Une chose que j’aime bien faire en automne, c’est réfléchir à comment s’est passée l’année potagère qui vient de s’écouler. Et me demander ce que j’aimerais faire l’année prochaine : quelles sont les choses à continuer, quelles sont les choses à arrêter ou à faire différemment ?
L’automne est un bon moment pour cela car le potager est maintenant quasi au repos, on n’est plus dans le feu de l’action. Et si on a eu des déboires, ils sont maintenant assez loin pour pouvoir y repenser sans trop d’amertume, vous ne pensez pas ?
Je trouve que la période automnale est propice à ce genre de réflexion car on a l’esprit plus détendu concernant le potager : en effet, on n’est pas encore entré en mode “planification détaillée” (ça viendra plutôt vers le mois de janvier) et la saison qui vient de se terminer est encore fraîche dans nos mémoires. Profitons-en donc pour prendre un peu de recul et regarder comment s’est passée l’année globalement.
Alors comment allons-nous procéder ?
À travers des exemples personnels, je vais vous guider pour faire le bilan de votre potager. Vous allez découvrir trois questions à se poser pour évaluer la saison passée et préparer l’année à venir. Et puis avec les réponses que vous aurez trouvées, nous verrons ce que vous pourrez faire pour les concrétiser et mettre en place des actions pour l’année prochaine.
Je vous invite donc à prendre une tasse de thé (ou votre breuvage favori), un papier et un crayon, et à vous installer confortablement pour lire la suite de cet article.
Première question : quelle a été votre plus grande satisfaction ?
Pour certains, la plus grande satisfaction sera les légumes qui ont le mieux marché, ceux qui ont eu les plus gros rendements.
Pour d’autres, ce sera plutôt l’apaisement apporté chaque soir en faisant un tour au potager pour se changer les idées après une dure journée au travail.
Pour moi c’est un peu un mélange des deux. J’apprécie que les efforts fournis pour cultiver mes légumes soient récompensés par de belles récoltes, mais même quand certaines productions ont été décevantes, je garde quand même en mémoire les bons moments passés à m’occuper de les semer, les planter et les entretenir.
Côté récoltes, j’adore le goût subtil des tomates de variétés anciennes, une de mes préférées étant la ‘Rose de Berne’, même si les plants sont nettement moins productifs que des tomates plus modernes.
Mais il n’y a pas que le côté “légumes” à prendre en compte : la manière de travailler, de s’organiser peut aussi être source de joie.
À chaque début d’année en janvier, j’établis mon calendrier de culture détaillé, avec pour chaque quinzaine de février à octobre, la liste détaillée des variétés de légumes que je compte semer. Le fait d’établir cette planification en plein milieu de l’hiver, à une période où on n’a pas trop envie de mettre le nez dehors, ça me réjouit par avance de savoir que je vais cultiver tous ces bons légumes !
Et ensuite tout au long de l’année, quand j’applique ce calendrier (avec bien sûr toujours quelques petits ajustements en fonction de la météo), je suis vraiment soulagé de ne plus avoir à me demander quelle quantité de tel ou tel légume je dois semer et à quel endroit le placer sur mes plates-bandes.
Parfois ce n’est pas facile de se souvenir exactement de ce qui s’est passé, surtout si comme moi vous commencez vos semis en février. Pour retrouver la mémoire, on peut regarder les photos qu’on a prises tout au long de l’année (pour ma part j’ai une routine où tous les premiers du mois je fais une photo de chacune de mes plates-bandes). On peut aussi aller faire un tour sur place au potager, car en voyant les lieux, la mémoire revient. Et si on a tenu un cahier de jardin, on peut relire les notes qu’on avait écrites durant l’année.
Avant de poursuivre votre lecture, je vous invite à prendre maintenant quelques minutes pour réfléchir et trouver ce qui vous a donné le plus de plaisir au potager cette année…
Une fois que vous aurez fait la liste de tout ce qui vous a apporté de la satisfaction au potager cette année, demandez-vous si ce serait souhaitable dans certains cas d’aller un peu plus loin l’année prochaine ?
Mais ne vous méprenez pas, ce n’est pas une obligation ! L’idée n’est pas de pousser au rendement des cultures mais plutôt, si on prend l’exemple de quelqu’un qui serait très fier d’avoir réussi à être autonome en salades entre les mois de mai et de septembre, est-ce qu’il ne voudrait pas essayer d’avoir aussi de la salade tout l’automne et même une partie de l’hiver ?
Ou alors une culture qui a tellement bien produit chez vous que vous auriez envie d’en cultiver plus pour partager les récoltes avec vos proches.
Deuxième question : qu’est-ce qui vous a le plus mécontenté ?
Est-ce que votre potager vous a par moment épuisé physiquement ou mentalement ? Peut-être que les mauvaises herbes ont pris le dessus et que le découragement vous a submergé et vous n’avez pas eu la force de remettre la parcelle en ordre pour y faire pousser des légumes ?
Ou peut-être qu’un aléa climatique a compromis une partie de vos cultures, comme ce fut le cas pour moi avec ce terrible orage de grêle qui a ravagé mon potager au mois de juin.
Vos légumes ont-ils été atteints par des maladies ou par des ravageurs ? Je pense aux punaises vertes contre lesquelles j’ai lutté toute la fin de l’été en essayant différentes méthodes pour les éloigner, sans succès.
Il y a aussi les conditions climatiques, que ce soit le froid et l’humidité au printemps ou la canicule en été, qui vous ont pu par moments vous faire baisser les bras quand il fallait s’occuper du potager.
Je trouve que c’est important, si on veut garder du plaisir à faire son potager, de prendre conscience également des “déplaisirs” et des contrariétés qu’il nous a fait subir.
Néanmoins je ne crois pas que l’on puisse totalement les éviter, il y aura toujours des échecs et des ratages, cela fait partie intégrante de la vie des plantes et des humains. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir pour essayer d’améliorer les choses.
Il y a un autre aspect que je voudrais aborder, c’est l’état d’esprit avec lequel on aborde ce loisir qu’est le potager. Quelles sont les attentes que nous y plaçons (et elles sont différentes pour chacun d’entre nous). Car comme dans beaucoup de domaines, la frustration surgit lorsque les résultats sont en deçà de nos attentes. Ou si on le tourne dans l’autre sens : quand nos attentes sont trop élevées. Peut-être sommes-nous parfois trop exigeants ?
Après-tout, nous ne sommes pas des maraîchers professionnels et nous n’avons donc pas le même niveau de maîtrise ni la même quantité de temps à y consacrer, il arrive donc que certaines cultures échouent et c’est tout à fait normal ! Il faut l’accepter. Je vous encourage à adopter un esprit ouvert chaque fois que vous entrez dans votre potager, en vous attendant à ce que tout ne se déroule pas comme prévu, surtout en sachant que l’on ne pourra jamais tout contrôler, en particulier la météo !
Si un légume ne veut pas pousser correctement plusieurs années de suite, il ne faut pas hésiter à lâcher prise. Cela ne veut pas dire qu’on l’abandonnera pour toujours, mais peut-être pendant un ou deux ans le temps d’améliorer son sol ou de progresser en planification. Gardez en tête que votre potager n’est pas figé, il évolue chaque année en fonction de vos désirs.
Il y a aussi la taille du potager qui joue un rôle. L’un des avantages d’avoir un potager assez petit, c’est que même des corvées comme le désherbage peuvent être un plaisir (de faire une activité physique au grand air). Donc la question à se poser est : est-ce que la taille de mon potager est adaptée à mes moyens physiques actuels et au temps que je peux y passer ? Revoir la surface cultivée à la baisse peut être un grand soulagement.
Avant de continuer, je vous invite à réfléchir quelques instants pour faire la liste des principales choses qui vous ont mécontenté cette année au potager…
Troisième question : que voudriez-vous qui soit différent l’année prochaine ?
Je veux parler des choses que l’on peut contrôler, des choses qui dépendent de nous. On ne dira donc pas “je voudrais qu’il y ait moins de canicule” mais plutôt “je voudrais que mes légumes résistent mieux à la canicule”.
Le but ici n’est pas de viser la perfection mais la progression :
- Qu’est-ce que je voudrais être avec mon potager ? Être plus détendu(e), plus cool ? Ou au contraire être plus assidu(e), plus organisé(e) ?
- Que voudrais-je avoir en plus ou en moins ?
- Quoi faire pour y arriver ?
Concernant les choses qu’on aimerait augmenter : voudrait-on récolter plus de tomates, cultiver plus de variétés différentes de salades, avoir plus de compost, avoir plus de temps ?
Qu’aimerait-on faire qu’on ne faisait pas avant ? Ajouter quelques fleurs au potager pour attirer les pollinisateurs, améliorer sa terre en hiver en cultivant des engrais verts, établir un calendrier pour enchaîner ses cultures ?
À contrario, que voudrait-on en moins ? Par exemple j’ai eu une surproduction de concombres cette année, donc je vais en planter moins l’année prochaine.
Autre exemple : si on s’est senti débordé au mois de mai lors de la mise en place des cultures d’été, on voudrait moins de stress l’année prochaine. Soit on s’organisera pour être mieux préparé, soit on diminuera le nombre de cultures, quitte à laisser de la place libre pour faire un potager d’automne/hiver.
Pour finir je vous propose une fiche
Oui c’est une fiche “Bilan des cultures” à télécharger et à imprimer. Elle est extraite du Cahier de Jardin que j’édite chaque année.
Pour chaque légume que vous avez cultivé, vous pourrez noter votre appréciation avec l’une des trois émoticônes et expliquer la raison de votre note en quelques mots.
Cliquez ici pour accéder à la fiche (c’est un téléchargement direct, aucune adresse mail ne vous sera demandée).
À votre tour
Racontez-moi dans les commentaires, non pas tout votre bilan, mais juste quelle est la chose qui vous a le plus mécontenté cette année au potager ?
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Parce que ce n’est pas facile de réussir son potager naturel à tous les coups, je prépare pour vous chaque semaine :
- un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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