Les jours rallongent et les températures se radoucissent. Quelques belles journées ensoleillées vous donnent un avant-goût de printemps. C’est très agréable et vous rêvez déjà de commencer les premiers semis de radis ou de planter de beaux petits plants de laitues.
Mais quand vous vous retournez pour regarder dans quel état se trouve le potager, il a encore ses habits d’hiver : un paillis plus ou moins décomposé, ou alors une culture d’engrais verts en train de pousser, ou bien au pire, un sol qui est restée lamentablement à nu tout l’hiver.
Comment reprendre la terre pour qu’elle soit prête à accueillir les nouvelles cultures ?
- À quel moment faut-il dépailler le sol ou bien couper les engrais verts ?
- Est-il indispensable de travailler la terre avant d’y semer ou planter quelque chose ?
- Comment la fertiliser ?
Voilà toutes les questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cet article.
Réchauffer la terre à la fin de l’hiver
Tant que la terre est froide, l’activité biologique du sol est ralentie, il y a donc peu de libération d’éléments nutritifs, et les plantes n’ont pas encore assez “à manger”. C’est particulièrement vrai pour l’azote, il n’y a qu’à regarder les champs de blé qui jaunissent souvent début mars (et les agriculteurs vont leur apporter cet azote sous forme d’engrais).
En effet, c’est quand la température de la terre (pas de l’air) remonte vers les 8 à 10°C que les bactéries et autres organismes du sol se remettent en activité. Il est facile de le savoir en enfonçant dans la terre un thermomètre à sonde (de type cuisine) à 5 cm de profondeur.
En région froide (nord-est de la France) ou en région montagneuse, la saison potagère est plus courte, alors cela vaut le coup de se donner un peu de mal pour que la terre se réchauffe plus vite au printemps.
Mais tous les jardiniers qui voudraient avancer leurs cultures de dix à quinze jours peuvent faire ce qui suit !
On dépaillera donc les parcelles du potager deux ou trois semaines avant l’installation des cultures, c’est-à-dire fin mars / début avril dans les régions les plus fraîches, et un peu avant dans les autres régions.
Ce n’est jamais bon pour une terre d’être à nu, car les pluies battantes, le vent et les intempéries à répétition vont finir par la tasser. Et une terre qui s’est compactée va se retrouver dans un état dégradé, elle aura perdu sa structure grumeleuse, les vers de terre seront moins actifs, elle va perdre en fertilité.
Alors que faire pour l’éviter ? Je vais détailler un peu plus loin mais je vous donne tout de suite la réponse : c’est d’étaler une couche de compost à la surface de la terre. Ce compost aura 3 effets bénéfiques : un effet protecteur (il amortira les pluies), un effet nourricier (il fertilisera la terre) et un effet chaleur (sa couleur sombre chauffera au soleil).
Pour ceux comme moi qui cherchent l’efficacité et le moindre effort,
l’idéal c’est d’avoir mis juste la bonne épaisseur de paillis au début de l’automne pour qu’il ait presque disparu à la fin de l’hiver. Quand je dis “presque disparu”, je veux dire que ce paillis s’est décomposé dans sa plus grande partie et que l’on voit la terre à travers. Dans ce cas, il n’y a rien à faire, ce n’est pas la peine de le ratisser, la terre se réchauffera quand même car elle est en partie exposée au soleil.
C’est déjà super si vous avez mis du paillis, mais…
le top du top, c’est d’avoir toute l’année des plantes vivantes qui poussent dans la terre du potager.
Pendant l’hiver, cela peut être des cultures de légumes d’hiver (poireaux, mâche, choux parmi tant d’autres) ou alors des plantes dites “engrais verts”.
Dans les deux cas, vous avez des racines vivantes qui travaillent votre sol pendant l’hiver, qui reçoivent l’énergie solaire, qui font de la biomasse, et qui captent même de l’azote pour certaines d’entre-elles.
Bon à savoir : les plantes vivantes réchauffent plus vite la terre qu’un paillis (mais moins vite qu’une terre nue) car elles assèchent le sol (phénomène de transpiration), ce qui diminue son inertie thermique.
Si on a mis des engrais verts, quand les couper ?
Je sais que beaucoup d’entre vous savent faire pousser des plantes engrais verts, mais peu savent comment les “détruire” et surtout à quel moment.
Ces doutes que vous avez sont tout à fait normaux car il y a de nombreuses possibilités, et je vais vous présenter ici celles que je trouve les plus utiles pour un potager qui, rappelons-le, n’est pas un champ agricole mais a pour vocation de produire des légumes une grande partie de l’année.
Le moment idéal pour faucher un engrais vert c’est au stade de la floraison. C’est à ce moment-là qu’il est à son maximum de développement, autant par son feuillage que ses racines (l’ensemble formant ce qu’on appelle la biomasse). Si on attend plus tard, les tiges vont devenir dures et ligneuses (donc plus difficiles à couper et plus longues à se décomposer).
À l’inverse, si on coupe ces plantes avant leur floraison, on tire un trait sur une partie de la biomasse qui aurait pu continuer à augmenter, et les plantes encore jeunes et vigoureuses auront une plus grande tendance à repartir et à faire des repousses (si on laisse les racines dans le sol).
Vous vous doutez bien qu’une fois de plus, il va falloir faire un compromis !
Surtout que si l’on a semé un mélange de plusieurs espèces différentes d’engrais verts, il y a très peu de chances qu’elles fleurissent toutes en même temps !
Car la plupart du temps, on a besoin de remettre en culture des parcelles potagères avant que les engrais verts (semés à l’automne précédent) aient atteint ce fameux stade de la floraison, qui survient en mars pour la moutarde, en avril pour la féverole ou la vesce et en mai pour le seigle.
Il ne faut donc pas avoir d’hésitation à arracher les engrais verts avant leur maturité complète, et si vous avez encore des scrupules, dites-vous qu’ils auront quand même fait la plus grande partie de leur travail en explorant la terre avec leurs racines vivantes pendant tout l’hiver.
En pratique, il m’arrive chaque année d’arracher mes engrais verts le jour même où je plante des pommes de terre ou des choux (en mars) et pareil pour les tomates (en mai).
Une autre possibilité que l’on peut appliquer quand on doit planter des légumes à grand espacement (tomates, courges…), c’est d’éclaircir les engrais verts uniquement aux endroits où l’on a prévu de planter les plants, en veillant à bien dégager un cercle assez grand autour du trou de plantation afin que la lumière du soleil puisse atteindre les jeunes plants.
Il faut que je vous parle tout de même d’un inconvénient des engrais verts qui est rarement évoqué :
dans le cas d’un mois d’avril avec peu de pluies, il y a un gros risque que les plantes engrais vert (qui sont maintenant bien développées) assèchent la terre (phénomène de transpiration des végétaux). Dans ce cas, on se retrouve ensuite avec une terre trop dure, qui manque d’activité biologique et qui devient très difficile à travailler.
Deux solutions s’offrent à nous : apporter l’eau manquante en irriguant régulièrement, ou alors rabattre les tiges des engrais verts en les coupant à 10 cm du sol. Ainsi leur surface foliaire s’en trouvera fortement réduite et elles évaporeront beaucoup moins d’eau. Pas d’inquiétude, elles vont s’en remettre et continuer à pousser sans problème !
Que faire des tiges, peut-on laisser les racines ?
Là aussi, nous allons distinguer ce qui se passe idéalement dans un champ agricole et comment nous pouvons l’adapter pour nos potagers.
L’un des objectifs des engrais verts, c’est d’augmenter la quantité de matière organique dans le sol. Après fauchage, les racines sont laissées en terre où elles vont se décomposer. Les tiges et les feuilles sont enfouies à faible profondeur (pas plus de 10 cm) pour pouvoir se décomposer en présence d’air (et éviter une fermentation néfaste).
Mais tout ceci ne se fait pas instantanément, il faut compter 6 à 8 semaines voire même plus si on le fait au début du printemps quand les températures sont encore basses et que l’activité biologique tourne au ralenti.
À moins d’avoir de la surface à revendre, peu de jardiniers peuvent se permettre d’attendre ce temps-là, car cela voudrait dire faire une croix sur les cultures de printemps et ne pas commencer à semer et à planter avant le mois de juin !
Voici donc comment je procède chaque année :
j’attends le dernier moment pour arracher les engrais verts, quelques jours avant de mettre en place une nouvelle culture de légumes, parfois le jour même.
Comme la surface de mon potager n’est pas très grande (et que je ne fais pas tout en une fois), je préfère arracher purement et simplement les engrais verts en tirant dessus à la main, la racine venant avec. C’est beaucoup moins fatiguant que de les couper à ras avec un outil (cisailles, houe ou même tondeuse à gazon), et il n’y a pas ou très peu de racines qui restent dans la terre, ce qui permet de préparer un lit de semis sans morceaux grossiers qui gêneraient la levée des graines.
À noter que si l’on ne fait pas de semis mais des plantations, on peut très bien laisser en terre les racines des engrais verts (sauf celles des graminées comme le seigle qui ont tendance à repousser). Les jeunes plants n’en seront aucunement gênés.
Que faire des engrais verts arrachés ?
On peut les mettre au tas de compost, mais je préfère les laisser sur place. Ils vont former un premier paillis qui va sécher et se décomposer assez rapidement (car c’est de la matière verte et fraîche) et la terre n’en sera que bonifiée.
Doit-on travailler la terre et la fertiliser ?
Là aussi, différentes stratégies sont possibles et vont dépendre de la nature de votre terre et de votre façon de voir les choses.
Seules les terres extrêmement bien structurées (par des apports de matières organiques réguliers année après année) peuvent se passer complètement de travail du sol.
Si vous avez cette chance (provoquée par vos actions) tant mieux, c’est autant de boulot en moins ! Pour ma part, j’y serais presque mais il se trouve qu’il y a un élément perturbateur dans mon potager : ce sont les mulots. Ils creusent une multitude de galeries sous les légumes (bizarrement ils ne les boulottent quasiment pas à part quelques pommes de terre) et cela donne un sol creux dans lequel les racines rencontrent du vide et par où l’eau d’arrosage se perd.
C’est pour cela que je suis obligé de faire un passage à la grelinette deux fois par an pour détruire les galeries des mulots.
Prenons maintenant le cas d’une terre en cours d’amélioration,
mais qui a tendance à se recompacter pendant l’hiver. Si on veut avoir de beaux légumes, il va falloir l’ameublir, et si on veut qu’elle s’améliore, il va falloir l’amender.
Pour l’ameublir, le mieux c’est un passage avec la grelinette (ou la fourche-bêche). Sur ce blog vous ne me verrez jamais conseiller l’utilisation d’un motoculteur (à part pour le retournement initial du terrain au moment de la création d’un potager).
C’est aussi l’occasion d’épandre du compost…
… si on ne l’a pas fait en automne. Une petite couche suffit pour maintenir une bonne fertilité de la planche de culture : 1 cm d’épaisseur, ce qui revient à mettre un seau de 10 litres de compost par mètre carré. C’est la “dose d’entretien”.
Par contre si la terre manque de structure et a besoin d’être amendée, on pourra doubler (voire tripler pour une terre vraiment pauvre) la quantité de compost.
Je ne suis pas adepte des engrais en poudre du commerce, mais pour ceux qui souhaitent en mettre, c’est à ce moment que ça se fait.
Le compost c’est juste en surface ou bien faut-il l’enfouir ?
C’est une très bonne question ! Je répondrais que ça dépend de deux choses : si la terre est drainante / si la région est pluvieuse.
En terre très drainante (sol sableux) ou en région pluvieuse, on peut se contenter d’épandre le compost à la surface car il sera rapidement absorbé par la terre.
Par contre en sol argileux (terres lourdes) ou en région où la pluviométrie est relativement faible (et aussi dans le cas d’une terre très pauvre d’un potager nouvellement créé), le compost profitera mieux à la terre si on le mélange à celle-ci sur une profondeur de 5 à 10 cm.
Pour finir et pouvoir semer et planter des légumes, il restera à émietter et égaliser la terre. Le râteau est l’outil parfait pour cela.
Faites avec la météo plus qu’avec le calendrier !
Rien ne sert de préparer sa terre si elle est détrempée. S’il a plu à verse récemment chez vous, il faut absolument attendre que l’eau se soit évacuée vers les profondeurs.
Sinon vous allez faire plus de mal que de bien en voulant travailler la terre car elle se tasse plus facilement que si elle était sèche. Sans parler que ça va diablement coller aux outils !
Et si les mauvaises conditions météo ne vous permettent pas de tenir votre planning des cultures, pourquoi ne pas faire vos propres plants pour tous ces légumes, en les semant dans des godets bien à l’abri à la maison ?
À part les carottes et les radis, je sème absolument tous mes légumes en godets. Ceux qui se cultivent au printemps sont prêts généralement 3 semaines à un mois plus tard. Cela me laisse largement le temps de préparer les plates-bandes potagères qui vont les accueillir.
Si vous avez des questions sur tout ce qu’on vient de voir, on se retrouve dans les commentaires !
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- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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