture.
Au contraire, en région sèche, on choisira plutôt un voile de croissance de type non-tissé p17, celui-ci laissant passer l’air et l’eau, tout en coupant le vent et en gardant une partie de la chaleur emmagasinée par la terre durant une journée ensoleillée.
Pour ne pas abîmer les salades, on n’étalera pas cette bâche ou ce voile directement au sol, mais on l’étendra sur des arceaux, pour former un petit tunnel.
Attention aux limaces et aux escargots !
Même en attendant que les plants soient bien grands pour les mettre en terre, ce qui attire moins les gastéropodes car les feuilles sont déjà un peu plus coriaces, et même si au moment où on les plante, en fin d’hiver, les escargots et les limaces sont encore en train d’hiberner, il arrive qu’ils profitent du microclimat plus doux du tunnel pour se jeter sur nos jeunes laitues.
Il vaut donc mieux anticiper ce problème et là, chaque jardinier a sa méthode. Pour ma part, je n’hésite pas à réguler en utilisant des granulés. Bien qu’ils ne soient pas nocifs pour les autres animaux, j’en utilise le moins souvent possible.
À quel moment enlever le voile ou la bâche ?
Une fois que le printemps est bien établi, que la terre est réchauffée et que les températures nocturnes ne baissent plus en-dessous de 8 ou 10°C, il n’est plus besoin de protéger les cultures des intempéries.
Selon les régions et l’exposition en plein soleil ou à mi-ombre de la parcelle, ce moment arrive entre la mi-mars et la fin du mois d’avril.
Comment les récolter pendant tout le printemps
Dans cet article, j’ai parlé surtout du premier semis de laitues de l’année, mais il sera suivi de nombreux autres. L’idée étant de semer peu à la fois mais souvent (tous les mois par exemple) pour avoir une production continue de salades à récolter.
Pour vous donner un ordre de grandeur, un passionné comme moi va semer 6 plants de laitues tous les 15 jours de février à juin, ce qui me permet de diversifier les variétés. Sur les 6 plants, je vais en planter généralement 4, les 2 autres étant là en secours au cas où (même dans les godets, il arrive parfois que l’un ou l’autre plant ne soit pas viable ou meure prématurément).
Une astuce pour finir
Si l’espace est compté dans votre potager, pourquoi ne pas semer des radis entre les plants de salades qui viennent juste d’être plantés ? Les radis poussent plus vite que les salades et seront récoltés bien avant que celles-ci grossissent et prennent toute leur place.
Avez-vous des questions sur les semis de laitues ? On se retrouve dans les commentaires ! Dites-moi aussi à partir de quelle date vous commencez à faire vos premiers semis de salades.
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