Comment j’entretiens la fertilité de mon potager en automne

99 comments on Comment j’entretiens la fertilité de mon potager en automne

Comme chaque année, c’est en automne que je fais le plus de choses pour entretenir la fertilité de la terre de mes parcelles.

Le reste de l’année, je n’ai qu’à ajouter un peu de compost dans le trou de plantation des légumes gourmands (nous verrons que je vais changer cette tactique) et mettre un paillis en fin de printemps.

La méthode que je décris ici ne concerne que les parcelles de mon potager sur lesquelles je ne fais pas pousser de légumes pendant l’hiver, soit les deux tiers de la surface. J’ai à côté de ça 3 petites plates-bandes bien ensoleillées sur lesquelles je cultive les légumes d’automne-hiver.

Voici donc en photos les étapes que je suis cette année et surtout pourquoi je procède comme cela.

Contexte : nous sommes à la mi-octobre dans ma région toulousaine, où il a fait exceptionnellement chaud depuis fin août et sans aucune pluie digne de ce nom.

Vous pouvez agrandir les images en plein-écran en cliquant simplement dessus !

Récolter les derniers légumes

Je les ai protégées des punaises avec non pas un, mais deux sachets en tissu !

Les dernières tomates sont récoltées. Les fruits qui ont commencé à virer du vert au rouge seront mis dans la cuisine au chaud pour finir de mûrir. Les fruits verts seront jetés dans le composteur car je ne suis pas un adepte de la confiture de tomates vertes (et notre alimentation contient déjà trop de sucre).

On voit les résidus d’autres cultures que j’ai commencé à entasser sur cette parcelle.

Récolte des potimarrons que je plante chaque année tardivement (à la 2ème quinzaine de juin) car ils font suite à une culture de pommes de terre sur la même parcelle. Un petit coin où j’ai mis des pommes de terre primeurs est récolté juste avant de planter les potimarrons et le reste de la surface où poussent des pommes de terre de pleine saison est récolté en juillet avant que les tiges des potimarrons ne se soient trop allongées.

Arracher les restes des cultures

Vue générale des 6 plates-bandes de mon potager principal et de la parcelle pommes-de-terre/courges dans la moitié droite.
La plupart des pieds de tomates ont déjà été arrachés.
J’ai aussi prévu de démonter et ranger les poteaux et leurs ficelles (attaches à tomates) quand mon fils sera là pour m’aider à les porter. Ce n’est indispensable mais j’aime bien avoir en hiver un potager “tout plat”.
Note : cette année je n’ai pas eu besoin d’installer le filet d’ombrage car la première canicule n’est arrivée que fin août et le soleil était moins fort car plus bas sur l’horizon.

“Arracher” n’est pas le bon mot car je coupe à ras les pieds de tomates, les tiges de haricots et autres légumes, afin de laisser les racines en terre où elles vont se décomposer et participer à la fertilité.

J’entasse le tout sur la parcelle d’à côté, celle où ont poussé les potimarrons. Il ne me restera plus qu’à passer la tondeuse à gazon dessus pour réduire le tout et pouvoir utiliser ces morceaux pour pailler les plates-bandes d’où ils proviennent, mais on en reparlera un peu plus loin.

Dépailler

Étape suivante : dépailler la plate-bande en enlevant le reste du paillis d’été (du foin). Dans ma région où il ne pleut malheureusement pas en été, il ne se décompose quasiment pas.

Je le stocke provisoirement dans l’allée principale car j’en réutiliserai une partie dans quelques instants.

Aérer la terre

Je laisse les tuyaux du goutte-à-goutte en place. Ils ne craignent pas le gel et ce serait compliqué de les démonter avec tous les raccords. Il faut juste faire attention à ne pas en percer un par inadvertance avec une pointe de la grelinette (déjà arrivé ! ☹️).

Avec ma grelinette 5 dents presque trop grande pour cette petite plate-bande, cela ne prend que 5 minutes pour aérer la terre.

Pourquoi je travaille ma terre, moi qui suis (mais de moins en moins) un défenseur du non-travail du sol ? C’est à cause des mulots (mon potager est à-côté d’un fossé où coule toujours un filet d’eau) qui investissent le sous-sol de mes parcelles. Ils creusent une multitude de galeries, ce qui gêne l’établissement des racines de certaines cultures, et qui cause un souci pour l’arrosage, car l’eau ne reste pas imbibée dans la terre mais est perdue dans ces bas-fonds. Sans compter les dégâts faits aux légumes, j’estime qu’ils en boulottent à peu près 10% (ce qui est encore supportable).

Et une autre raison d’aérer la terre vient de sa nature : chez moi elle est argilo-limoneuse, c’est-à-dire qu’en l’absence d’eau elle a tendance à se compacter très vite. Ce qui a pour conséquence que la vie du sol est moins active pour digérer la matière organique et donc ne peut pas améliorer la structure de la terre aussi bien. C’est une sorte de cercle vicieux qui est brisé par le fait d’aérer la terre. En le faisant à la grelinette (ou à la fourche-bêche) l’avantage est que c’est moins fatiguant pour le dos du jardinier.

Épandre du compost

La moitié de ce sac de compost sera utilisée pour cette plate-bande, ce qui correspond à 4 kg/m². On ne dirait pas mais cela ne fait au final qu’une couche très fine d’1 cm.

On peut aussi le faire au printemps, mais il y a déjà beaucoup à faire au moment du redémarrage des cultures que je préfère épandre le compost en automne. En plus cela laisse le temps à la faune du sol de le digérer et de l’incorporer à la terre.

Contrairement à du fumier frais, le compost (à condition qu’il soit mûr) a l’avantage de permettre de faire un semis ou planter des cultures immédiatement.

D’habitude, je ne me repose que sur la décomposition du paillis et des plantes engrais-verts cultivées en hiver pour assurer la fertilité de ma terre, et je complète en mettant une bonne dose de compost (maison) dans le trou de plantation des légumes gourmands (choux, solanacées et cucurbitacées).

Mais cet été, j’ai noté que certaines de mes plates-bandes commençaient à donner des signes de forte compaction, malgré que la terre ait été maintenue humide par l’irrigation au goutte-à-goutte mais l’inconvénient de ce système c’est que la terre reste sèche dès qu’on s’éloigne de 20 cm des goutteurs. J’ai vu qu’elle avait perdu par endroits sa structure grumeleuse, structure que j’avais réussi à obtenir grâce aux méthodes que j’ai décrites dans ce guide.

J’ai donc décidé de faire un apport généralisé de compost pour remonter le taux de matière organique. Comme les quantités de compost que je fais moi-même suffisent à peine pour mettre dans les trous de plantation des légumes gourmands, j’ai acheté 10 sacs de compost à ma déchetterie. Chaque sac contient 18 kg de compost et j’ai calculé que la surface totale de mes plates-bandes fait 45 m², ce qui fait donc un apport de 4 kg par m², ce qui correspond aux quantités généralement recommandées.

Et au mois de mai prochain, je vais changer de tactique : au lieu de concentrer le compost dans les trous de plantation, je vais compter sur cette fertilisation automnale générale (sur toute la surface) pour nourrir les légumes gourmands et les encourager à étaler leurs racines sur une plus grande zone, ne se limitant pas juste autour du trou.

Semis de la 1ère espèce d’engrais vert

Habituellement je pratique un semis de féverole au tout début du mois de novembre. C’est mon engrais vert préféré pour un tas de raisons que j’expose dans cette vidéo. Mais il a l’inconvénient d’être lent à pousser au début, laissant beaucoup d’espace libre entre les jeunes pousses. Et c’est mieux aussi d’associer plusieurs espèces d’engrais vert pour combiner leurs effets positifs sur la terre.

C’est pourquoi j’ai décidé cette année de compléter la féverole (qui sera semée dans 2 semaines) par de la moutarde et de l’orge.

De l’orge ? Oui, c’est une graminée comme le seigle, qui va émietter la terre proche de la surface grâce à ses nombreuses radicelles. Mais le gros avantage de l’orge dans mon cas où je veux cultiver des légumes sur ces parcelles au printemps prochain, c’est que par rapport au seigle, il fleurit plus tôt dans la saison.

Car vous le savez peut-être : ces graminées engrais-verts ont l’inconvénient de faire des repousses (pénibles à arracher) quand on les fauche trop tôt, ce qui n’est plus vrai une fois qu’elles ont fait leur épi, c’est-à-dire assuré leur reproduction.

Cet orge je vais le semer dans 2 semaines en même temps que la féverole. Aujourd’hui c’est la moutarde que je sème, d’une main très légère car elle ne doit pas prendre toute la place. C’est une plante qui grandit vite et elle profitera des journées pas encore trop courtes de la mi-octobre pour se développer.

Pour assurer une germination rapide de la moutarde, j’arrose l’équivalent d’un arrosoir de 10 litres par mètre carré. Avec le débit de mon tuyau et de son pistolet, cela revient à arroser le temps que je compte lentement jusqu’à 50 dans ma tête (pour un mètre carré).

Je repaille très légèrement le semis de moutarde pour éviter que les oiseaux n’aillent farfouiller dans la plate-bande. On doit apercevoir la terre à travers le paillis.

Voilà la première plate-bande est terminée ! Il m’en reste encore 7 à faire, plus la zone des courges qui fait 15 m².

Petite réflexion sur l’efficacité du travail : quand on a un certain nombre de tâches répétitives à faire, il y a deux manières de s’organiser.

La première, c’est de se mettre en mode “machine de guerre” et de travailler à la chaîne en faisant d’abord la tâche n°1 sur toutes les plates-bandes : arracher les restes de cultures. Puis la tâche n°2 sur toutes les plates-bandes : dépailler. Puis mettre du compost partout. Puis greliner partout. Etc… vous me suivez ?

La deuxième manière d’organiser le travail, c’est de faire une plate-bande à la fois jusqu’au bout, comme vous avez pu le découvrir à travers ces photos.

Je trouve que cette manière a plusieurs avantages : on varie les tâches et les mouvements de son corps (vieillissant 😉) ce qui fatigue moins le dos (et évite le tour de reins dans le pire des cas). Et surtout, on a le sentiment de vraiment avancer, ce qui est motivant pour continuer. On voit chaque plate-bande se terminer l’une après l’autre.

Pour la petite histoire, j’ai été sensibilisé à ces 2 manières de faire il y a bien longtemps lorsque je préparais les faire-part de mon mariage. On avait une pile de feuilles imprimées qu’il fallait plier en deux, une pile d’enveloppes vides qu’il fallait remplir, des timbres à coller et la liste des adresses à écrire.

Avec ma future épouse, on s’était réparti toutes les piles en deux moitiés. En jeune informaticien que j’étais à l’époque, je commençais par plier à la chaîne toutes les feuilles de mon tas. Puis à coller un timbre sur toutes les enveloppes. Puis à écrire toutes les adresses. Non seulement j’ai eu une crampe aux doigts, mais je n’avais pas encore mis une seule feuille sous pli que ma dulcinée avait déjà terminé une dizaine de courriers prêts à poster !

Elle avait suivi la 2ème manière. Elle attendait d’avoir complètement préparé un faire-part avant de commencer le suivant. En voyant sa pile de faire-part terminés qui prenait de la hauteur devant elle, quelle satisfaction pour elle de savoir qu’elle avançait bien !

(l’histoire ne dit pas qui avait terminé le premier…)

Ce qu’il me reste à faire

La moutarde devrait germer très vite, en 3 jours normalement.

Une fois que tous les restes de cultures auront été entassés sur la zone des potimarrons, je vais les broyer en passant la tondeuse dessus. Puis j’épandrai ce paillis frais petit à petit sur les plates-bandes, en veillant à ne pas écraser les jeunes pousses de moutarde… pas sûr que ce soit possible, je verrai bien. Je stockerai l’excédent sur les allées du potager, ce qui me permettra de m’occuper de la parcelle des potimarrons.

Dès début novembre, je sèmerai la féverole et l’orge à travers le paillis. Je l’avais déjà fait pour la féverole il y a 2 ans (l’année dernière c’était mon essai de pois fourrager où j’avais paillé après le semis sur terre nue) et c’est très simple car la densité de graines est faible : tous les 15 cm en tous sens. Après avoir chaussé mes gants de jardinage, j’enfonce mon index de toute sa longueur dans la terre en traversant le paillis et je dépose une graine au fond du trou. Graines qui sont très grosses heureusement.

Conclusion

Comme vous le voyez, j’aime bien chaque année expérimenter une technique un peu différente pour les engrais verts et la gestion de la fertilité. Car il n’y a pas une méthode qui serait meilleure que les autres mais une multitude de possibilités.

Et vous, pour l’hiver, vous êtes plutôt paillis ou plutôt engrais vert ? Ou peut-être les deux comme moi ?

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Réponses

Les commentaires :
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  1. Nicole (Chateau-Landon 77570)

    Bonsoir,
    Le compost qui est donné à la déchetterie de mon village à une odeur
    terrible de produit chimique qui dur assez longtemps.
    Je n’en ai pas pris cette année cela me répugne un peu.Je vais être
    obligé de me contenter de mon propre compost mais donc en moins
    grande quantité.
    Que mettes-t-il donc dans ce compost?????
    Avez-vous un idée ????

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Nicole,
      C’est vrai que celui que j’achète a parfois une odeur de “bois brûlé”. Je pense que c’est parce que la décomposition n’est pas tout à fait terminée. Si on en a la possibilité, on peut ouvrir les sacs et les déverser dans un bac ou dans un composteur, et le laisser le compost s’aérer pendant quelques semaines.

      Avatar de nicolas
      1. Nicole (Chateau-Landon 77570)

        Merci pour la réponse Nicolas, non cette odeur est plutôt chimique, ce ne sont pas des sacs, mais une montagne en vrac.On va chercher avec une remorque ce compost gratuit d’ailleurs, mais je n’ai pas confiance.
        Existe-t-il par chez vous ce genre de compost municipal ?

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