Les courges, avec leurs formes généreuses et leurs saveurs douces, occupent une place de choix dans nos potagers. Mais pour en profiter pleinement, il ne suffit pas seulement de les cultiver : il faut aussi savoir les récolter au bon moment, les conserver le plus longtemps possible et comprendre leur pollinisation pour éviter les idées reçues sur les croisements. Voici un tour d’horizon des bonnes pratiques pour savourer vos courges tout l’hiver et récupérer les graines.

Quand et comment récolter vos courges au bon moment
Après de longs mois de soins et d’attente, vos courges (potimarrons ou autres variétés) sont enfin prêtes à être récoltées. Mais attention : tout se joue dans le timing. Trop tôt, elles manqueront de goût et de sucre, trop tard, elles risquent de ne pas bien se conserver, voire d’être abîmées par le gel. Voici les conseils essentiels pour réussir votre récolte au bon moment.
Récolter pour une consommation immédiate
Si vous souhaitez déguster vos courges tout de suite, inutile d’attendre leur maturité complète. Dès qu’elles commencent à prendre une belle coloration (orange, vert foncé ou jaune foncé selon les variétés), vous pouvez les cueillir. Certes, elles seront légèrement moins sucrées et parfumées qu’à pleine maturité, mais elles se révéleront déjà très bonnes en cuisine.
Récolter pour une longue conservation
En revanche, si votre objectif est de stocker vos courges pour tout l’hiver, la patience est de mise. Attendez qu’elles soient parfaitement mûres :
- Leur couleur doit être bien marquée.
- Le pédoncule doit être complètement sec.
- Le feuillage alentour jaunit, voire se dessèche entièrement.
C’est à ce stade que vos courges auront les meilleures qualités gustatives et la meilleure capacité de conservation.
Attention aux premières gelées
Les gelées sont l’ennemi numéro un des courges encore présentes au potager. Récoltez-les impérativement avant l’arrivée du froid. Si une petite gelée passagère de -1 à -2 °C est annoncée, et que vos courges ne sont pas récoltables car pas assez mûres, vous pouvez tenter de protéger vos plants avec un voile d’hivernage… mais uniquement si ce voile est bien sec et tenu à distance des fruits grâce à des arceaux ou des ficelles. Sinon, le contact humide du voile risquerait d’aggraver les dégâts.
La bonne technique de récolte
Pour couper vos courges, privilégiez un sécateur bien aiguisé. Cela permet :
- de conserver un pédoncule suffisamment long, gage d’une meilleure conservation,
- d’éviter de blesser la peau du fruit, ce qui pourrait favoriser les pourritures.
Une fois récoltées, laissez vos courges quelques jours dans un endroit sec et aéré avant de les rentrer. Cela favorise la cicatrisation de la tige et prolonge leur durée de conservation.
Trois astuces pour conserver vos courges tout l’hiver (et même plus !)
Qui n’a jamais connu cette déception ? Après avoir récolté de magnifiques courges en automne, on espère en profiter tout l’hiver… mais, au fil des semaines, elles commencent à pourrir et, dès Noël, il n’en reste plus une seule de consommable. Pourtant, il existe des gestes simples qui permettent de prolonger leur conservation jusqu’à la fin de l'hiver, voire jusqu’à la fin du printemps.
Voici trois astuces essentielles pour conserver vos courges longtemps et en bon état.
1. Préparer le terrain dès l’été
La bonne conservation commence bien avant la récolte. Pendant l’été, il est important de :
- limiter les adventices (mauvaises herbes) pour garder un feuillage bien aéré,
- éviter l’humidité stagnante qui favorise l’apparition de maladies comme le mildiou ou l’oïdium.
Des plants en bonne santé donneront des fruits robustes, capables de mieux se conserver une fois récoltés.
2. Soigner la récolte
Le moment de la récolte est crucial.
- Utilisez un sécateur pour couper le pédoncule le plus long possible : un pédoncule court réduit la durée de conservation.
- Manipulez vos courges avec soin : leur peau est fragile, et une simple égratignure peut déclencher une pourriture plus tard.
- Laissez-les ensuite sécher 10 à 15 jours dans un endroit chaud et bien ensoleillé : une serre, une véranda, ou simplement derrière une fenêtre plein sud. Cette étape permet au pédoncule et à la peau de cicatriser et d’augmenter la durée de conservation.
3. Choisir le bon lieu de stockage
Contrairement aux idées reçues, la cave n’est pas forcément idéale. Trop humide, elle peut accélérer les pourritures. Préférez une pièce tempérée, autour de 18 à 20 °C, bien ventilée et sèche. Une pièce de la maison normalement chauffée convient très bien.
- Disposez vos courges sans les entasser : laissez de l’air circuler entre elles.
- Surveillez régulièrement vos réserves et consommez en priorité toute courge qui présente une tache suspecte.
Avec ces précautions, vos courges traverseront l’hiver sans problème… et certaines pourront même patienter jusqu’à la fin du printemps.

Tout savoir sur la pollinisation des cucurbitacées
Pastèques, melons, concombres, courgettes, butternuts, potimarrons… Les cucurbitacées sont parmi les stars de nos potagers. Mais leur pollinisation reste souvent source de confusion : on entend dire que melons et pastèques peuvent s’hybrider, que les courgettes se croisent avec les butternuts… En réalité, les choses sont beaucoup plus simples qu’il n’y paraît. Voici les bases pour comprendre et bien gérer la pollinisation de vos cucurbitacées.
Le fruit est déjà inscrit dans la graine
Un point essentiel à retenir : le fruit que donne une plante est inscrit dans son patrimoine génétique dès la graine.
- Si vous semez une graine de courgette verte, elle donnera forcément des courgettes vertes, quelle que soit la pollinisation.
- En revanche, les graines issues de ce nouveau fruit peuvent donner des plantes différentes si elles ont été fécondées par une autre variété.
C’est donc au moment où vous ressemerez vos propres graines que les surprises apparaîtront.
Attention aux graines issues du commerce (même bio)
Un autre point souvent mal compris : ce n’est pas parce qu’une courge est vendue en agriculture biologique qu’elle est reproductible à l’identique.
- Beaucoup de maraîchers bio utilisent des hybrides F1.
- Si vous gardez les graines de ces fruits, vous n’obtiendrez pas forcément la même variété l’année suivante.
Pour conserver fidèlement une variété, il faut s’assurer qu’elle n’est pas issue d’un hybride F1.
Et si vous voulez récupérer les graines pour les semer l'année prochaine :
L’hybridation, qu’est-ce que c’est ?
Lorsque les abeilles ou d’autres insectes passent d’une fleur à une autre, elles transportent du pollen. Si ce pollen vient d’une autre variété de la même famille, les deux variétés peuvent se mélanger. C’est ce que l’on appelle l’hybridation.
- Le fruit récolté cette année reste normal : il garde les caractéristiques de la graine que vous aviez semée.
- En revanche, les graines contenues dans ce nouveau fruit ne seront plus fidèles. Si vous les ressemez l’année suivante, vous risquez d’obtenir des courges étranges : difformes, moins savoureuses, ou très différentes de celles que vous espériez.
C’est pourquoi, si vous souhaitez faire vos propres graines, il est essentiel de savoir quelles variétés se mélangent entre elles… et quelles autres restent “pures”.
Les familles les plus courantes
Les cucurbitacées cultivées au potager se répartissent en plusieurs familles botaniques :
- Cucurbita pepo : courgettes, pâtissons, courges spaghetti…
- Cucurbita maxima : potirons, potimarrons…
- Cucurbita moschata : butternuts, musquées de Provence, longues de Nice…
- Cucumis melo : melons (et le concombre d’Arménie).
- Cucumis sativus : concombres et cornichons.
- Citrullus lanatus : pastèques.
Ce qui s’hybride (évitez de récupérer les graines)
À l’intérieur d’une même famille, toutes les variétés peuvent se croiser entre elles. Donc dans le cas où vous comptez récupérer les graines, vous ne cultiverez pas deux (ou plus) variétés de la même famille.
- Exemple : une courgette peut s’hybrider avec un pâtisson (tous deux en C. pepo).
- Même chose pour un potimarron avec un potiron (C. maxima), ou une butternut avec une musquée de Provence (C. moschata).
Dans ces cas-là, les fruits récoltés cette année seront très bons, mais leurs graines ne donneront pas des plantes identiques l’année suivante.
Ce qui ne s’hybride pas (donc sans risque pour récupérer les graines)
Entre familles différentes, aucun croisement n’est possible, donc vous pouvez les cultiver ensemble au potager.
- Une courgette (C. pepo) ne peut pas s’hybrider avec un potimarron (C. maxima) ni avec une butternut (C. moschata).
- Aucune courge (Cucurbita) ne peut s’hybrider avec un melon (Cucumis melo), un concombre (Cucumis sativus) ou une pastèque (Citrullus lanatus).
Les distances de sécurité
Si vous souhaitez récupérer des graines fiables, il ne suffit pas de choisir des familles différentes : il faut aussi tenir compte des distances, car les abeilles et autres pollinisateurs volent loin.
- Pour éviter l’hybridation entre variétés de la même famille, on recommande une distance de 500 mètres à 1 kilomètre entre deux variétés.
- En pratique, dans un petit potager, c’est très difficile. Une solution consiste à ne cultiver qu’une seule variété par famille et par an si vous voulez récupérer vos semences. Et de ne pas avoir un voisin qui cultive des courges de la même famille !
Pour retenir facilement
- Même famille : hybridation possible (inadapté pour faire ses graines).
- Familles différentes : pas d’hybridation (vous pouvez récupérer les graines sans souci).
- Distance de sécurité : 500 m à 1 km entre deux variétés de la même famille si vous voulez être sûr de conserver une lignée fidèle.
Le rôle des pollinisateurs
Les cucurbitacées dépendent fortement des insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles.
- Elles préfèrent la pollinisation croisée (c'est-à-dire que la fleur mâle et la fleur femelle se trouvent sur deux plants distincts) : plus il y a de plants, plus la production est abondante.
- Les abeilles pouvant parcourir plusieurs kilomètres, vos courges peuvent être fécondées par celles cultivées chez un voisin. Cela peut avoir un impact si vous cherchez à conserver des semences “pures”.
Un cas particulier : le concombre d’Arménie
Un exemple qui entretient la confusion : le “concombre d’Arménie”. En réalité, ce n’est pas un concombre mais un melon (Cucumis melo). Il peut donc s’hybrider avec les melons… mais pas avec les concombres.
Conclusion
Avec ces informations, vous savez maintenant lesquelles de vos différentes variétés cucurbitacées vous pouvez cultiver côte à côte sans crainte de croisements impossibles, et envisager la production de vos semences avec plus de sérénité.
Récolter, conserver et comprendre la pollinisation : voilà les trois clés pour profiter pleinement de vos courges.
Mais chaque potager est unique et chaque jardinier a ses coups de cœur. Et vous, qu’avez-vous cultivé cette année ? Quelles variétés de courges ou de potimarrons vous ont donné le plus de plaisir, à la fois au jardin et dans l’assiette ?
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