Cet article a été écrit par Yves (qui habite dans le Morbihan) et je le remercie d’avoir eu envie de partager tous les détails de son installation.
Vous allez découvrir comment il a réglé le problème de l’arrosage de son potager, avec un système d’irrigation automatique constitué de lignes de tuyaux goutte-à-goutte.
La fin de l’esclavage
Ne pas être esclave du potager, c’est à dire pouvoir partir quelques semaines en vacances sans mettre en péril toutes les plantations et :
- Arroser régulièrement, sans excès.
- Arroser délicatement chaque plan sans mouiller le feuillage et sans y passer toute la soirée plusieurs fois par semaine.
- Que chaque rang du potager soit indépendant, afin de pouvoir faire varier au cours de la saison les rangs à arroser, en fonction des impératifs de chaque culture.
Telles étaient les motivations pour concevoir un “arrosage automatique”.
Le potager est constitué de trois carrés de 5m X 4m chacun (60 m2). Le terrain à l’avantage d’avoir un puits profond et presque toujours alimenté.
Quelques impératifs pour la réalisation de l’arrosage :
- Utilisation de l’eau du puits (ou d’une citerne).
- Système fiable et robuste.
- Minimiser l’encombrement des tuyaux à même le sol.
- Gérer les zones d’arrosage et les débits.
Remarque de Nicolas : Il est tout à fait possible de raccorder un tel système à l’eau de ville. C’est ce que j’ai fait chez moi.
Principe de distribution
Une pompe tire l’eau du puits.
La distance entre le puits et l’espace potager est de
30 m. Le raccordement entre la pompe et le point de départ du réseau enterré est réalisé par un tuyau d’arrosage (1) standard gros diamètre, tiré sous la haie (pas le courage de faire une tranchée de 30 m).
Sur la surface du potager tous les tuyaux de distribution d’eau sont enterrés. Deux canalisations par parcelle sortent de terre pour constituer des points de départ d’irrigation (2) à (9).
Pour chaque parcelle deux tuyaux sortent de terre sur lesquels est raccordée une lyre de distribution via un robinet d’arrêt. Chaque parcelle est donc divisée en 8 parties irriguées par des tuyaux fixés au sol. Espace entre chaque tuyau d’irrigation : 60 cm environ.
Chaque point d’arrosage est constitué;
• d’un té de dérivation (souterrain),
• d’un tuyau vertical sur lequel est raccordé un robinet.
Sur ce robinet est vissée une lyre de répartition comprenant 4 départs d’arrosage. Sur chaque départ est vissé un tuyau de cuivre duquel part la canalisation pour l’irrigation des plans.
La jonction entre le gros tuyau d’arrosage et le réseau enterré
se fait par la pose d’un coude et d’un robinet d’arrêt général.
Remarque de Nicolas : Mon installation est un peu plus simple : pas de “lyre” ni de robinets, toutes les lignes sont actives en même temps.
Réalisation concrète de la distribution
Une tranchée de profondeur de 40 à 50 cm part du point (1) et distribue les 3 parcelles du potager. Dans cette tranchée est posé un tuyau utilisé pour les
canalisations d’eau potable en polyéthylène haute densité 16 bars Diamètre 20 mm (30 m).
Ce tuyau enterré est protégé par une gaine TPC bleu Diamètre 40 mm.
Les dérivations horizontales et verticales des tuyaux enterrés sont réalisées avec des tés en bronze.
Ces dérivations verticales constitueront des points d’eau permettant les départs pour les canalisations d’irrigation.
Protection du tuyau souterrain
Sous terre le té est protégé par un morceau de tube PVC fendu, percé dans lequel est injectée de la mousse polyuréthane. Le té, le tuyau d’eau et les tuyaux PVC sont pris dans cette mousse.
Pour assurer une certaine rigidité au fond du trou, un mortier est coulé par dessus le tout.
Le tuyau PVC sort de terre d’environ 35 cm. Le tuyau d’eau est coupé à 3,5 cm du tube PVC.
Remarque de Nicolas : J’ai personnellement utilisé du tuyau pour arrosage enterré de pelouse (diamètre 32 mm), avec les raccords en plastique qui vont avec. Vu l’épaisseur du plastique, c’est très résistant et il n’y a pas besoin de protection supplémentaire.
Le tuyau d’eau se coupe relativement bien avec un cutter.
D’abord piquer l’extrémité pointue du cutter dans le tuyau pour le traverser sur quelques mm.
Puis donner une force sur l’extrémité du tuyau pour le courber légèrement. Avec la lame couper perpendiculairement à la courbure. La coupure est ainsi propre, sans bavure.
Être très prudent car le cutter risque de déraper. Tenez vous bien à l’écart de la lame, dégager bien les jambes du tuyau.
Poser à l’extrémité du tuyau d’eau ainsi coupé un raccord laiton femelle 15×21 – D: 20 mm
Attention: Avant de positionner l’écrou sur le tuyau, prendre soin d’enrouler un fil de fer
autour du tuyau pour empêcher l’écrou de tomber dans le tube PVC. Il serait alors difficile de le récupérer ! (histoire vécue)
Visser ensuite le robinet sur le raccord femelle.
Deux points d’eau par carré sont ainsi sortis de terre soit un total de 6 robinets.
Le système d’irrigation
Sur chacun de ces robinets sont vissées des lyres de répartition.
Depuis cette lyre de répartition part chaque tuyau d’arrosage qui sert à l’irrigation des plantes.
2 solutions sont possibles :
1) Utiliser un tuyau semi rigide Ø extérieur 15 mm Diamètre intérieur 11,5 mm connecté directement sur chaque sortie de la lyre. Dans ce cas il faut utiliser un adaptateur.
2) Créer de grands coudes en cuivre vissé sur chaque sortie de la lyre. Dans ce cas le même tuyau semi rigide s’emmanche directement dans le tuyau de cuivre. Cette solution impose un savoir faire en plomberie, elle facilite la mise en œuvre des tuyaux d’irrigation.
Remarque :
La première année j’ai percé les tuyaux d’irrigation au sol avec un forêt de Ø 4mm. Un trou tous les 50 cm environ. Pour raccorder le tuyau d’arrosage à la pompe et au robinet d’arrêt général, j’utilisais des raccords rapides clipsables. Le résultat n’était pas satisfaisant, la parcelle la plus éloignée était mal irriguée (perte de charge, débit des trous variable) . Il a fallu améliorer ce dispositif
L’irrigation (nouvelle version)
Réalisée en Tuyau Ø 13 mm Micro-Drip, 30 m.
Le tuyau est emmanché à force dans le tube en cuivre. Puis déroulé sur la largeur de la parcelle. Il est maintenu au sol par des crochets ou des ou piquets en bois réalisés avec des petites branches.
Tous les 50 cm environ, le tuyau est percé.
Les trous pratiqués avec un forêt étaient mal calibrés et ces percements généraient des bavures. Résultat les débits n’étaient pas les mêmes d’un trou à l’autre ce qui avait pour effet de déséquilibrer l’irrigation. Certains trous ont un débit important au détriment d’autres qui ne laissent plus passer l’eau.
Il faut un calibrage de chaque trou régulier.
J’ai trouvé la solution dans le commerce. Il s’agit d’un goutteur qui se clipse sur le tuyau.
• Réalisation du trou avec l’outil de perforation adapté
• Clipsage à force du goutteur sur le tuyau.
Cette solution équilibre parfaitement les débits de chaque trou. J’ai utilisé un goutteur calibré à 4 l/h.
Remarque de Nicolas : Il existe des tuyaux avec goutteurs incorporés (tous les 50 cm ou 33 cm). L’avantage, c’est que rien ne dépasse et que les goutteurs ne risquent pas de s’arracher lors de manipulations. Autre possibilité : les tuyaux poreux qui laissent “suinter” l’eau sur toute leur longueur.
. J’ai également supprimé tous les raccords pour faire une liaison directe entre la pompe et le robinet d’arrêt général. De cette façon toute l’irrigation sur les trois parcelles fonctionne parfaitement.
Une autre solution de distribution :
A partir d’un robinet de parcelle, faire circuler le tuyau d’irrigation en boucle fermée sur la parcelle. Cette solution à pour avantage d’éviter l’utilisation de lyre et permet un équilibrage parfait des pressions sur chaque trou d’irrigation. Il faut pour cela utiliser un tuyau relativement souple. L’inconvénient est l’encombrement du tuyau sur la parcelle et l’impossibilité de gérer l’irrigation ligne par ligne.
A la sortie du robinet réaliser un té qui recevra les deux extrémités du tuyau.
Choisir la pompe
La pompe est raccordée à l’électricité au travers d’un programmateur hebdomadaire ordinaire. Bien sur, ce dispositif est protégé de la pluie. Il faut une pompe auto-amorçante, automatique, avec interrupteur manométrique.
Remarque de Nicolas : Si on se raccorde à l’eau de ville, ce n’est pas un programmateur électrique qu’il faut mais une vanne programmable, installée juste après le départ d’eau. On en trouve à partir de 19 €. Après avoir eu des déboires avec les grandes marques, je ne prends plus que du 1er prix, qui me donne entière satisfaction.
Capacité d’une pompe (Hauteur manométrique)
Disons qu’il s’agit de la hauteur (totale) d’élévation possible pour la pompe. Cette hauteur théorique communiquée par le constructeur ne tient pas compte des pertes de charge induites par l’installation. il s’agit des pertes de charge moyennes dans les canalisations qui sont fonction de la section et de la nature de la canalisation mais également fonction du nombre et du type de raccords (coudes, tés, jonctions) présents le long de la canalisation. Pour des installations de petite taille et relativement simples, on évalue les pertes de charge à 0.1 x longueur (m) de canalisation.
Aux caractéristiques données par le constructeur il faudra déduire cette perte de charge. Afin de minimiser ces pertes de charge, le tuyau en sortie de pompe jusqu’au point de distribution doit être le plus gros possible (Ø 25 intérieur, Ø 32 extérieur) sans raccord intermédiaire.
Dans mon cas, à titre d’exemple:
La longueur du tuyau est de 30m. La perte de charge est de : 30×0.1=3 m
H = 5 m en moyenne (la hauteur d’eau du puits varie de 1 à 10 m)
Donc, la hauteur totale à considérer pour la pompe est de 8 m.
La lecture de ce graphique indique que pour 10 m de hauteur le débit fourni serait de 2,8 m3/h environ. Soit : 2800 l/h
Les goutteurs étant calibrés pour 4 l/h il serait en théorie possible d’alimenter 700 goutteurs.
J’ai environ 10 goutteurs par ligne, 24 lignes donc 240 goutteurs.
Si les trous sont bien tous qualibrés la pompe actuelle suffit.
Pour 10 m de hauteur d’eau la pression à fournir par la pompe est de 1 bar. La pompe est donnée pour un pression maxi de 4,2 b. La pression disponible à la sortie est donc en théorie de 4,2 – 1 = 3,2 b.
Les goutteurs sont prévus pour une pression maxi de 1,5 b. Il faudrait installer un réducteur de pression.
Pour réduire cette pression je diminue le débit à l’aide du robinet d’arrêt général. Je l’ouvre jusqu’à ce que tous les goutteurs des parcelles coulent. Ainsi, circuit ouvert, l’effet de la pression diminue.
Quelques photos pour finir
Un grand merci à Yves pour ce retour d’expérience très détaillé.
Si vous avez des questions, posez-les dans les commentaires et Yves et moi tâcherons d’y répondre.
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