Pendant longtemps, mon amendement de prédilection, c’était le compost maison. Rien ne remplace cette matière vivante issue des déchets du jardin et de la cuisine, riche en micro-organismes et parfaitement adaptée à la terre qui l’a vue naître. Mais comme beaucoup de jardiniers, j’ai fini par me heurter à une limite : je n’en produis jamais assez.
Chaque automne, quand vient le moment d’amender le sol, je me retrouve avec des quantités insuffisantes pour couvrir toutes mes planches potagères qui ont une surface d'environ 50 m2 au total. La raison est simple : produire beaucoup de compost suppose de disposer de beaucoup de matières premières (broyat, tontes, feuilles mortes, déchets verts, déchets de cuisine). Et selon la taille du jardin, cela devient vite compliqué.
C’est ce constat qui m’a amené, au fil des années, à chercher une solution complémentaire.
Le compost maison : à réserver pour les usages ciblés
Soyons clairs : le compost fait maison reste, et restera, le meilleur amendement qui soit. Il nourrit la vie du sol, favorise la création d’humus, et apporte une diversité biologique incomparable.
Mais comme il est rare et précieux, je préfère désormais le réserver à des usages bien précis :
- Les semis de tomates, avec ma fameuse méthode de la bouteille, où il sert de substrat riche et vivant pour bien démarrer les plants.
- Les trous de plantation des légumes dits gourmands : tomates, courges, courgettes, choux… Ces cultures exigeantes bénéficient d’un apport ciblé, là où elles en ont vraiment besoin.
Et s’il en reste un peu, j’en épands alors une fine couche sur le sol, à titre d’entretien.
Mais pour amender l’ensemble du potager, je croyais avoir trouvé mieux adapté et plus pratique : le compost de déchetterie.

Compost de déchetterie : une solution imparfaite
Pendant de nombreuses années, j’ai utilisé du compost de déchetterie certifié bio. Ces composts, produits à grande échelle sur les plateformes de valorisation, sont fabriqués à partir des tailles de haies, feuilles mortes et tontes de pelouse apportées par les particuliers et les collectivités.
Leur composition les rend très riches en carbone. Ils sont donc parfaits pour créer de l’humus à long terme, notamment dans des sols pauvres, sableux ou épuisés. En revanche, leur effet fertilisant à court terme reste limité.
Sur le papier, c’est une bonne solution : locale, écologique, et souvent peu coûteuse. Mais en pratique, les choses se sont gâtées.
Une qualité de plus en plus inégale
Au fil des ans, j’ai constaté une dégradation progressive de la qualité. Bien qu’ils soient censés être tamisés, les sacs que j’achetais contenaient de plus en plus de brindilles et morceaux de bois.
Résultat : je devais les tamiser moi-même à la maison. Un travail long et fastidieux, avec souvent jusqu’à un quart du volume du sac inutilisable. C’est frustrant, peu économique, et surtout loin de l’esprit de simplicité que j’aime au jardin.
Sans parler du risque d’y retrouver parfois des matériaux indésirables — petits plastiques ou restes mal compostés. Bref, je n’étais plus satisfait.
Le fumier composté : une matière noble et efficace
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de tester le fumier composté vendu en sacs dans les jardineries. Je précise bien : fumier composté, pas fumier frais.
Le fumier frais, tel qu’on peut le récupérer dans un centre équestre, doit impérativement être laissé en tas plusieurs mois avant d’être utilisé. Appliqué frais, comme le faisaient les anciens, il perturbe la vie microbienne du sol, et si on l'applique au printemps, il brûle les racines des jeunes plants de légumes.
Le fumier composté, lui, a déjà subi une décomposition complète. Il se présente comme une matière homogène, noire, fine, sans odeur, et prête à l’emploi.
Selon les marques, il s’agit généralement de :
- Fumier de cheval, parfois mélangé à du fumier bovin ou ovin.
- Une matière riche en nutriments et en micro-organismes, beaucoup plus concentrée que le compost végétal.
Il suffit donc d’en appliquer de petites quantités (suivre les doses indiquées sur le sac) pour obtenir un effet notable sur la structure et la fertilité du sol.


Comment doser le fumier composté
Le fumier composté est un produit concentré, inutile d’en mettre trop. En amendement général, comptez 1 à 3 kg par m² selon la richesse du sol. Pour les légumes gourmands (tomates, courges, choux), une bonne poignée dans le trou de plantation suffit.
Le compost de déchetterie, moins nutritif, peut être apporté à raison de 3 à 5 kg/m².
Ainsi, selon la dose choisie, un sac de 25 kg de fumier permet d’amender environ 12 m² pour un apport fort, 25 m² pour un apport moyen, ou jusqu’à 50 m² pour une simple dose d'entretien.
Pour vous repérer plus facilement sans avoir à peser les quantités, il faut compter qu’un seau de 10 litres de fumier composté pèse en moyenne entre 6 et 7 kg selon son humidité.
Cela correspond à peu près à :
- un seau de 10 litres pour 3 à 4 m² en apport important,
- un seau pour 6 à 7 m² en apport moyen,
- un seau pour 10 à 12 m² en entretien léger.

Pourquoi c’est devenu mon amendement préféré
Depuis que j’ai adopté le fumier composté, j’ai redécouvert le plaisir d’un amendement à la fois pratique, efficace et agréable à manipuler.
1. Une texture parfaite
Contrairement aux composts grossiers, le fumier composté ne contient ni morceaux de bois, ni débris grossiers. Il s’épand facilement, se mélange bien à la terre et se décompose sans laisser de résidus.
2. Une action complète
Il agit à la fois sur la fertilité immédiate et sur la structure du sol. Riche en azote, phosphore et potassium, il nourrit les cultures à court terme tout en stimulant la formation d’humus à long terme.
3. Un amendement “vivant”
Même après compostage, le fumier reste une matière organique pleine de vie microbienne, issue d’une base animale. Il réactive les échanges biologiques du sol et favorise l’activité des vers de terre.
4. Une utilisation polyvalente
Je l’utilise désormais :
- En amendement général d’automne, sur toutes mes planches potagères, à raison d’une fine couche que j’incorpore légèrement.
- En appoint, quand je n’ai pas assez de compost maison, dans les trous de plantation des légumes gourmands (courges, tomates, choux…).
Un bon rapport qualité-prix
Autre avantage non négligeable : le prix du fumier composté reste très raisonnable. Comptez environ 9 € pour un sac de 25 kg, ce qui peut sembler plus cher que le compost de déchetterie vendu autour de 4 à 5 € les 25 kg. Mais en réalité, le fumier est beaucoup plus concentré, on en utilise donc deux fois moins pour obtenir le même effet. Et si le compost de déchetterie est trop grossier, il faut en tamiser et jeter une partie, ce qui réduit encore son intérêt économique.
Et les fumiers en granulés ?
On trouve également en jardinerie des sacs de fumier en granulés, qui ressemblent un peu à des croquettes brunes et sèches. Sur le principe, il s’agit du même produit de départ que le fumier composté : un mélange de fumiers animaux.
Mais la différence vient du traitement industriel supplémentaire qu’ils subissent.
Après compostage, le fumier est entièrement séché, broyé très finement, puis pressé mécaniquement en granulés compacts. Ce séchage permet d’obtenir un produit parfaitement stable, propre et léger. On peut le manipuler à mains nues, il ne tache pas, et surtout il se conserve longtemps sans fermenter.
Mais cette transformation a aussi un revers : le séchage détruit une partie de la vie microbienne active naturellement présente dans un fumier composté humide. Pour que les granulés se réintègrent dans le sol et libèrent leurs éléments nutritifs, ils doivent d’abord se réhydrater, ce qui prend du temps. Leur action est donc plus lente, et leur effet sur la structure du sol un peu moins profond.
Donc pour entretenir la fertilité du sol en profondeur et nourrir la vie du sol, le fumier composté "naturel" en sac reste plus vivant, plus complet et plus efficace à long terme.
En résumé : un bon compromis entre performance et simplicité
En remplaçant le compost de déchetterie par du fumier composté, j’ai trouvé un équilibre idéal entre performance agronomique, qualité de matière et confort d’utilisation.
Le compost maison reste irremplaçable pour certaines tâches précises, car il apporte une vie microbienne exceptionnelle, parfaitement adaptée au sol du potager.
Aujourd’hui, je ne me pose plus la question : chaque automne, c’est le fumier composté qui vient nourrir la terre de mon potager.
Et vous, quel est votre amendement préféré ?
Chaque potager a son histoire, ses habitudes et ses trouvailles. Certains jardiniers ne jurent que par le compost maison, d’autres par le fumier, ou encore par les engrais verts.
Et vous, qu’utilisez-vous pour entretenir la fertilité de votre sol ? Avez-vous déjà testé le fumier composté, ou préférez-vous d’autres solutions ?
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