En automne, ne nettoyez surtout pas votre potager

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Toutes les courges ont été récoltées sur ce pied de 'Jack Little' conduit en cage grillagée.
Toutes les courges ont été récoltées sur ce pied de ‘Jack Little’ conduit en cage grillagée.

Une fois les dernières récoltes terminées, que reste-t-il à faire au potager en automne ?

Eh bien très peu de choses en fait.

Comme le font traditionnellement bon nombre de jardiniers, vous avez peut-être l’habitude de faire un grand nettoyage d’automne dans votre potager. Vous profitez des dernières journées ensoleillées pour ratisser et enlever tous les restes de cultures. Une fois que la terre est bien nette, vous pensez que c’est le meilleur moyen de faire traverser l’hiver à votre potager.

Vous êtes content d’avoir fait le ménage.

Mais les organismes du sol ne sont pas contents, eux. Les vers de terre non plus. Ni les insectes bénéfiques, ni les oiseaux, ni les petits mammifères utiles.

Ils ne sont pas contents car ils vont mourir de faim. En effet, vous venez de leur retirer toute la nourriture et les abris sur lesquels ils comptaient pour passer l’hiver.

Et vous ne rendez pas service à votre terre non plus.

Nous allons voir pourquoi c’est le cas et comment laisser hiverner le potager (un indice : cela vous demandera beaucoup moins de travail que le ménage complet du potager).

Pour cela, nous allons nous aider d’un des principes de la permaculture : prendre soin de son sol en favorisant la biodiversité.

Tout d’abord, voyons ce que risque un potager dont le sol serait laissé à nu.

Quels sont les inconvénients d’un sol nu ?

Évitez de faire ce que je faisais il y a quelques années : je ratissais les moindre débris pour avoir un sol "propre" !
Évitez de faire ce que je faisais il y a quelques années : je ratissais les moindre débris pour avoir un sol “propre” !

En hiver, laisser la terre à nu, c’est comme si vous sortiez dehors sans mettre vos habits : vous auriez vite très froid, votre circulation sanguine se ralentirait et, à l’extrême, cela pourrait conduire jusqu’à la mort.

Pour le sol du potager, c’est la même chose. Comme le dit un adage que j’ai entendu récemment : “Sol nu, sol foutu !”.

Pour les raisons suivantes :

  • À force de battre le sol, les pluies soutenues de l’hiver vont finir par lessiver les nutriments qu’il contient et par le compacter. Au printemps, la terre sera plus pauvre et plus dure.
  • En l’absence de toute brindille sur la surface du sol, de toute matière végétale, les vers de terre et les organismes du sol vont manquer de nourriture. Ils ne pourront donc plus faire leur travail qui consiste à décompacter et à enrichir le sol.
  • Avec une terre nue, les “mauvaises” herbes auront le champ libre pour germer et se développer à la moindre éclaircie. Au printemps, elles auront atteint une masse importante que le jardinier devra arracher pour faire de la place pour semer les légumes.

Que faire alors ?

La permaculture nous enseigne la chose suivante : laisser s’épanouir la biodiversité, c’est tout bénéfice pour le potager car la terre devient plus fertile, les légumes sont moins abîmés par les “nuisibles” car leurs prédateurs veillent à instaurer un équilibre, et le jardinier a moins d’efforts à faire car la terre reste meuble et les “mauvaises” herbes restent rares.

Alors concrètement, comment préparer le potager avant l’hiver ? C’est ce que nous allons voir maintenant :

Sur les planches de culture, on va laisser en place les quelques plantes qui ont encore une floraison tardive (certains haricots, cosmos, œillets d’inde…). Ces dernières fleurs seront très appréciées par les insectes (abeilles, bourdons, syrphes…).

Ce plant de basilic fait ses fleurs en fin de saison
Ce plant de basilic fait ses fleurs en fin de saison

On peut également laisser monter à graine quelques légumes (laitues, basilic).

On va aussi laisser les racines des légumes dans le sol. Quand les récoltes d’un légume sont finies (tomates, courgettes, salades, haricots, etc…), au lieu d’arracher tout le plant avec les racines, on va simplement couper la tige à ras avec un sécateur. Les racines vont se décomposer dans le sol, l’aérer et nourrir les organismes.

Que faire des tiges et des feuillages des légumes qui restent ? Je vois deux cas :

  1. Pour les légumes à tige molle ou les herbes aromatiques (aneth, basilic, concombre…), ne rien faire du tout et les laisser pousser. Ils vont continuer à vivre jusqu’à ce que le froid les fasse mourir, puis ils vont dessécher et se décomposer sur place.
  2. Pour les légumes qui ont des tiges plus grosses, qui peuvent devenir “ligneuses”, c’est-à-dire se transformer petit à petit en bois dur (tomates, courgettes, haricots…), il vaut mieux couper la tige principale au ras du sol puis, avec un sécateur, tronçonner la plante en morceaux d’une quinzaine de cm. Ces morceaux seront étalés sur le sol du potager, si possible au même endroit que là où ils ont poussé, pour “rendre à la terre ce qu’elle a donné”.
Je laisse sur place les fanes de pommes de terre après la récolte
Je laisse sur place les fanes de pommes de terre après la récolte

Une chose importante à savoir et qui est encore trop méconnue

Beaucoup de jardiniers (j’en faisais partie) ont peur que les plantes malades contaminent le sol, ou que les maladies survivent à l’hiver et infectent les nouveaux légumes.

Heureusement, il n’en est rien. Aucune maladie ne survit dans des végétaux morts. Même le mildiou ne survit que dans le cas des bulbes de pomme de terre qui restent vivants sous la terre d’une année sur l’autre. Les organismes du sol ont le “super-pouvoir” de digérer et de faire disparaître tous ces pathogènes.

Vous pouvez donc laisser sur place vos tomates atteintes du mildiou, vos courgettes atteintes de l’oïdium ainsi que tous les autres restes de légumes malades.

Même si ce plant de tomates avait été malade, j'aurais procédé exactement pareil : le découper en tronçons et le laisser se dégrader sur place.
Même si ce plant de tomates avait été malade, j’aurais procédé exactement pareil : le découper en tronçons et le laisser se dégrader sur place.
Plant de courgettes : une partie du feuillage est malade (oïdium) mais la partie plus jeune va encore donner 2 ou 3 courgettes. Ensuite je découperai le tout et je le laisserai se décomposer sur place.
Plant de courgettes : une partie du feuillage est malade (oïdium) mais la partie plus jeune va encore donner 2 ou 3 courgettes. Ensuite je découperai le tout et je le laisserai se décomposer sur place.

Toutes ces tiges creuses vont aussi servir d’abri ou de garde-manger à toute sorte d’insectes utiles (coccinelles, carabes, araignées…). Il faut les choyer car ce sont là les futurs prédateurs des insectes qui font des dégâts à nos légumes (pucerons, limaces…).

Vous pouvez aussi compléter cette couverture en rajoutant du paillis ou du broyat, surtout si le paillis d’été a été en partie digéré et qu’il en reste moins de 5 cm. N’hésitez pas à rajouter 15 bons cm d’épaisseur, car cette couche va se tasser un peu durant l’hiver. Vous serez récompensé au printemps, car en empêchant la lumière d’atteindre la surface du sol très peu de “mauvaises” herbes auront germé et aucun désherbage ne sera à prévoir.

Pour semer ou planter des légumes dès les beaux jours, il suffira d’écarter légèrement le paillis. Pendant les 5 à 6 mois qui vont d’octobre à mars, la terre aura eu le temps de gagner de la souplesse et de la fertilité.

Ces feuilles de haricots sont complètement minées par un insecte. Ce n'est pas grave car la récolte est finie. Je vais les couper et les laisser sur place.
Ces feuilles de haricots sont complètement minées par un insecte. Ce n’est pas grave car la récolte est finie. Je vais les couper et les laisser sur place.

Et si vous voulez semer des “engrais verts” ?

Philippe a posé la question suivante dans les commentaires : “Si je laisse tous les résidus de cultures de l’année, comment semer des engrais verts ?”

C’est une très bonne question, et dans ce cas vous pouvez ramasser les restes de cultures (à l’aide d’un râteau) et les stocker dans un coin du jardin. Ensuite semer l’engrais vert. Puis on pourra remettre les résidus comme paillis quand l’engrais vert aura grandi un peu, ou bien les stocker pour avoir du paillis l’année prochaine, ou encore les mettre au tas de compost.

Si vous avez quand même envie de faire du nettoyage

À ce moment-là, vous pouvez toujours ranger les outils de jardin ou bien trier vos sachets de graines.

Et si vous voulez vraiment mettre les mains dans la terre, il reste quelques plantes indésirables à éliminer si elles menacent d’envahir le potager : je veux parler des ronces, du liseron ou du chiendent.

À votre tour maintenant : dites-nous dans les commentaires comment vous préparez votre potager pour l’hiver.

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  • un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
  • ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
lm Général

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Réponses

Les commentaires :
(les plus récents sont en premier)

  1. Sandrine Petit (var Bandol)

    Bonjour
    Je me suis mise au jardinage l année dernière
    Bon je n ai pas beaucoup de mètre carré
    Mais je me suis très bien amusé
    A faire des essais, pour la 1 année

    J ai au départ désherbé, et franchement la terre ne me plaisait pas trop
    Comme j y connais rien
    Je me suis dis
    Bon..on verra bien

    J ai plante des graines de persil
    (1 an après j en ai a revendre)
    Du thym 🍋
    Un délice pendant 6 mois
    Puis il est mort

    4 pieds de 🍅
    Dont 1 tomates cerises
    (Pas beaucoup de récolte, mais je pense qu elle n avait pas assez de soleil
    (Je les avait mise plutôt a l ombre jusqu a 16 h)

    2 pieds de concombre,(je n ai eu qu un seul concombre

    Radis….feuille manger par des insectes….
    Et 6 pieds de 🍓

    Qu a cela ne tienne
    J ai laisser faire la nature
    Mais enlevé mes pieds de tomates et concombre
    Et laisser les fraises que j ai pailler pour l hiver

    Début mars de cet année
    J ai enlevé les mauvaise herbe
    Et me dis …bon je vais faire autrement

    J ai mélanger la terre avec du bon terreau de jardinage
    Et laisser reposer 1 mois

    J ai récupérer des graines de poireaux d hiver
    Et carottes que j ai mis en godets

    Tous cela a très bien poussé
    Ils sont encore en godets avant le repiquage

    Le persil est toujours aussi abondant
    Et….a ma grande surprise
    Ce matin
    Je m aperçois
    Qu un plan de concombre a repris
    J ai deux petites feuilles

    J ai replanter des radis
    Qui m’a fois m ont l air mieux que l année dernière

    Et les fraisiers on bien grandi
    Mais me donne pour l instant
    Que deux trois fraise
    Et toutes petites

    Je rappelle
    Que mon petit potager ne fait que a peine
    5 m2

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