Dans les jardineries, on voit chaque année de plus en plus de plants greffés proposés à la vente, à des prix 4 ou 5 fois plus chers qu’un plant normal. Les plants greffés, en théorie, ça promet des récoltes plus abondantes tout en gardant le même nombre de plants. Ou alors si l’on n’a pas beaucoup de place, on peut en gagner encore en plantant moins de plants de tomates pour la même quantité récoltée. Il ne faut pas oublier non plus que la greffe peut aussi permettre d’avoir des pieds de tomates plus résistants aux maladies.
Mon essai de l’année dernière avec des plants du commerce avait donné des résultats prometteurs (j’ai récolté le double du poids). Vous pouvez relire les détails dans cet article. J’ai donc voulu refaire l’essai cette année à plus grande échelle.
Et comme j’aime bien expérimenter, je me suis dit pourquoi ne pas greffer mes tomates moi-même ?
Un peu de vocabulaire
Quand on fait une greffe, ils y a toujours deux parties : le porte-greffe et le greffon.
Pour les tomates, le porte-greffe c’est la moitié qui possède les racines et le greffon c’est la partie qui possédera les tomates.
Les variétés choisies
Pour le porte-greffe, j’ai commandé par correspondance des graines de ‘Groundforce F1’ que j’ai semées en même temps que toutes mes autres tomates, le 12 mars.
Comme greffons, j’ai prévu de prendre les trois variétés suivantes qui sont de grandes classiques parmi les variétés anciennes, et parce que je les apprécie beaucoup pour leur goût très fin : ‘Rose de Berne’, ‘Noire de Crimée’ et ‘Andine Cornue’.
Les différentes techniques de greffe
Je ne vais pas détailler ici les différentes techniques pour greffer les tomates, si ça vous intéresse, elles sont décrites dans cet excellent article.
J’ai décidé d’utiliser la technique dite ‘greffe à l’anglaise’ aussi appelée parfois ‘à la japonaise’ parce que c’est la plus simple à réaliser : on coupe simplement les tiges du porte-greffe et du greffon et on les maintient en contact à l’aide d’un petit clip en silicone.
La seule contrainte, c’est que le diamètre des deux tiges doit être le même.
À quel moment faire la greffe ?
Mes clips sont prévus pour des tiges de 2,5 mm. Donc le bon moment pour faire l’opération, c’est quand les tiges du porte-greffe et du greffon ont atteint ce diamètre.
Ce qui s’est produit sur mes plants à peu près trois semaines après la germination des graines.
Mais il se trouve que tous les plants n’ont pas poussé à la même vitesse, certaines variétés étant plus vigoureuses que d’autre. En particulier les porte-greffes ont grossi légèrement plus vite (et heureusement car c’est leur boulot !). Si c’était à refaire, je les sèmerais avec une semaine de retard par rapport aux greffons.
Le jour de l’opération, c’est le grand moment
Il faut un minimum d’organisation pour ne pas se mélanger entre les plants qui vont donner les greffes et ceux qui vont les recevoir. J’ai utilisé bien sûr la technique de la bouteille pour semer tous mes plants et j’ai soigneusement écrit au marqueur les noms des différentes variétés sur les bouteilles.
J’ai désinfecté les clips de greffage ainsi que la lame de rasoir qui me servira à faire une coupe facile et nette.
À quelle hauteur doit être le point de greffe
Il faut absolument éviter, une fois que les plants de tomates seront plantés au potager, que la tige du greffon soit recouverte de terre, car elle se mettrait à émettre des racines et ce n’est pas le but recherché : seul les racines du porte-greffe doivent alimenter le plant.
Et comme les plants de tomates se plantent assez profond, toujours dans le but d’avoir un plus grand système racinaire, le point de greffe ne doit pas être situé trop bas.
Et pour rentrer dans mes clips, les deux tiges doivent faire 2,5 mm de diamètre.
Sur mes porte-greffes, le bon endroit se trouve à environ 1 cm au-dessus des cotylédons (les deux premières petites feuilles du plant). Et sur mes greffons, ce sera au ras des cotylédons.
L’opération en elle-même
La manipulation doit être précise et rapide, il ne faut pas trembler. Lorsque je me suis renseigné sur la technique, certains préconisent de faire la coupe en biais à 45 degrés, d’autres disent que ça a peu d’importance et qu’une coupe horizontale marche aussi bien. Ce que j’ai fait car je suis un adepte de la simplicité.
Donc la manipulation est la suivante : on coupe le porte-greffe avec la lame de rasoir, on positionne le clip en silicone, on coupe le greffon et on vient l’insérer dans le clip jusqu’à ce que les deux parties soient bien e contact.
Et comme je sème toujours trois graines par bouteille, les autres tiges des variétés anciennes vont continuer de pousser et ces plants me permettront de comparer les récoltes avec les plants greffés.
L’erreur que j’ai faite et qui a failli me coûter la vie d’un plant
Ce premier plant terminé, j’ai voulu souffler un peu (on ne s’improvise pas chirurgien comme ça !) et je l’ai laissé sur la table. À mon retour un quart d’heure plus tard, le greffon faisait une triste mine. Et c’est normal car n’étant plus alimenté par la sève, le feuillage commençait à se dessécher sérieusement !
J’aurais dû le mettre sans attendre dans ce qu’on appelle une enceinte de confinement.
Qu’est-ce que l’enceinte de confinement
Juste après la greffe et pendant un certain temps, les plants greffés doivent absolument rester sous une forte humidité et à l’abri de la lumière directe, sous peine de dessécher puis de mourir.
C’est pour cela qu’on les maintient dans une enceinte de confinement. C’est un bien grand mot car chez moi, j’ai simplement pris une caisse plastique translucide assez haute avec son couvercle.
Pour maintenir beaucoup d’humidité à l’intérieur, je laisse en permanence un fond d’eau (mais les bouteilles sont sur un socle pour ne pas tremper dedans) et je brumise quotidiennement les plants et les parois de la caisse.
Et je n’y croyais pas mais le plant qui avait souffert s’est requinqué et va parfaitement bien aujourd’hui.
La suite des événements
Il faut attendre que la greffe prenne sur chacun des plants, ce qui devrait prendre 4 à 5 jours. Puis je vais diminuer progressivement les brumisations et les acclimater petit à petit à la lumière. Leur séjour dans l’enceinte de confinement devrait durer une dizaine de jours.
Je vous tiendrai bien sûr au courant sur le blog.
Je suis curieux de voir le taux d’échec de ces greffes. En tout j’en ai fait six, deux de chacune des variétés citées plus haut.
Et vous, avez-vous déjà essayé de greffer des tomates ?
Quel a été votre taux de réussite ?
À quoi attribuez-vous les pertes ?
Tous les dimanches matin, recevez mes conseils de saison dans votre boîte mail
Parce que ce n’est pas facile de réussir son potager naturel à tous les coups, je prépare pour vous chaque semaine :
- un article pratique où je vous apprends une nouvelle technique de culture que vous pourrez appliquer chez vous,
- ou une vidéo qui vous montre ce qui pousse maintenant dans mon potager (y compris les ratages et les leçons à en tirer).
Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer ma lettre d’information.
Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement figurant au bas de mes emails.
Voir la politique de confidentialité.