Une des choses les plus pénibles au potager, c’est de retourner la terre avec la bêche.
Dans cet article, je vais vous montrer les inconvénients du bêchage et les avantages de la grelinette, avec en prime deux vidéo où vous pourrez la voir en action.
Bêcher, c’est démodé !
La plupart d’entre nous ont vu leurs parents ou grands-parents se faire suer à bêcher la terre de leur potager. A l’époque, c’était l’usage et il n’y avait pas d’alternative connue.
Parmi tous les inconvénients du bêchage, je citerai ceux-ci :
- Bêcher est un travail épuisant et qui donne mal au dos.
- Quand on retourne une pelletée de terre, la végétation qui était au-dessus se retrouve enterrée. Par manque d’oxygène, sa décomposition sera lente et elle pourra même entrer en putréfaction, ce qui n’est pas idéal pour les cultures à venir.
- Le tranchant de la bêche va tuer un certain nombre de vers de terre, alors qu’ils sont nos meilleurs alliés pour aérer le sol.
- Le fait de labourer la terre va faire mourir une partie de la micro-faune qui y vit et qui participe au maintien de la qualité de la terre.
En cherchant bien, j’ai trouvé tout de même deux situations où le bêchage peut être utile :
- Quand on met en culture pour la première fois un sol compacté comme une pelouse ou un terrain remblayé après une construction.
- Pour les terres argileuses à l’extrême, un bêchage à l’automne va permettre au gel de l’hiver de faire éclater les mottes compactes (encore faut-il habiter une région où il gèle fort en hiver).
Mais ces deux situations ne perdureront pas si vous adoptez les techniques de jardinage naturel. Elles auront pour effet d’augmenter le taux d’humus de la terre, ce qui la rendra moins compacte. Au bout d’une année déjà, vous devriez remarquer une amélioration.
Le motoculteur, c’est pas mieux
L’action des fraises du motoculteur va transformer la terre en une sorte de semoule. A la première pluie, une croûte va se former à la surface et tout le travail sera à refaire.
Le poids de l’engin et ses passages répétés vont finir pas créer une “semelle de labour” compacte sous la terre. Ce sera une barrière pour les racines des légumes.
Et je ne vous parle même pas du bruit, de l’odeur, etc…
La solution idéale
Le but ultime, c’est le non-travail du sol, que l’on appelle aussi TSL (technique sans labour). J’y suis parvenu progressivement au bout de 3 années dans mon potager, en partant d’une terre argilo-limoneuse très compacte.
Pour y arriver, il faut appliquer sur toute la surface du potager les nouvelles pratiques de jardinage :
- Garder le sol couvert par des végétaux toute l’année, avec des cultures et du paillis.
- Apporter du compost maison, qui est plus vivant que le compost du commerce,
- Faire du compostage en surface, c’est ce qu’il y a de plus efficace à mon avis : plus de détails ici.
- Cultiver des engrais verts sur les parcelles inoccupées : c’est dans cet article.
- Mélanger au maximum les différentes plantes sur les parcelles potagères (légumes, herbes aromatiques, fleurs, engrais verts).
Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous recommande cet article du blog Jardinons Sol Vivant! qui explique l’importance des organismes vivants pour la structuration du sol.
Et la grelinette entre en scène
En attendant que la structure du sol se soit améliorée, le meilleur compromis pour ameublir sa terre sans la chambouler complètement, c’est d’utiliser une grelinette.
Par l’action de levier qui est faite sur les manches de la grelinette, ses nombreuses dents vont décompacter la terre, mais sans la retourner.
Pour vous montrer le mouvement, j’ai fait une petite vidéo de 9 secondes où vous allez voir que mon dos reste droit pendant toute l’action. A aucun moment je n’ai eu à forcer sur mes lombaires.
Voici tous les avantages que j’ai trouvés en utilisant la grelinette :
- En premier, je dirais la facilité d’emploi. Il n’y a besoin d’aucun apprentissage car le mouvement du corps est naturel et symétrique : 1. on appuie avec le pied pour enfoncer les dents, 2. on fait basculer les manches vers l’arrière, 3. on relève la grelinette en la faisant glisser d’une quinzaine de centimètres en arrière puis on recommence. Et c’est tout !
- Puis vient le confort de travail. Fini le mal de dos, car pendant toute la durée du mouvement, le dos reste droit et ne subit aucun effort. Les 2 manches font travailler les bras de façon naturelle. On ne soulève pas la grelinette mais on la fait glisser d’une quinzaine de centimètres en reculant à chaque pas. C’est beaucoup moins fatiguant que de soulever des pelletées de terre à la bêche.
- La rapidité : je vais peut-être 5 fois plus vite pour aérer une parcelle à la grelinette qu’à la retourner avec une bêche. Regardez la seconde vidéo ci-dessous pour en avoir une idée.
Contrairement aux idées reçues, un motoculteur n’irait pas plus vite car il nécessite plusieurs passages.
Suite des avantages :
- L’arrachage des “mauvaises” herbes : le mouvement de la grelinette va les déraciner et un passage au croc va permettre d’enlever la partie aérienne. Il sera ensuite relativement facile pour le jardinier d’aller fouiller la terre pour retirer les racines des herbes les plus coriaces, celles qui stockent leur énergie dans leurs racines et qui peuvent resurgir à tout moment comme par exemple le liseron ou le chiendent.
- Le respect du sol : j’en ai déjà parlé plus haut, la grelinette épargne les vers de terre et ne dérange presque pas les bactéries, les champignons microscopiques, et tous les très petits insectes qui vivent sous terre.
Ces précieuses petites bêtes ont pour rôle de transformer la matière organique (fumier, compost, tontes de gazon, végétaux coupés) en humus, ce qui va créer la véritable fertilité de la terre.
La grelinette a aussi quelques inconvénients :
- L’investissement de départ est plus cher qu’une bêche classique (mais bien moins qu’un motoculteur !)
- Le poids d’une grelinette à 4 dents est à peu près une fois et demi celui d’une bêche (ne parlons pas du motoculteur !), mais ce poids se ressent uniquement au moment du rangement et pas du tout pendant son utilisation, car on ne soulève jamais la grelinette, on la fait glisser.
Comme c’est le cas après un bêchage, le travail n’est pas tout à fait fini après l’utilisation de la grelinette. Il reste à briser les mottes les plus grosses (avec un croc par exemple) puis à donner un coup de râteau. Et ensuite, place aux semis et aux plantations !
Où trouver une grelinette ?
Il existe plusieurs largeurs de grelinettes : de 3 à 5 dents.
Je conseillerais de prendre une 5 dents si votre terre est plutôt sableuse ou limoneuse, ou bien si vous avez une bonne force physique. Par contre dans le cas d’une terre argileuse ou bien qui n’aurait jamais été travaillée auparavant, une 4 dents sera plus appropriée.
Je ne vois pas trop l’utilité d’une 3 dents sauf pour les très petits potagers (moins de 10 m²) mais dans ce cas une fourche-bêche fera aussi bien l’affaire.
On peut acheter sa grelinette en jardinerie ou par correspondance. Comme souvent, la qualité de fabrication va dépendre du prix que l’on est prêt à mettre.
Autour de 60€, on trouvera des modèles sans marque, d’origine chinoise. Attention, ils sont moins robustes que les marques françaises. Des lecteurs m’ont rapporté qu’ils ont eu des dents tordues. Donc à réserver plutôt pour les terres légères.
À environ 80€, on commence à trouver des modèles sérieux. Celle que j’utilise depuis de nombreuses années, c’est la 5 dents de chez Leborgne. Elle a l’avantage d’avoir des dents vissées, donc facilement remplaçables, mais ça ne m’est jamais arrivé d’en tordre une, et pourtant ma terre est lourde !
On peut la trouver dans certaines jardineries et par correspondance. En fait, elle est livrée démontée dans un colis compact, et il ne reste plus qu’à mettre les manches pour qu’elle soit opérationnelle.
Ensuite les prix s’envolent, de 100€ à plus de 150€ pour certains modèles forgés.
La fourche-bêche, une mini-grelinette ?
Pour les petits potagers (moins de 10 mètres carrés) et les potagers en carrés, la fourche-bêche est une bonne alternative. Elle permet d’aérer la terre comme le ferait une grelinette.
Je m’en sers souvent pour aérer au milieu de la saison de petites zones de mon potager qui sont entourées par d’autres cultures.
Mais on perd le côté “anti-mal de dos” de la grelinette.
Mon expérience personnelle
Comme d’habitude, tout est histoire de compromis ! 😉
Vaut-il mieux refuser d’enfoncer le moindre outil dans son sol, sous prétexte de ne pas déranger la micro-faune qui y vit ?
Quitte à garder un sol trop compact qui va manquer d’oxygène, limitant par la même occasion le développement de cette même micro-faune ?
Ou au contraire, ne serais-ce pas plus utile d’aérer légèrement le sol aux endroits où la terre s’est compactée, donnant ainsi la possibilité aux vers de terre de continuer le travail ?
Dans mon potager, il y a certaines plates-bandes dont la terre est devenue souple et grumeleuse au fil des années :
ce sont celles qui sont les mieux exposées et qui reçoivent donc les cultures de légumes du soleil (courges, tomates, etc…), avec un bon apport de compost à la plantation.
Sur ces parcelles, je n’ai plus besoin de travailler le sol, c’est la panacée.
Par contre, sur les plates-bandes qui sont à mi-ombre au fond de mon potager, où je cultive des légumes à faible développement racinaire (épinards, laitues, oignons…), la terre s’améliore beaucoup moins vite et se recompacte à chaque saison.
De plus, il y a des mulots qui creusent de nombreuses galeries sous mon potager. Heureusement ils s’intéressent assez peu aux légumes, mais j’ai l’impression qu’une bonne partie de l’eau d’arrosage va se perdre en coulant dans ces galeries, sans parler de certaines plantation qui n’aiment pas rencontrer un sol creux.
Du coup, je suis obligé de faire deux passages par an avec la grelinette, juste avant les cultures de printemps et juste après la fin des cultures d’été.
Pour conclure
Ne manquez pas de lire les nombreux commentaires sous l’article. C’est très intéressant de connaître l’expérience des autres (et pas seulement la mienne), il y a plein de choses à apprendre.
Alors, allez-vous jeter la bêche cette année et commencer à “greliner” ?
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- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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