Si vous en avez ras-le-bol de voir vos salades grignotées par des limaces, vos choux ravagés par des chenilles ou vos tomates tomber malade, c’est peut-être que la place accordée à la nature n’est pas suffisante dans votre potager.
Dans cet article, je vais vous montrer comment j’ai réussi à établir un équilibre entre les ravageurs et leurs prédateurs, un équilibre entre les maladies et le sol vivant, tout cela en l’espace de quelques saisons dans mon potager.
Plus j’avance dans ma pratique du potager, plus je me rends compte qu’il vaut mieux travailler AVEC la nature plutôt que contre. C’est devenu une règle de base pour moi, et c’est en cohérence avec les principes de la permaculture que j’essaie d’appliquer.
J’ai invité la biodiversité dans mon jardin
Petite précision : pas besoin d’avoir un jardin immense pour appliquer ces principes, c’est possible même pour quelqu’un qui aurait un petit jardin de ville de 150 m².
Pas de mur en thuyas (le “béton vert” comme on dit) autour de mon jardin, mais une haie variée que j’ai pris plaisir à composer avec des arbustes de formes et de hauteurs diverses, à la floraison échelonnée du printemps à l’été, donnant des baies aux oiseaux en automne.
Un côté du terrain est bordé chez moi par un fossé qui recueille les eaux de pluie, et ce point d’eau (que l’on pourrait remplacer par une simple petite mare d’1 m²) joue un rôle favorable pour augmenter la diversité animale du jardin (libellules, grenouilles…) et étancher la soif des oiseaux en été.
Je garde au fond du jardin des zones refuges comme un tas de feuilles mortes, un empilement de bois mort, quelques amas de brindilles sèches, des herbes folles. Ces zones vont offrir l’hospitalité à toutes sortes d’insectes et de petits rongeurs.
Tous ces animaux (que l’on appelle des auxiliaires) sont très utiles pour gérer les ravageurs à ma place. Mais ce n’est possible qu’à une seule condition : ne plus utiliser aucun produit chimique au jardin.
Même pas ceux qui sont autorisés en bio, car ces substances insecticides tuent tout ce qui entre en contact avec elles, sans faire la différence entre les “bons” et les “mauvais” insectes (vous noterez que j’ai mis des gros guillemets autour de ces adjectifs).
J’ai mélangé les légumes et les plantes compagnes
Je n’arrache pas systématiquement ce que certains appellent les “mauvaises herbes” autour des légumes du potager (d’abord, je n’ai presque plus d’herbes sauvages depuis que je paille épais l’ensemble du potager). Avant de déraciner une herbe spontanée, je me pose la question de savoir si elle gêne vraiment le légume qui est à côté. Et dans la majorité des cas, la réponse est non. Exception faite de quelques herbes qui sont vraiment embêtantes car elles peuvent envahir rapidement une parcelle : ce sont l’ortie, le chiendent, le liseron, le rumex et le chardon.
Il faut arrêter de croire que les herbes vont concurrencer les légumes en absorbant toute la nourriture présente dans le sol. C’est faux car les végétaux tirent 98% de leur énergie de l’air et du soleil et la diversité des racines contribue à la vie du sol. J’élimine donc uniquement les herbes qui prendraient trop d’ampleur, et je coupe simplement leur tige à quelques cm du sol sans les déraciner.
Classiquement, les potagers étaient formés d’une succession de rangs de légumes, tout alignés au garde-à-vous. Cette méthode est peut-être valable pour les maraîchers qui ont un objectif économique les contraignant à récolter une parcelle en une seule fois pour vendre la récolte.
Mais cette approche facilite le repérage des légumes par les insectes : pour eux, c’est comme une invitation à venir se servir à volonté dans un libre-service géant ! Car la plupart des insectes volants détectent leur nourriture favorite de loin, par la forme et l’odeur des plantes.
Donc pour avoir beaucoup moins d’insectes ravageurs, il faut commencer par arrêter de planter les légumes en longs rangs. Cela tombe bien, car nous les jardiniers du dimanche, nous préférons faire de petites (mais fréquentes) récoltes et avoir de la variété dans l’assiette. Donc ce n’est absolument pas gênant de disséminer dans le potager un chou par-ci, trois poireaux par-là, une salade entourée de quelques radis.
En cela, on ne fais qu’imiter la nature et en particulier la prairie naturelle ou le sous-bois : de nombreuses espèces de plantes se mélangent et s’entre-aident, car c’est leur seule possibilité de survie.
Au potager, j’essaie de reproduire cela en faisant des cultures intercalaires : je fais pousser au même endroit un légume au développement rapide avec un autre qui met plus longtemps à pousser (par exemple des radis entre les plants de salades, des épinards entre les choux). Ou alors je joue sur les différentes hauteurs en mettant les navets à l’ombre des tomates.
J’inclus aussi de nombreuses plantes compagnes, dont certaines sont des plantes-martyres (comme la capucine qui va attirer tous les pucerons sur elle).
Mais celles qui marchent le mieux pour dérouter les insectes indésirables, ce sont les herbes aromatiques comme l’aneth, le basilic ou la coriandre. Je les plante au milieu des autres légumes et leur fort parfum masque celui des légumes.
J’ai compris que je devais prendre soin de mon sol
Il faut savoir que le sol contient encore beaucoup plus d’insectes et de micro-organismes (bactéries, champignons) que l’air libre. Et tout ce petit monde déteste être dérangé par le jardinier quand il piétine la terre ou quand il la retourne avec des outils.
Pour cela, je suis arrivé à ne plus intervenir sur mon sol en appliquant les trois principes suivants :
- J’ai délimité toutes mes planches de cultures avec des bordures, pour m’interdire d’y mettre les pieds et de tasser la terre, car l’air doit circuler dans la terre pour garder un sol vivant.
- Deuxièmement je ne travaille plus ma terre (j’ai même fini par abandonner la grelinette) mais ce sont les racines de certaines plantes appelées “engrais verts” qui décompactent le sol à ma place.
- Troisième principe : je couvre ma terre toute l’année avec un épais paillis de végétaux secs : foin, feuilles mortes, herbes sèches… Ce mulch agit comme une peau qui va protéger la terre des agressions extérieures comme les pluies battantes en hiver ou le soleil brûlant en été. Autres avantages : j’ai moins besoin d’arroser car l’eau ne s’évapore plus (comme c’est le cas avec une terre laissée à nu) et la décomposition progressive de cette couverture enrichit ma terre tout au long de l’année.
Je fabrique un excellent compost maison que j’utiliser au pied des légumes gourmands (comme les tomates). Le compost, c’est bien mais on peut aller encore plus loin et imiter la nature en pratiquant le compostage en surface.
Ainsi, je dépose certains déchets de cuisine (surtout les épluchures de légumes) directement sur le paillis. C’est la même chose qui se passe dans la nature : les brindilles sèches et les feuilles mortes se décomposent sur place toute l’année. C’est moyen le plus direct qui existe si on veut entretenir la vie du sol.
Avoir un sol vivant et naturellement fertile, cela me permet de faire pousser des légumes en meilleure santé. Pourquoi ? D’une part, parce que les micro-organismes (les champignons en particulier) permettent aux légumes de puiser plus de nutriments dans la terre. Et d’autre part, cela renforce les défenses des légumes contre les maladies.
Et ainsi la majorité des “indésirables” se détournent des légumes, car il faut savoir que les parasites s’attaquent en priorité aux plantes faibles ou malades. C’est le cas des limaces par exemple : le rôle que leur a confié la nature, c’est d’être le grand nettoyeur du jardin.
C’est pour toutes ces raisons que la priorité numéro un pour moi, c’est de faire en sorte que dans mon potager, la nature ait les meilleures conditions possibles pour maintenir un sol vivant.
En conclusion, je mène une action globale et continue
Laisser plus de place à la nature sauvage dans le potager, c’est gagnant-gagnant car un équilibre naturel va se créer en quelques saisons : les parasites et leurs prédateurs vont s’auto-réguler, et les légumes vont développer leurs propres défenses contre les maladies.
Mais la nature est parfois imprévisible et j’ai appris à l’accepter. Quand un “problème” survient, je réagis différemment, j’observe et j’accepte de ne pas tout contrôler.
Est-ce que quelques feuilles de salades trouées c’est la fin du monde ? Et plutôt que d’intervenir, ne vaut-il pas mieux laisser la nature se débrouiller toute seule ? Elle en est capable si on lui en laisse la possibilité !
Je suis curieux de savoir quelle place vous laissez à la nature dans votre jardin ?
Comment gérez-vous les herbes ?
Acceptez-vous de subir quelques pertes dans vos récoltes ?
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- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
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