Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un sujet qui me tient à cœur : les engrais verts. Ou plus largement, les couverts végétaux. Ce sont des pratiques encore méconnues ou mal comprises, mais qui ont pourtant un potentiel incroyable pour améliorer la fertilité de nos sols, leur structure, leur vie… et la santé de nos cultures.
Dans cet article, je vais tout vous expliquer : les intérêts (multiples !) des engrais verts, la différence avec les couverts végétaux, et surtout comment les intégrer facilement dans votre potager, quasiment toute l’année. Je partagerai aussi avec vous mes petites astuces de terrain.

Engrais verts ou couverts végétaux : quelle différence ?
Commençons par clarifier les termes.
Quand on parle d’"engrais verts", on pense à une culture semée avec un objectif clair : nourrir le sol. On les fauche jeunes, bien verts et tendres, et on les laisse sur place pour enrichir la terre.
Le "couvert végétal", lui, reste plus longtemps en place. Il a un rôle de protection du sol, de structuration, de maintien de la biodiversité, etc. Parfois, il est fauché aussi, parfois simplement roulé, ou laissé sur place jusqu’à sa mort naturelle.
Ces deux approches se complètent : l’un nourrit, l’autre protège et structure. Et tous deux participent à long terme à la construction d’un sol fertile et vivant.
Une autre façon de penser le sol
Ce qui change fondamentalement avec les engrais verts et les couverts végétaux, c’est notre rapport au temps.
Dans l’agriculture conventionnelle, on agit à court terme : un coup d’engrais chimique, un traitement phytosanitaire, et la culture réagit en très peu de temps.
Avec les couverts végétaux, on entre dans une logique de moyen et long terme. On joue sur la vie du sol, sa structure, sa capacité à nourrir les cultures. Et même si les effets sont moins visibles à court terme, ils sont bien plus durables.
1. Fertilité : nourrir le sol… et les plantes
L’un des premiers intérêts des engrais verts, c’est de récupérer les éléments nutritifs restants dans le sol après une culture. À l’origine, ils ont été pensés pour capter les reliquats d’azote et éviter qu’ils ne soient lessivés.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !
Chaque famille botanique d'engrais vert a des affinités particulières avec certains éléments du sol :
- Les crucifères (moutarde, radis, chou...) sont très efficaces pour capter le soufre.
- Les polygonacées (comme le sarrasin) vont chercher le phosphore.
- Et bien sûr, les légumineuses (pois, vesce, trèfle, luzerne…) ont cette capacité unique à fixer l’azote de l’air grâce à une symbiose avec des bactéries.
Autrement dit : chaque type d'engrais vert a sa spécialité. Et ensemble, ils extraient et concentrent des éléments nutritifs qu’ils restitueront au sol une fois décomposés.
Autre point important : les exsudats racinaires. Ce sont de petites substances rejetées par les racines, qui participent à dissoudre la roche mère et à libérer des minéraux que les plantes seules ne pourraient pas absorber autrement.
2. Structuration du sol : aérer, décompacter, stabiliser
Peu importe la nature de votre sol : argileux, sableux, limoneux, les couverts végétaux vont améliorer sa structure.
Les systèmes racinaires fasciculés (beaucoup de petites racines, comme les graminées) cassent les mottes et créent de la porosité.
Cela a plusieurs effets :
- meilleure infiltration de l’eau,
- meilleure rétention d’humidité,
- meilleure aération,
- davantage d’habitats pour la faune du sol.
Et puis il y a les racines pivotantes (radis fourrager, luzerne…), qui descendent profondément dans le sol. Elles sont redoutables pour décompacter les zones tassées, par exemple après le passage régulier de machines (motoculteur).
Autre avantage majeur : la couverture du sol limite l’érosion. Elle protège des pluies battantes et empêche la formation de croûtes de battance en surface.
3. Vie du sol : entre faune et champignons
Un sol couvert est un sol vivant. En gardant toujours quelque chose qui pousse (une culture, un engrais vert, ou les deux), on nourrit en continu toute une microfaune.
Vers de terre, insectes, micro-organismes, champignons… tous ces êtres vivants transforment la matière organique, transportent les nutriments, aèrent le sol, et contribuent à un véritable recyclage naturel.
La biodiversité souterraine agit sur :
- la fertilité (via la décomposition),
- la structure (via le travail mécanique des organismes),
- l’équilibre sanitaire (grâce à la prédation entre espèces).
Les champignons mycorhiziens, en particulier, s’associent aux racines des plantes et facilitent l’absorption des minéraux, en échange de sucres produits par la photosynthèse.
4. Limiter l’enherbement naturellement
Un sol nu, c’est une invitation pour les "mauvaises herbes", celles qui prennent vite le dessus et qu’on a du mal à contrôler ensuite.
Un couvert végétal bien choisi (avec des espèces gélives ou faciles à coucher) permet de garder le sol occupé, sans freiner la mise en culture suivante.
Et on limite ainsi l’apparition des adventices indésirables, surtout les vivaces coriaces.
5. Gérer l’eau avec finesse
Une plante, c’est un petit réservoir d’eau. Elle pompe l’humidité dans le sol, la stocke temporairement, puis l'évapore dans l'air par le phénomène de transpiration. Tout ce circuit a pour rôle de faire circuler la sève à l'intérieur de la plante.
En période humide, un couvert végétal peut aider à évacuer l’excès d’eau. En période sèche, au contraire, il faut savoir gérer :
→ garder le couvert quand l’humidité est suffisante,
→ ne pas hésiter à le faucher avant une sécheresse pour limiter l’évaporation, au risque de se retrouver avec une terre sèche et dure, tout le contraire de ce que l'on recherche !
C’est une question de timing, mais bien menée, cette gestion permet de préserver l’eau dans le sol bien mieux qu’un sol nu.
6. Des économies sur toute la ligne
Même dans une logique de potager familial, les bénéfices sont nombreux :
- Moins besoin d’engrais ou de compost (auto-fertilisation partielle du sol),
- Pour ceux qui en utilisent, moins besoin de produits phytosanitaires (autorégulation de l’écosystème),
- Moins de travail mécanique (moins de labours),
- Moins d’arrosage (si la couverture est bien gérée),
- Meilleurs rendements, mais surtout : des légumes de bien meilleure qualité.
Comment mettre tout ça en place ?
Il est possible de semer des engrais verts toute l’année, et voici comment on peut s’organiser :
Quand semer ?
Dès que le sol est nu ! Après une récolte, autour d’un jeune arbre planté, au pied d’une culture haute (tomate, maïs, tournesol…).
On peut même semer sous une culture en place, ou en même temps qu’on la plante. L’idée, c’est d’éviter que le sol reste à nu.
Que semer ?
Toujours en mélange. Plus les espèces sont variées, plus vous cumulerez les bénéfices. Chez certains marchands en ligne, vous trouverez des mélanges prêts à l’emploi, ou sinon vous pouvez les composer vous-même.
Mon conseil : visez 20 à 30 % de légumineuses dans le mélange, c’est suffisant pour capter l’azote sans déséquilibrer l’ensemble.
Comment semer ?
- Préparez un sol propre et légèrement ameubli,
- Semez à la volée, si possible avant une pluie ou arrosez ensuite,
- La fin de l'été est le meilleur moment car ensuite, le froid ralentit tout.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie d’en semer à différents endroits de votre potager.
Pour moi, c’est vraiment l’un des gestes les plus puissants pour construire un sol fertile, vivant, et autonome.
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