Faut-il préférer les semis en pleine terre ou en godets ?

219 comments on Faut-il préférer les semis en pleine terre ou en godets ?

Pour la plupart des légumes que je fais pousser dans mon potager, j’aime faire mes propres semis plutôt que d’acheter des plants au marché ou à la jardinerie.

Pourquoi ? Eh bien pour un tas de raisons :

  • Quand on achète ses semences, le choix des variétés est beaucoup plus grand que pour les plants tout prêts.
  • On peut facilement éviter les hybrides F1 si on le souhaite (c’est écrit sur les sachets mais pas toujours sur les godets contenant les plants).
  • C’est plus économique car pour le prix d’un seul sachet de graines, on va pouvoir obtenir beaucoup de légumes pendant plusieurs années (mais parfois j’ai des fonds de sachets qui se périment parce que je n’utilise que de petites quantités).
  • Si on récolte ses graines soi-même, on va les resemer et c’est gratuit.
  • Et ce qui me plaît le plus : c’est le côté gratifiant de donner naissance à quelque chose de vivant et d’être responsable de s’en occuper.

Revenons à nos semis. Je vois 6 techniques différentes pour les faire :

  1. Semis en pleine terre au potager
  2. Semis en pépinière au potager
  3. Semis en godets individuels
  4. Semis en plaques (alvéoles)
  5. Semis en mottes
  6. Semis en terrines

Nous allons voir quels sont les avantages et les inconvénients de chaque technique de semis.

Comme d’habitude, vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir en grand.

Le semis en pleine terre (à la volée ou en rang ou en carré)

Le semis en pleine terre au potager va bien pour les grosses graines (betterave, blette, épinard,  haricot, pois, fèves), pour les bulbes évidemment (ail, bulbille d’oignon, échalote, pommes de terre) et pour les légumes dont on consomme la racine (radis, carotte, panais).

Le semis en pleine terre ne convient pas pour les graines qui ont besoin de beaucoup de chaleur pour germer (tomate, poivron, aubergine), pour les plantes très lentes à pousser (céleri, oignon, poireau) ou pour celles qui occupent pas mal de place (courgette, potiron, chou) alors que cette place pourrait être utilisée pour récolter des légumes rapides en attendant, comme des radis ou des laitues.

Corvée d’éclaircissage en vue !
Haricot grimpant semé au pied d’un tipi en bambou

Avantages du semis en pleine terre :

  • L’opération est rapide à faire, surtout quand on sème à la volée.
  • On passe moins de temps à surveiller la levée car les légumes cités plus haut vont se “débrouiller tous seuls”.
  • Ne nécessite aucun matériel hormis une serfouette pour tracer les sillons.

Inconvénients du semis en pleine terre :

  • Il faut préparer la terre pour qu’elle soit bien fine (après l’avoir éventuellement dépaillée), alors que dans le cas du repiquage de plants, on peut se contenter d’un sol plus grossier et planter à travers le paillis.
  • Des ravageurs de toutes sortes sont présents (insectes, mollusques, mammifères) et peuvent se nourrir avec les graines ou les jeunes plantules.
  • Les semis en pleine terre sont souvent moins réguliers, on se retrouve avec des trous.
  • Comme on sème souvent trop dru, on consomme plus de semence.
  • Le travail d’éclaircissage est fatiguant et prend du temps.

Une astuce pour réussir ses semis en pleine terre : ne pas semer trop tôt au printemps.

Maintenant, nous allons voir trois techniques de semis dans des contenants. Ces techniques fonctionnent bien pour tous les légumes sauf les légumes dont on mange la racine et pour lesquels il ne faut pas qu’elle fourche (carotte, panais).

Le semis en pépinière au potager

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’une pépinière ?

C’est une petite parcelle du potager (par exemple un mètre carré) que l’on choisit de manière à ce qu’elle soit bien exposée et abritée du vent. Pour les semis de la fin d’hiver, on peut l’entourer d’un châssis vitré pour gagner quelques degrés.

On y maintient une terre fine et meuble, dans laquelle on sèmera de manière assez serrée des graines de différents légumes en vue de les transplanter ensuite (après quelques semaines) à leur place définitive au potager.

Puis on enchaîne avec d’autres semis dans la pépinière.

Avantages du semis en pépinière

  • Une bonne profondeur de terre, donc les racines auront toute la place pour se développer.
  • Une meilleure luminosité par rapport à des semis faits à l’intérieur de la maison.
  • La possibilité de mettre un châssis autour, pour gagner quelques degrés de chaleur.

Inconvénients semis en pépinière

  • On est obligé de se baisser au ras du sol pour faire les différentes opérations (semis, repiquage).
  • Difficulté à protéger les jeunes plantules des ravageurs (limaces, mulots, oiseaux…).

Le semis en alvéoles

J’appelle “alvéoles” toutes sortes de plaques qui ont des petites cavités individuelles permettant d’obtenir un plant par case.

Des laitues dans des alvéoles auto-irrigantes
Des laitues dans des alvéoles auto-irrigantes
La table est pratique pour déplacer les bacs à l’abri

Avantages du semis en alvéoles :

  • Les graines germent et grandissent plus vite qu’en pleine terre car le jardinier veille à les garder dans de bonnes conditions de lumière et de température.
  • Les terreaux du commerce sont indemnes de mauvaises herbes, il n’y a donc pas de désherbage à prévoir.
  • Quand on démoule les alvéoles pour planter les plants au potager, on ne dérange pas les racines, ce qui évite de stresser les plants.
  • Pas ou peu de corvée d’éclaircissage.
  • Lors du repiquage au potager : les lignes sont remplies sans pertes (mais les ravageurs peuvent sévir ensuite).

Inconvénients du semis en alvéoles :

  • Il y a besoin d’investir dans du petit matériel : plaques alvéolées, plateaux, mini-serre (ou vraie serre) et pour les semis de légumes ayant besoin de chaleur (poivron, tomate…) : tapis chauffant et lampe de croissance.
  • Il faut acheter du bon terreau.
  • Il faut choyer ses plants en leur trouvant un endroit protégé et en les surveillant tous les jours.

Les semis en godets individuels ou en bouteilles

Cette technique est adaptée pour les légumes qui font des plants plus volumineux : c’est toute la famille des “légumes-fruits” (tomate, aubergine, poivron, concombre, courgette, potiron, melon), ainsi que les différents types de choux.

Aubergines et poivrons
Des tomates dans des bouteilles pour avoir plus de bonnes racines

Avantages du semis en godets :

  • Pas de repiquage intermédiaire qui dérange les racines, le plant reste dans le même pot du semis à la plantation au potager (sauf pour les choux qui apprécient d’être rempotés profondément).
  • On peut semer plusieurs graines par pot, ce qui multiplie les chances de germination. Ensuite on élimine les tiges en surnombre (ou on les repique mais ça dérange les racines).
  • Le volume de terreau est plus grand que pour les alvéoles alors celui-ci risque moins de dessécher.
  • Contrairement aux idées reçues, les légumes à grosses graines (pois, haricots) germent très bien en alvéoles. Mais il ne faut pas trop attendre pour les replanter.

Inconvénients du semis en godets :

  • Comme il y a un contenant par plant, cela prend plus de place sur le rebord de la fenêtre ou dans la serre.

Le semis en mottes

Il s’agit dans un premier temps de fabriquer des petits cubes de terreau en le compressant à l’aide d’un outil appelé presse-motte.

On sèmera ensuite dans chaque motte une ou deux graines seulement, car la motte ne fait que 3 ou 4 cm de large.

Presse-mottes à 5 compartiments

Avantages du semis en mottes :

  • Comme il n’y a pas de contenant autour des mottes, celles-ci sont à touche-touche et il en résulte un gain de place important.
  • Une fois que l’on maîtrise l’utilisation du presse-motte, il est plus rapide de former des mottes que de remplir des godets.
  • Le plant ne forme pas de chignon si on a besoin d’attendre avant de le planter au potager, car les racines ne butent pas sur une surface fermée. Leur extrémité va simplement sécher au contact de l’air et provoquer une ramification plus importante à l’intérieur de la motte, ce qui permet au plant de développer un beau système racinaire.

Inconvénients du semis en mottes :

  • Comme il n’y a pas de contenant autour des mottes, il faut trouver des plateaux qui ont une taille similaire à celle du presse-motte et qui permettent de transporter les mottes d’un endroit à un autre.
  • Les mottes sèchent très vite car l’air circule tout autour et que le volume de terreau est réduit. Il faut les surveiller tous les jours et les arroser (de préférence par bassinage).
  • Les mottes sont très fragiles fragiles et se brisent facilement lors des manipulations.
  • Pour que l’outil qui sert à presser les mottes fonctionne bien, cela demande un terreau de qualité contenant peu de débris grossiers.
  • Le presse-mottes est un outil qui demande un investissement : une trentaine d’euros pour un 5 mottes.

Le semis en terrines ou en caissettes

J’appelle “terrine” un récipient généralement assez large et plus ou moins haut, dans lequel on va semer un assez grand nombre de graines d’un même légume.

Cette technique va bien pour les légumes qui ont de très petites graines (chou, laitue, céleri, oignon, poireau…) ou les fonds de sachets périmés (germination irrégulière).

Jeunes poireaux
Caissette de laitues

Avantages du semis en terrine :

  • Une terrine prend moins de place et utilise moins de terreau que des godets individuels.
  • Pour certains légumes (comme les choux), on aura des plants plus forts (avec plus de racines) car on va enterrer un peu plus la tige de la plantule au moment du repiquage intermédiaire.

Inconvénients du semis en terrine :

  • Il faut faire un repiquage intermédiaire dans des godets et cela représente un travail minutieux.
  • La surveillance doit être quotidienne car les légumes qui germent rapidement (choux, salades) sont bons à repiquer après une semaine déjà.

Une astuce pour les semis en terrine : au moment du repiquage, s’aider d’une vieille cuiller à soupe pour déterrer les plantules.

Cette mini-serre “de balcon” est très pratique au printemps
Des bacs transparents pour les tomates

Voilà je pense qu’on a fait le tour des différentes techniques de semis qui existent.

Et vous, vous êtes plutôt “semis en pleine terre” ou “semis en godets” ?

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  • un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
  • ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
lm Général

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Réponses

Les commentaires :
(les plus récents sont en premier)

  1. Catherine (alpes/de/haute/provence)

    Bonjour Nicolas,
    Très bel article, j’ai tout recopié sur mon cahier « semis ».
    Petite question : la lampe sur les semis de tomates doit elle être allumée toute la journée ou juste la nuit?
    Merci de votre réponse
    Bonne journée
    Cordialement
    Catherine

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Catherine,
      La nuit, les plantent apprécient le noir pour se reposer, comme nous ! 😉
      Et la journée, pour les tomates, c’est 16h de lumière qu’il leur faut.
      C’est facile à faire sans calcul, il suffit d’allumer quand on se lève le matin, et d’éteindre quand on se couche.

      Avatar de nicolas
      1. Anonyme

        Merci bcp
        Bonne journée
        Catherine

  2. Patrick pigal

    Très bonne explication sur les semies et les remportées

  3. Jean-François

    Très bien
    Merci beaucoup

  4. Pol (Belgique)

    Bonjour Nicolas,
    Merci pour vos articles qui sont toujours très inspirant.
    A propos des semis que je mets dans ma véranda, j’ai tendance à les mettre dans ma serre qui est vitrée une fois que les pousses sortent. Est-ce une bonne solution sachant que les nuits sont encore assez froide (entre 5 et 10 °C en Belgique). Certes en journée la température est souvent au-dessus des 20 °C mais est-ce néfaste pour l’évolution des plants ?
    Merci pour votre avis
    Excellente journée,
    Pol

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Pol,
      Cela dépend des légumes. Vous ne dites pas desquels il s’agit mais c’est important de le savoir car on n’agira pas de la même manière pour une tomate que pour un chou.

      Avatar de nicolas
      1. Pol (Belgique)

        Bonjour Nicolas,

        Effectivement, pour l’instant il s’agit de Brocolis, tomate cœur de bœuf et St Pierre, Aubergines

        1. nicolas (Toulouse)

          Bonjour Pol,
          Pour les brocolis, aucun problème puisque ce sont des plantes qui supportent bien le froid. Par contre pour les tomates, il vaut mieux éviter une exposition de plusieurs jours à des températures inférieures à 12°C, sinon elles pourraient se “bloquer” et leur développement serait retardé.

          Avatar de nicolas
  5. Carine (Belgique, Anvers)

    J’ai lu et essayé aussi la méthode Denon:Cela consiste à placer les graines sur du papier humide et à les mettre dans des sacs en plastique munis de fermetures éclair. Ces sacs sont placés dans un environnement chaud (près d’un radiateur ou autre).On vérifie régulièrement si l’humidité est toujours optimale (pas trop humide, sinon des moisissures apparaîtraient). Une fois les graines germées, elles sont soigneusement placées dans des alvéoles. Cette méthode permet de gagner de la place pour démarrer et est particulièrement utile pour les tomates, poivrons, courgettes, etc…. (Mes excuses pour les erreurs de langue, je ne parle pas français )

    1. nicolas (Toulouse)

      Merci Carine pour ce retour d’expérience. Un autre avantage de votre méthode, c’est d’économiser du terreau dans le cas où certaines graines ne germeraient pas.

      Avatar de nicolas
      1. Carine (Belgique/Anvers)

        Mes excuses, c’est la méthode Deno…

  6. Gilles (Seine Maritime)

    Encore des informations très intéressantes à “cultiver” , super , il n’y a plus qu’à suivre tout cela correctement …
    gilles

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