Généralement lorsqu’on parle d’associations de légumes au potager, on s’intéresse aux mauvais voisinages, c’est à dire quels sont les légumes qu’il ne faut pas faire pousser l’un à côté de l’autre, leur proximité entrainant un mauvais développement d’un voire des deux légumes.
La plupart de ces mauvaises combinaisons sont issues de constats faits sur le terrain, ce qui ne signifie pas forcément que ce qui a été néfaste dans un jardin potager sera néfaste chez vous.
Alors au lieu de suivre bêtement des listes ou des tableaux tout faits qui contiennent un nombre incalculable de mauvaises associations (on en trouve pléthore sur le net), j’ai décidé d’aborder les associations sous un autre angle.
Dans cette article, je vais donc vous présenter ma méthode des cultures associées à plusieurs étages. Vous allez découvrir une manière logique de placer les rangs de légumes dans les plates-bandes et d’intercaler des herbes aromatiques et des fleurs.
Que se passe-t-il quand on cultive ses rangs de légumes sans trop réfléchir à leur disposition ?
Pour grandir, les plantes ont besoin d’eau, de nutriments, d’air et de lumière. Dans un potager qui est un espace limité, les légumes ne vont-ils pas entrer en compétition les uns avec les autres ?
Si l’on gère correctement sa terre de façon à avoir un sol bien vivant et donc riche en humus, je ne crois pas que les végétaux se fassent concurrence au niveau des éléments nutritifs. Par contre, les légumes entrent en rivalité pour l’accès à la lumière et à l’espace.
Par conséquent, c’est sur la base de ces deux critères que nous allons proposer une méthode qui permet de placer les rangs de légumes les uns par rapport aux autres dans le potager, de manière à ce que chacun puisse s’épanouir et produire de beaux légumes.
Pourquoi la culture en rangs est-elle plus pratique que la culture en blocs rectangulaires d’un même légume ?
C’est parce que tout s’en trouve facilité. L’accès est plus aisé pour le désherbage et les soins à apporter. La visibilité est meilleure pour pouvoir surveiller l’apparition d’éventuelles maladies ou parasites. Au moment des récoltes, on distingue mieux les légumes qui sont mûrs et on peut les attraper plus facilement.
Et surtout, une organisation en rangs permet de simplifier la gestion des quantités à produire et d’associer correctement les différents légumes entre eux.
Les cultures à plusieurs étages
La concurrence par rapport à l’espace et la lumière conduit les plantes les plus vigoureuses à se développer au détriment de celles qui poussent plus lentement. Ces dernières sont obligées de s’allonger pour chercher le soleil, elles seront donc moins productives et plus fragiles face aux parasites.
C’est pourquoi il est préférable de disposer les légumes sur les plates-bandes en fonction de leur hauteur et de leur emprise au sol, en faisant en sorte que les légumes les plus hauts ou les plus larges ne gênent pas ceux qui poussent plus bas.
On appelle cela des cultures multi-étagées.
En pratiquant cela, on ne fait qu’imiter la nature, où il n’est pas rare qu’une plante grimpante envoie ses lianes s’appuyer sur les arbustes à proximité pour gagner sa place au soleil.
Les cultures à la fois en rangs et à plusieurs étages
Quand on mélange les deux techniques, on obtient… des cultures qui sont : à la fois en rangs, et à plusieurs étages !
Quels en sont les avantages ?
Faisons un petit retour en arrière : autrefois les gens habitaient davantage à la campagne et avaient donc de plus grandes surfaces à consacrer aux potagers. Les gens consacraient aussi beaucoup plus de temps et d’efforts physiques à entretenir et à désherber leurs cultures. Du coup, les rangs de légumes étaient beaucoup plus espacés
Aujourd’hui, la surface est devenue chère, et personne n’a envie de passer tout son temps libre dans la maintenance du potager. C’est pourquoi les potagers sont devenus beaucoup plus compacts, et les cultures en rangs à plusieurs étages permettent de tirer pleinement parti de ces contraintes.
Étager les rangs des cultures de différentes hauteur permet également d’assurer une bonne aération, ce qui diminue fortement le risque de maladies, car elles sont nombreuses à apparaître avec l’humidité.
Présentation détaillée de la méthode
Pour définir l’emplacement des différents rangs de légumes sur les plates-bandes, la méthode va tenir compte de deux choses :
- Le volume (hauteur et largeur) des plantes à l’âge adulte,
- Les mauvais voisinages à éviter.
Dans le cas d’une orientation nord-sud, les légumes les plus hauts et les plus volumineux seront cultivés dans le rang situé au centre des plates-bandes. Et de chaque côté de ce rang central, on placera 1 ou 2 rangs de légumes à développement moyen ou étroit.
Sachant que l’éclairement est le premier facteur de croissance, les avantages de cette disposition des cultures sont nombreux :
- Les légumes du rang central reçoivent parfaitement la lumière du soleil de tous les côtés, car leur rang est séparé d’au moins 1 m 60 du rang central de la plate-bande voisine (1 m 20 plus la largeur du passage de 40 cm entre les plates-bandes).
- Du fait de l’orientation nord-sud du rang, les légumes hauts produisent un minimum d’ombre portée sur les légumes plus bas, leur permettant de s’épanouir eux aussi.
- Le jardinier accède facilement à chaque rang, que ce soit pour semer/planter les légumes, leur donner des soins ou faire les récoltes.
- Les mauvais voisinages sont simples à gérer car le potager est organisé en rangs.
- Mais ce ne sont pas des monocultures pour autant car rien n’empêche d’intercaler des aromatiques et des fleurs sur le rang lui-même (voire de mélanger plusieurs légumes sur le même rang).
Pour mieux vous rendre compte de ce que cela peut donner, voici une vue en coupe d’une plate-bande d’1 m 20 de large :
La liste des légumes et l’espace occupé par chacun
Pour rendre plus facile le placement des différents légumes sur le plan, je les ai répartis en 3 catégories, en fonction du volume occupé par chaque légume (au stade adulte) :
Nous aurons donc :
- les légumes qui ont un développement très volumineux (rang de 60 cm de large),
- ceux qui ont un développement moyen (une trentaine de cm de large),
- et ceux qui ont un développement étroit (environ 15 cm de large).
Quels sont les légumes que l’on peut qualifier de volumineux ?
Ces légumes dominent les autres par la hauteur de leurs tiges et souvent aussi par la largeur de leur feuillage. Ce sont tous les légumes qui ont un port érigé ou buissonnant :
Aubergine • Blette • tous les Choux (sauf chou-rave) • Fève • Maïs • Poivron, Piment • Pomme de terre • Tomate
Et aussi les légumes que l’on fait grimper sur des tuteurs :
Haricot à rames • Pois
Tous ces légumes volumineux sont des cultures de longue durée qui vont rester longtemps en place au potager. Ils représentent le “sujet principal” de leur plate-bande, et les autres légumes devront s’adapter à eux.
Ce seront les VIP de chaque plate-bande : Very Imposantes Plantes ! 😉
Et les légumes à développement moyen et réduit ?
Commençons par les légumes à développement moyen car ils sont un certain nombre :
Betterave • Carotte • Céleri branche et rave • Chicorées • Chou-rave • Épinard • Fenouil • Haricot nain • Laitue pommée • Navet • Panais • Poireau • Radis d’hiver
Il reste les légumes à développement réduit, ils sont peu nombreux :
Ail • Échalote • Laitue à couper • Mâche • Oignon • Radis petits
Reste le cas des légumes rampants
Ce serait trop simple s’il n’y avait pas encore une autre catégorie de légumes à prendre en compte ! Il s’agit des légumes rampants.
Ces légumes développent de longues tiges ramifiées qui vont s’étaler sur une surface importante.
Ce sont :
Concombre • Courge et autres potirons • Courgette • Melon, Pastèque
Après s’être développés, ces légumes rampants ne laissent pas beaucoup de place à d’autres légumes car leurs larges feuilles sont très tapissantes. À moins de les associer avec des légumes au port vraiment dressé, comme les maïs ou les haricots à rames (c’est la fameuse milpa prisée par les indiens d’Amérique du sud).
On pourra donc cultiver les légumes rampants selon 3 modes :
- Les faire grimper sur des supports comme des “tours” bricolées en grillage, dans ce cas ils seront considérés comme des légumes volumineux.
- Ou bien les planter en bordure du potager et on les laissera courir sur la pelouse attenante, ainsi ils ne gêneront pas les autres légumes.
- Ou encore les placer sur une plate-bande normale de 1 m 20 de large (ou une zone plus grande), qu’ils occuperont à eux seuls.
La courgette est un cas à part car elle est entre les deux : pas vraiment rampante, mais trop volumineuse pour permettre de cultiver d’autres rangs de légumes à ses côtés.
Disposer les cultures en rangs
Pour aller jusqu’au bout de la démarche et tenir compte des différents volumes occupés par les légumes, nous allons disposer les cultures sous la forme de rangs dans le sens de la longueur des plates-bandes, mais pas n’importe comment.
Les légumes “volumineux” seront toujours placés sur le rang central (dans le cas d’une orientation nord-sud des plates-bandes).
Les légumes “moyens” seront placés sur un rang, de chaque côté du rang central.
Et pour les légumes “réduits”, il y aura la place d’en mettre deux rangs de chaque côté du rang central.
Il y a donc différentes combinaisons possibles, selon que les légumes se trouvent dans l’une ou l’autre des trois catégories de volume de développement.
Note : Il est évident que quand un légume est jeune, il prend forcément moins de place, mais la catégorisation d’un légume a été faite en considérant son développement à l’âge adulte.
Voici quelques cas de figure qui peuvent se présenter pour des plates-bandes d’1,20 m de large :
On se rend bien compte qu’à chaque fois, le légume du rang central est le légume le plus imposant, et que les légumes des rangs latéraux sont plus bas et plus étroits, pour les raisons d’aération et d’accès à la lumière évoquées précédemment. C’est pour cela que l’on ne fera jamais de plate-bande qui contiendrait uniquement 2 rangs de légumes volumineux (pour garder une bonne aération et éviter les maladies).
Conclusion
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur l’agencement des cultures au potager, en particulier comment arriver à faire un plan du potager qui représente de manière claire l’enchaînement des cultures saison par saison sur chaque plate-bande.
Cet article est déjà assez long (merci d’être resté jusqu’au bout !) et en fait il s’agit d’un extrait de mon guide pratique “Les associations modernisées”.
Le guide contient bien plus de détails et aborde aussi les questions suivantes :
- N’oublions pas les aromatiques et les fleurs ! Comment les intercaler ?
- Faut-il différencier la fertilisation et l’arrosage pour chaque rang ?
- Et si vos plates-bandes ne sont pas orientées nord-sud mais dans l’autre sens : est-ouest ? Ou même en biais ?
- Et si vos plates-bandes font moins d’1 m 20 de large ?
- Et si vous avez un potager en carrés ?
- Peut-on mélanger différents légumes au sein d’un même rang quand on suit ma méthode ?
- Et les plantes pérennes (vivaces) ? Où les mettre ?
Cliquer ici pour en savoir plus sur le contenu de ce guide pratique…
Dites-moi dans les commentaires…
… si vous êtes plutôt du style à placer vos rangs de légumes au petit bonheur la chance,
… si au contraire vous vous obligez à respecter les tableaux d’associations favorables/défavorables,
… ou bien si vous avez votre propre méthode pour placer vos rang les uns par rapport aux autres ?
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- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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