La place que j’accorde à la nature pour avoir moins de parasites dans mes légumes

534 comments on La place que j’accorde à la nature pour avoir moins de parasites dans mes légumes
Cette jeune laitue a fait le festin des limaces
Cette jeune laitue a fait le festin des limaces

Si vous en avez ras-le-bol de voir vos salades grignotées par des limaces, vos choux ravagés par des chenilles ou vos tomates tomber malade, c’est peut-être que la place accordée à la nature n’est pas suffisante dans votre potager.

Dans cet article, je vais vous montrer comment j’ai réussi à établir un équilibre entre les ravageurs et leurs prédateurs, un équilibre entre les maladies et le sol vivant, tout cela en l’espace de quelques saisons dans mon potager.

Plus j’avance dans ma pratique du potager, plus je me rends compte qu’il vaut mieux travailler AVEC la nature plutôt que contre. C’est devenu une règle de base pour moi, et c’est en cohérence avec les principes de la permaculture que j’essaie d’appliquer.

J’ai invité la biodiversité dans mon jardin

La haie variée fournit refuge et nourriture à beaucoup de petits animaux utiles
La haie variée fournit refuge et nourriture à beaucoup de petits animaux utiles

Petite précision : pas besoin d’avoir un jardin immense pour appliquer ces principes, c’est possible même pour quelqu’un qui aurait un petit jardin de ville de 150 m².

Pas de mur en thuyas (le “béton vert” comme on dit) autour de mon jardin, mais une haie variée que j’ai pris plaisir à composer avec des arbustes de formes et de hauteurs diverses, à la floraison échelonnée du printemps à l’été, donnant des baies aux oiseaux en automne.

Un côté du terrain est bordé chez moi par un fossé qui recueille les eaux de pluie, et ce point d’eau (que l’on pourrait remplacer par une simple petite mare d’1 m²) joue un rôle favorable pour augmenter la diversité animale du jardin (libellules, grenouilles…) et étancher la soif des oiseaux en été.

Le coin de mon jardin que je laisse un peu sauvage
Le coin de mon jardin que je laisse un peu sauvage

Je garde au fond du jardin des zones refuges comme un tas de feuilles mortes, un empilement de bois mort, quelques amas de brindilles sèches, des herbes folles. Ces zones vont offrir l’hospitalité à toutes sortes d’insectes et de petits rongeurs.

Tous ces animaux (que l’on appelle des auxiliaires) sont très utiles pour gérer les ravageurs à ma place. Mais ce n’est possible qu’à une seule condition : ne plus utiliser aucun produit chimique au jardin.

Même pas ceux qui sont autorisés en bio, car ces substances insecticides tuent tout ce qui entre en contact avec elles, sans faire la différence entre les “bons” et les “mauvais” insectes (vous noterez que j’ai mis des gros guillemets autour de ces adjectifs).

J’ai mélangé les légumes et les plantes compagnes

Je laisse quelques herbes pousser au milieu des salades chicorées d'hiver
Je laisse quelques herbes pousser au milieu des salades chicorées d’hiver

Je n’arrache pas systématiquement ce que certains appellent les “mauvaises herbes” autour des légumes du potager (d’abord, je n’ai presque plus d’herbes sauvages depuis que je paille épais l’ensemble du potager). Avant de déraciner une herbe spontanée, je me pose la question de savoir si elle gêne vraiment le légume qui est à côté. Et dans la majorité des cas, la réponse est non. Exception faite de quelques herbes qui sont vraiment embêtantes car elles peuvent envahir rapidement une parcelle : ce sont l’ortie, le chiendent, le liseron, le rumex et le chardon.

Il faut arrêter de croire que les herbes vont concurrencer les légumes en absorbant toute la nourriture présente dans le sol. C’est faux car les végétaux tirent 98% de leur énergie de l’air et du soleil et la diversité des racines contribue à la vie du sol. J’élimine donc uniquement les herbes qui prendraient trop d’ampleur, et je coupe simplement leur tige à quelques cm du sol sans les déraciner.

Classiquement, les potagers étaient formés d’une succession de rangs de légumes, tout alignés au garde-à-vous. Cette méthode est peut-être valable pour les maraîchers qui ont un objectif économique les contraignant à récolter une parcelle en une seule fois pour vendre la récolte.

Mais cette approche facilite le repérage des légumes par les insectes : pour eux, c’est comme une invitation à venir se servir à volonté dans un libre-service géant ! Car la plupart des insectes volants détectent leur nourriture favorite de loin, par la forme et l’odeur des plantes.

Donc pour avoir beaucoup moins d’insectes ravageurs, il faut commencer par arrêter de planter les légumes en longs rangs. Cela tombe bien, car nous les jardiniers du dimanche, nous préférons faire de petites (mais fréquentes) récoltes et avoir de la variété dans l’assiette. Donc ce n’est absolument pas gênant de disséminer dans le potager un chou par-ci, trois poireaux par-là, une salade entourée de quelques radis.

Un mélange de salades, radis et aneth
Un mélange de salades, radis et aneth. Ce dernier commence à monter en fleur, ce qui va attirer les insectes pollinisateurs. La coccinelle au milieu a l’air de se plaire dans ce milieu !

En cela, on ne fais qu’imiter la nature et en particulier la prairie naturelle ou le sous-bois : de nombreuses espèces de plantes se mélangent et s’entre-aident, car c’est leur seule possibilité de survie.

Au potager, j’essaie de reproduire cela en faisant des cultures intercalaires : je fais pousser au même endroit un légume au développement rapide avec un autre qui met plus longtemps à pousser (par exemple des radis entre les plants de salades, des épinards entre les choux). Ou alors je joue sur les différentes hauteurs en mettant les navets à l’ombre des tomates.

J’inclus aussi de nombreuses plantes compagnes, dont certaines sont des plantes-martyres (comme la capucine qui va attirer tous les pucerons sur elle).

Mais celles qui marchent le mieux pour dérouter les insectes indésirables, ce sont les herbes aromatiques comme l’aneth, le basilic ou la coriandre. Je les plante au milieu des autres légumes et leur fort parfum masque celui des légumes.

J’ai compris que je devais prendre soin de mon sol

La terre ne reste jamais à nu dans mon potager
La terre ne reste jamais à nu dans mon potager

Il faut savoir que le sol contient encore beaucoup plus d’insectes et de micro-organismes (bactéries, champignons) que l’air libre. Et tout ce petit monde déteste être dérangé par le jardinier quand il piétine la terre ou quand il la retourne avec des outils.

Pour cela, je suis arrivé à ne plus intervenir sur mon sol en appliquant les trois principes suivants :

  • J’ai délimité toutes mes planches de cultures avec des bordures, pour m’interdire d’y mettre les pieds et de tasser la terre, car l’air doit circuler dans la terre pour garder un sol vivant.
  • Deuxièmement je ne travaille plus ma terre (j’ai même fini par abandonner la grelinette) mais ce sont les racines de certaines plantes appelées “engrais verts” qui décompactent le sol à ma place.
  • Troisième principe : je couvre ma terre toute l’année avec un épais paillis de végétaux secs : foin, feuilles mortes, herbes sèches… Ce mulch agit comme une peau qui va protéger la terre des agressions extérieures comme les pluies battantes en hiver ou le soleil brûlant en été. Autres avantages : j’ai moins besoin d’arroser car l’eau ne s’évapore plus (comme c’est le cas avec une terre laissée à nu) et la décomposition progressive de cette couverture enrichit ma terre tout au long de l’année.

Je fabrique un excellent compost maison que j’utiliser au pied des légumes gourmands (comme les tomates). Le compost, c’est bien mais on peut aller encore plus loin et imiter la nature en pratiquant le compostage en surface

Ainsi, je dépose certains déchets de cuisine (surtout les épluchures de légumes) directement sur le paillis. C’est la même chose qui se passe dans la nature : les brindilles sèches et les feuilles mortes se décomposent sur place toute l’année. C’est moyen le plus direct qui existe si on veut entretenir la vie du sol.

Avoir un sol vivant et naturellement fertile, cela me permet de faire pousser des légumes en meilleure santé. Pourquoi ? D’une part, parce que les micro-organismes (les champignons en particulier) permettent aux légumes de puiser plus de nutriments dans la terre. Et d’autre part, cela renforce les défenses des légumes contre les maladies.

Et ainsi la majorité des “indésirables” se détournent des légumes, car il faut savoir que les parasites s’attaquent en priorité aux plantes faibles ou malades. C’est le cas des limaces par exemple : le rôle que leur a confié la nature, c’est d’être le grand nettoyeur du jardin.

C’est pour toutes ces raisons que la priorité numéro un pour moi, c’est de faire en sorte que dans mon potager, la nature ait les meilleures conditions possibles pour maintenir un sol vivant.

En conclusion, je mène une action globale et continue

Je laisse pousser les herbes spontanées au milieu des tomates, haricots et groseilliers que l'on voit sur cette photo
Je laisse pousser quelques herbes spontanées au milieu des tomates, haricots et groseilliers que l’on voit sur cette photo

Laisser plus de place à la nature sauvage dans le potager, c’est gagnant-gagnant car un équilibre naturel va se créer en quelques saisons : les parasites et leurs prédateurs vont s’auto-réguler, et les légumes vont développer leurs propres défenses contre les maladies.

Mais la nature est parfois imprévisible et j’ai appris à l’accepter. Quand un “problème” survient, je réagis différemment, j’observe et j’accepte de ne pas tout contrôler.

Est-ce que quelques feuilles de salades trouées c’est la fin du monde ? Et plutôt que d’intervenir, ne vaut-il pas mieux laisser la nature se débrouiller toute seule ? Elle en est capable si on lui en laisse la possibilité !

Je suis curieux de savoir quelle place vous laissez à la nature dans votre jardin ?

Comment gérez-vous les herbes ?

Acceptez-vous de subir quelques pertes dans vos récoltes ?

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  • un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
  • ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
lm Général

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Réponses

Les commentaires :
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  1. Jean-Baptiste Rigaud (Aude (Limoux))

    je suis d’accord avec vos méthodes , j’ai fais pour la deuxième fois mon semis de carotte et j’ai les limaces (je suppose) me les mange au fur et à mesure .quelles méthodes faut t’il appliquer ? Cdlt

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Jean-Baptiste,
      Pour ma part je mets de l’anti-limace bio au phosphate ferrique. Il n’est pas toxique pour les autres animaux qui viendraient à l’ingérer.

      Avatar de nicolas
      1. Jean-Baptiste Rigaud (Aude (Limoux))

        Merci

  2. DOM (Vaucluse / Drôme)

    J’aime beaucoup cet article qui m’invite à en faire autant car j’aime la diversité au jardin.
    A présent je vais essayer le greffage d’une branche d’olivier qui pousse en bas de arbre.
    J’aimerai savoir si je peux la greffer sur un prunier sauvage qui donne des fruits acides et qui sont presque immangeables ? et si oui, est ce le bon moment (fin décembre) pour le faire ?

  3. Christine (Sud Deux-Sèvres)

    Merci Nicolas pour ces précieux conseils que je retrouve également dans certains livres. Cela me conforte dans l’idée de laisser la nature tranquille. J’ai un petit potager (50m2), en ville (Sud Deux-Sèvres) et mon but est d’avoir des légumes toute l’année. C’est difficile car j’ai souvent des planches de légumes encore productives au moment où je pourrai semer ou planter des légumes pour l’hiver. Jusqu’à présent, je n’osais pas trop serrer les légumes mais en fait, je pense que ce n’est pas un réel problème. Je vais faire des tentatives l’an prochain. Merci et bonnes fêtes à vous.

  4. Geneviève (Charente au sud d'Angoulême)

    Merci article très efficace et qui enseigne beaucoup de choses finalement très evidentes que les anciens pratiquaient aussi : laisser vivre la Nature sans la contraindre.
    Joyeuses Fêtes

  5. Nicole (Val-de-Bagnes-Valais-Suisse)

    Bonjour Nicolas, merci pour cet article, qui résume bien les différents cours que j’ai acheté chez vous et qui m’ont rendu vraiment service. J’ai un jardin de 100m2, dans les alpes suisses, à 1300m d’altitude, depuis 36 ans, je l’ai toujours cultivé en bio et je pense que je devais avoir la première greniette de la région. Avant vos précieux cours, je piétinais la terre, et même si nous avons toujours eu de très beaux légumes, maintenant, j’ai appris à davantage respecter la terre en faisant des allées entre les plates-bandes. Nous sommes dirigés vers le sud et le climat est très sec. Mon seul problème est liée à l’arrosage. Sous la couche de paillis, la terre est parfois desséchée et j’aurais vraiment de la difficulté à installer un arrosage automatique. J’ai pensé à ces pots que l’on met dans la terre, mais c’est très onéreux. Combien devrais-je en mettre dans un bande de 1m sur 3m ? Encore merci pour vos conseils et bonnes fêtes de fin d’année 🌺

    1. nicolas (Toulouse)

      Bonjour Nicole,
      Je n’ai jamais essayé les oyas mais je compte le faire cette année. D’après les données fabricants, un oya de 5 l est capable d’humidifier la terre jusqu’à une distance de 30 cm tout autour de lui. Et pour un modèle de 10 l, c’est 50 cm. Donc en prenant des 10 l, il en faudrait un par mètre carré.

      Avatar de nicolas
  6. Nina K (Auvergne)

    C’est avec grand plaisir que je suis votre site et reçois toute les semaine la lettre de Potager durable.
    Depuis les 3 ans que je cultive un petit jardin de ville (80m2), n’ayant pas la possiblité de mettre du fumier, j’ai mis en pratique la méthode du sol couvert toute l’année avec compostage de surface. Que des bons résultats, génial !

  7. Yves (nord Occitanie)

    Je pratique le principe des forêts je ne touche pas la terre et vu mon âge la terre est trop basse je me penche que pour récolter .
    Pour les salades je les mélange avec des radis et du persil dans des bacs surélevés pour les avoir à portés de main .
    Merci pour toutes tes astuces et bonnes fêtes .

  8. Martine (Au Québec)

    YES ! Moi aussi je fais tout ce que vous faites :) et petit à petit mon jardin s’améliore. Merci.

    1. jeanlou (42640 (pres deRoanne ))

      C’est ainsi que je pratique depuis deux ans (grâce à tes conseils). Par contre j’ai abandonné le paillage car mon potager était devenu le restaurant et la chambre à coucher des campagnols ( j’habite en plaine campagne). Je couvre le sol avec des feuilles et le compostage de surface et les campagnols semblent en partie aller voir ailleurs . Merci pour la qualité de tes conseils.

  9. Scarlet (à 830 m d'altitude)

    Bonjour Nicolas, En gros je pratique comme vous, sans trop de desherbage et avec des mélanges de plants et plantations. Je ne mulche pas autant que vous parce que cela avait attiré beaucoup de ravageurs, et je n’ai pas commencé le compostage direct mais j’ songe sérieusement. La couverture de mon sol est en général simplement la récolte précédente terminée, comme les fanes de haricots nains, ou la prochaine récolte. En ce moment le jardin est couvert de chicorées qui sont montées en graines et se sont resemées. Grâce à vous j’ai un jardin plus productif et plus sain.

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